Cosmofobia - Couverture souple

Etxebarria, Luc�a

3,34

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Couverture souple

ISBN 10 : 2264045949 ISBN 13 : 9782264045942

Editeur : 10 X 18, 2008

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416pages. poche. Broch�.

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Extrait :

Mon amie M�nica m'a souvent racont� cette anec�dote, par laquelle j'ouvre ce livre d'histoires entre�crois�es.

Au d�but des ann�es quatre-vingt, alors qu'elle �tait encore au lyc�e, elle avait pour ami et camarade de classe un homosexuel qui n'�tait pas sorti du placard ni m�me encore pass� � l'acte. Sa famille comme ses amis ignoraient tout de ses penchants, et il n'avait r�v�l� son secret � M�nica qu'au terme de semaines enti�res de malentendus, apr�s avoir ingurgit� des litres d'alcool. Un soir, Aritz supplia son amie de l'accompagner dans les bars de Chueca, ces antres qu'il ne connaissait pas mais dont il se faisait une petite id�e pour avoir lu dans une revue des allusions � la client�le (il faut se rappeler qu'il n'y avait alors ni Internet, ni r�pondeurs, ni t�l�phones portables, et que le mot gay n'existait pas, encore moins le concept de gay pride), de sorte qu'ils �chou�rent dans un bar branch� o� M�nica �tait la seule fille. Elle n'avait m�me pas dix-sept ans, et donc pas le droit de boire de l'alcool. Aritz engagea la conversation avec un tr�s beau mec, et M�nica, livr�e � elle-m�me et mal � l'aise, se cramponna au comptoir lorsqu'un jeune homme rondouillard, au nez en patate et aux cheveux fris�s, l'aborda. Elle se dit qu'il devait �tre tout aussi seul qu'elle, car �tant donn� son physique ingrat, personne ne faisait attention � lui. Ils se mirent � parler cin� et musique, et le jeune homme finit par lui proposer de la raccompagner chez elle. Si elle n'avait pas l'�ge de boire, elle avait assez d'exp�rience pour comprendre que la proposition ne dissimulait aucune arri�re-pens�e. Devant son immeuble, il lui dit qu'il avait �crit le sc�nario d'un long m�trage et qu'il cherchait une jeune fille pour tenir le r�le d'une certaine Bom, avant de lui donner son num�ro de t�l�phone, griffonn� sur un bout de papier qu'elle jeta une fois rentr�e chez elle. Le r�le de Bom fut finalement interpr�t� par Alaska, alias Olvido ; le gar�on �tait Pedro Almodovar.
L'histoire est-elle v�ridique ou non ? Peut-�tre Pedro Almodovar, s'il lit un jour ces lignes, soutiendra-t-il mordicus qu'il a �crit le r�le de Bom en pensant � Olvido et uniquement � Olvido, et qu'il ne lui serait jamais venu � l'id�e de l'offrir � une autre femme. Mais ce qui est certain, c'est que la m�moire est capricieuse : n'ai-je pas ni� avec une conviction aussi ferme qu'absolue avoir commis certains actes - un strip-tease sur un comptoir de bar, par exemple - dont je n'avais aucun souvenir, alors que d'innombrables t�moignages assuraient que j'avais �t� l� o� je croyais n'avoir jamais �t� et avais fait ce que je ne me rappelais pas avoir fait ? Il semble que nous ne nous souvenions que de lieux o� nous n'avons jamais mis les pieds, d'actes que nous n'avons pas commis et d'histoires d'amour que nous n'avons pas v�cues, car notre interpr�tation a posteriori alt�re toujours le fait originel : la m�moire n'est qu'une fa�on de g�rer l'oubli. Les chausse-trapes de la m�moire sont les ingr�dients de tout r�cit, qui se nourrit davantage de ce que nous croyons nous rappeler que des faits eux-m�mes.
Si M�nica n'avait pas jet� le bout de papier avec le num�ro de Pedro, serait-elle devenue une actrice c�l�bre ? Car sont finalement rest�es dans la m�moire col�lective Marisa Paredes, Victoria Abril, Carmen Maura ou Bibi Andersen, mais qui se souvient de Cristina S�nchez Pascual (actrice principale de Dans les t�n�bres), de Concha Gr�gori (qui jouait dans Pepi, Luci, Bom et dans Labyrinthe des passions) ou d'Eva Siva (interpr�te de la Luci qui donnait son titre au film) ? Nous pourrions �crire une histoire alternative, dans laquelle M�nica dirait oui et aurait le r�le-titre. Et cette histoire pourrait bifurquer sur deux d�nouements : une fin heureuse, o� M�nica acc�de au rang de star inter�nationale, et une autre, moins heureuse, o� M�nica accepte le r�le mais, prisonni�re des oripeaux et du ver�nis trompeur de la modernit�, et d�pourvue de la matu�rit� suffisante pour affronter les al�as de la notori�t�, finit h�ro�nomane, comme tant de jeunes des ann�es quatre-vingt pour qui trop ne fut jamais assez.

Revue de presse :

Prenez un quartier populaire de Madrid, Lavapi�s, et observez au t�lescope ce qu'il s'y trame, comment on y tombe amoureux, �l�ve ses enfants, rompt ses fian�ailles. Derri�re ce labyrinthe de vies et de personnages, d�m�lant l'�cheveau de leurs sentiments, il y a un auteur, Lucia Etxebarria. Depuis Amour, Prozac et autres curiosit�s, cette romanci�re � succ�s darde sa plume comme un fleuret, pour traiter avec impudeur et truculence de l'amour, du d�samour et des �ternels va-et-vient de la m�lancolie...
� travers ces portraits, Etxebarria nous dresse un catalogue �pic� de toutes ces pathologies qui poussent sur les trottoirs des villes comme du chiendent. Sans mis�rabilisme, mais avec du nerf et du rire. (Astrid Eliard - Le Figaro du 26 avril 2007 )

Lucia Etxebarria fait corps avec ses personnages. On sent qu'elle conna�t bien son petit monde, l'�coute, s'en inspire, avec empathie. Et m�me amour... Il en est ainsi des �crivain(e)s de talent, ni tout � fait dedans ni tout � fait ailleurs...
Pour Lucia Etxebarria, les �autres sont un je�... C'est d'ailleurs l'accroche de ce roman d'actualit�. Puisqu'il y est question d'immigration, d'int�gration, de m�tissage... et des difficult�s � vivre ensemble, avec nos diff�rences...
�Cosmofobia� est un roman d'autofiction, en forme de recueil de nouvelles, qui d�crit une farandole de personnages. Lesquels s'entrecroisent, comme dans la vie, comme dans certaines rues, certaines tranches de vie, certains chapitres... Celui sur la t�l�op�ratrice, fauch�e et exploit�e, est passionnant. Pour elle aussi, les histoires d'amour finissent mal... en g�n�ral. Le truc de Lucia Etxebarria, c'est d�cid�ment l'amour. Son pr�c�dent livre (�Ya no sufro por amor�), � para�tre chez H�lo�se d'Ormesson en 2008, s'est hiss� en quatre jours sur la liste des meilleures ventes espagnoles (Guillaume Ch�rel - Le Point du 3 mai 2007 )

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