Extrait :
À l'intention de :
Son Excellence Wen Jiabao
Cabinet du Premier ministre
Pékin
Capitale de la Chine, nation éprise de liberté.
De la part du :
«Tigre blanc»
Intellectuel
Entrepreneur
Résidant dans le centre mondial de la technologie et de l'externalisation
Electronics City Phase I (sis Hosur Main Road)
Bangalore, Inde.
Monsieur le Premier ministre,
Ni vous ni moi ne parlons l'anglais, cependant certaines choses ne peuvent se dire que dans cette langue.
L'ex-femme de mon ex-employeur le défunt M. Ashok, Pinky Madam, m'a appris l'une d'elles. Et, ce soir, à 23 h 32 il y a dix minutes, les mots me sont venus tout naturellement à l'esprit, quand j'ai entendu la présentatrice de All India Radio annoncer : «Le Premier ministre Jiabao se rendra à Nangalore la semaine prochaine.»
En vérité, j'utilise cette expression chaque fois que de grands hommes, dont vous êtes, visitent notre pays. Je n'ai rien contre les grands hommes. À ma manière, monsieur, je me considère même comme l'un des vôtres. Mais, dès que je vois notre Premier ministre et ses distingués acolytes se rendre à l'aéroport en limousine noire, faire des salutations - des namastés, comme on dit chez nous - devant les caméras de télévision, et expliquer combien l'Inde est morale et angélique, je ne peux m'empêcher de prononcer ces paroles en anglais.
Car vous allez bientôt visiter notre pays, n'est-ce pas, Votre Excellence ? En général, pour ce genre de nouvelles, on peut se fier à notre radio nationale.
Je plaisante, monsieur.
Ha !
Revue de presse :
Né à Madras en 1974, aujourd'hui installé à Bombay, Aravind Adiga est en effet un sacré trouble-fête, et son Tigre blanc se pare des pires noirceurs pour dépeindre l'envers de ce «miracle économique indien» dont parlent les amateurs de clichés...
C'est le portrait d'un Rastignac oriental que brosse Adiga dans ce conte sulfureux qui fustige les archaïsmes religieux et la corruption affairiste d'un pays «où l'on gagne à jouer sur les deux tableaux, car l'entrepreneur indien doit être à la fois loyal et véreux, sincère et sournois». (André Clavel - L'Express du 12 novembre 2008 )
Aravind Adiga livre un premier roman brillant et incisif qui met au jour les dysfonctionnements de la «plus grande démocratie du monde». Cinquième auteur indien à recevoir le Booker Prize, ce journaliste de 34 ans qui a étudié à Columbia et à Oxford s'inscrit dans la lignée de Naipaul, Salman Rushdie, Arundhati Roy et Kiran Desai. Prometteur (Émilie Musset - Le Point du 18 décembre 2008 )
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