Extrait :
Dacha lâcha un gros soupir et se renversa sur la banquette.
- Plus la peine de vous dépêcher, je n'arriverai pas à l'heure, dit-elle au dos du chauffeur.
- Un coup faut que j'accélère, un coup y faut plus, grommela l'homme. Elle sait pas ce qu'elle veut.
- J'espérais faire la surprise à mon mari avant qu'il parte à son travail, mais il est déjà tard. Il ne quitte jamais la maison après 8 heures.
- Qu'est-ce que j'y peux si le matin y a des bouchons partout, répondit le chauffeur avec philosophie. C'est quoi le problème ? Vous n'avez pas vos clés ?
- Si, si, je les ai, le rassura Dacha.
- Alors, c'est qu'i vous manquait. Maintenant il faudra patienter jusqu'à ce soir.
Ce chauffeur de taxi était un brave homme. Il faisait sincèrement de son mieux pour avancer plus vite, mais Dacha n'appréciait pas beaucoup sa familiarité. Aussi mit-elle un terme à leur petite conversation.
Évidemment, Igor était déjà parti au travail. Depuis deux ans qu'ils vivaient ensemble, pas un jour il n'avait franchi le seuil de leur appartement après 8 heures. Finalement, ce n'était pas plus mal qu'ils ne se retrouvent que dans la soirée. Dacha n'aurait pas voulu que son mari la voie telle qu'elle était maintenant, échevelée et dans une robe toute fripée. Elle avait voyagé dans un compartiment de seconde classe, car il ne restait plus de place en voiture-lit. L'endroit était bruyant, surchauffé, et sur la couchette du dessous, un enfant avait pleurniché pendant tout le trajet.
Son billet de retour avait bien entendu été acheté à l'avance, Igor s'en était occupé quand Dacha était partie chez sa mère une semaine auparavant. Mais au bout de trois jours à peine, Saint-Pétersbourg avait commencé à terriblement lui manquer. Sa mère s'en était vexée. Elles ne s'étaient pas revues depuis trois ans, sa fille aurait quand même pu faire l'effort de rester un peu plus longtemps. Mais Dacha lui avait confié la garde de Mitka et s'était rendue à la gare, où elle avait échangé sa réservation contre un billet de seconde classe, la seule place encore disponible.
Pendant tout le voyage, elle s'était inquiétée pour Igor. Se nourrissait-il correctement ? Avait-il du linge propre ? La solitude ne lui pesait-elle pas ? Prenait-il le temps d'avaler un petit déjeuner le matin ?
Finalement, ce retard l'arrangeait. En arrivant chez eux, elle appellerait son mari sur son portable, car Igor détestait les surprises. Cette réflexion la laissa perplexe. Où était-elle allée chercher qu'Igor ne serait pas content de la revoir ? Non, il serait forcément content. C'était juste qu'il n'aimait pas l'imprévu.
- Nous y voilà, fit le chauffeur. Rue Rostropovitch, quel numéro ?
Présentation de l'éditeur :
Dacha, trente ans, vit avec son second époux Igor et son fils Mitia une vie paisible et heureuse à Saint-Pétersbourg. Mais son existence chavire le jour où, de retour d'un court séjour chez sa mère, elle retrouve son appartement sens dessus dessous... Sa porte a été fracturée. Son appartement, cambriolé. Les voleurs ont emporté de l'argent, un manteau de fourrure, un magnétoscope, et surtout, un petit coffret en bois de palissandre qui appartenait à sa grand-mère et auquel elle était très attachée. Et comme si cela ne suffisait pas à son malheur, Igor montre de forts signes d'inquiétude depuis l'événement, et se révèle étrangement distant avec elle...
Entre un mari soudain violent, un inspecteur de police suspicieux et des voisins indélicats, Dacha décide de tirer l'affaire au clair. Mais au premier meurtre, sa vie de desperate housewife à la mode russe bascule dans la plus sombre des machinations...
Jusqu'où Dacha devra-t-elle aller pour lever le voile opaque qui a recouvert son existence ?
Derrière le pseudonyme de Natalia Alexandrova se cache un couple d'écrivains russes, auteurs d'une soixantaine de romans, qui occupent régulièrement les listes de best-sellers dans leur pays.
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