Revue de presse :
Que fait-on lorsque, de part et d'autre, on pense avoir gaspillé quinze ans de son existence, prisonnier de "la salle d'attente de sa propre vie" ? Le temps qu'un homme a gâché dans l'alcool est-il équivalent à celui qu'une femme a perdu à ne pas avoir d'enfant ? Ces e-mails secrets dessinent une savoureuse forme d'e-adultère. Les choses se compliquent lorsqu'un voyage du chanteur à Londres lui offre l'occasion d'une rencontre avec Annie. Que se passe-t-il lorsqu'un mythe évanescent s'incarne dans une station balnéaire désolée, et qu'une star underground rencontre une ménagère de moins de 50 ans ? Nick Hornby est frotté de mythologie rock'n'roll, pleine de héros disparus et de destins fracassés. Ce livre prouve que les stridences du rock ne sont pas ennemies d'une certaine nuance dans l'expression des sentiments. Nick Hornby l'a écrit. (Marc Lambron - Le Point du 5 mai 2010 )
Nick Hornby écrit sur la musique comme personne. Il la rend vivante, charnelle, indispensable, romanesque. Elle traduit ici la fragilité des relations, la place que l'art tient dans nos vies, ce que c'est que la célébrité, l'amour qui perd de sa magie, de mois en mois. Mails, titres de chanson, paroles où l'on devine des emprunts à Curtis Mayfield, des références à Baudelaire, Hornby fait de son rocker un personnage si réel qu'on a envie d'aller au magasin Virgin le plus proche réclamer Juliet en CD. Son humour n'a pas bougé d'un iota. S'y greffent aujourd'hui de la nostalgie, de l'émotion, une douce cruauté. (Eric Neuhoff - Le Figaro du 6 mai 2010 )
On rit beaucoup à la lecture de Juliet, naked, qui conjugue l'humour et le regard social ironique sur une génération accrochée à sa jeunesse pour l'éternité. Mais le roman vaut également pour l'habileté avec laquelle Nick Hornby capture l'air du temps en mêlant farce et mélancolie. Il n'est pas méchant, plutôt attendri par ces vieux gosses pendus à leurs souvenirs et qui rêvent d'un éternel retour. Il est au meilleur de son talent lorsqu'il souligne la force de la musique et des chansons sur notre mémoire sentimentale. (Christine Ferniot - Lire, mai 2010 )
A travers les mails et les déboires d'un couple à la dérive, l'Anglais Nick Hornby dissèque le quotidien de ses contemporains...
Sur ce canevas, Hornby, qui s'est fait connaître grâce à ses romans sur la pop (Haute Fidélité) et le foot (Carton jaune), déroule une oeuvre agréable, fluide, mais sans aspérités, sur les fissures des couples quarantenaires. On frise parfois le sujet "sociétal"...
Mais Hornby est un romancier malin apte à restituer les émotions tout en non-dit qui traversent les familles recomposées ou s'interroger sur l'inanité qu'il y a à traquer un énième bootleg d'un vague concert en Oklahoma de son idole déchue. Bref, un roman parfaitement dans l'air du temps. (Jérôme Dupuis - Lire, juillet 2010 )
Extrait :
Ils étaient venus d'Angleterre jusqu'à Minneapolis pour visiter des toilettes. La vérité pure de ce fait ne frappa Annie qu'une fois sur place : excepté les graffitis sur les murs, dont certains faisaient allusion à l'importance de ces toilettes dans l'histoire de la musique, l'endroit était froid et humide, chichement éclairé, malodorant et parfaitement banal. Les Américains avaient le don pour tirer le meilleur parti de leur héritage, mais là, il n'y avait pas grand-chose à en tirer.
«Annie, tu as l'appareil photo ? demanda Duncan.
- Oui. Mais tu veux faire une photo de quoi ?
- Eh bien, tu sais...
- Non.
- Eh bien... les toilettes.
- Quoi, les... Comment on appelle ça ?
- Les urinoirs. Ouais.
- Tu veux être sur la photo ?
- Je devrai faire semblant de pisser ?
- Si tu veux.»
Duncan se posta donc devant l'un des trois urinoirs, celui du milieu, plaça les mains de façon convaincante devant lui, et sourit à Annie par-dessus son épaule.
«C'est bon ?
- Je ne sais pas si le flash a marché.
- Prends-en une autre. Ce serait idiot d'avoir fait tout ce chemin et de ne pas en avoir une bonne.»
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