Extrait :
À la décharge d'Althalus, notons qu'il était dans une situation financière précaire et dans un état d'ébriété avancé quand il accepta de se charger du vol du Grimoire. Sobre et en possession d'une bourse dont il n'aurait pas vu le fond, il aurait posé davantage de questions au sujet de la Maison au Bout du Monde, et exigé d'en savoir plus sur le propriétaire du Grimoire.
Ce serait pure folie que de vouloir dissimuler la véritable nature d'Althalus, car ses défauts sont du bois dont on fait les légendes. Comme chacun le sait, c'est un voleur, un menteur, à l'occasion un assassin, un vantard de première et, plus généralement, un homme dépourvu d'honneur. Ajoutons que c'est un ivrogne, un glouton et un client assidu des dames de petite vertu...
À sa façon, ce mécréant est assez charmeur, malin et très amusant. Dans certains cercles, on chuchote que s'il le voulait, Althalus pourrait faire pouffer les arbres et éclater de rire les montagnes.
Mais ses doigts agiles sont encore plus déliés que sa langue, et l'homme prudent gardera toujours une main sur sa bourse pendant qu'il rit de ses plaisanteries.
Si loin que remontent ses souvenirs, Althalus avait toujours été un voleur. Il n'avait pas connu son père et ne se souvenait pas du nom de sa mère. Elevé parmi les voleurs dans les rudes territoires frontaliers, sa malice lui valut dès l'enfance d'être le bienvenu parmi ces hommes qui gagnent leur vie en transférant les droits de propriété de divers objets de valeur. En échange de ses plaisanteries et de ses histoires, les voleurs le nourrissaient et lui enseignaient leur art.
Althalus était assez malin pour avoir conscience des limites de chacun de ses mentors. Certains étaient des brutes épaisses qui s'emparaient par la force de ce qui les intéressait. D'autres, petits et secs, s'en remettaient à leur discrétion. Alors qu'il approchait de l'âge adulte, Althalus comprit qu'il ne serait jamais un colosse. À l'évidence, une carrure imposante ne faisait pas partie de son héritage génétique. Il réalisa également une chose : quand il aurait atteint sa taille définitive, il ne serait plus capable de se faufiler par de petites ouvertures pour s'introduire dans les endroits qui contenaient en général les choses intéressantes. Il serait de corpulence moyenne, mais se jura de ne jamais être médiocre. Comme il lui semblait que l'intelligence était supérieure à une force de taureau (ou à une discrétion de souris), il choisit de s'engager sur cette voie.
Au début, il acquit une modeste réputation dans les montagnes et les forêts qui bordent la civilisation. Les autres voleurs admiraient son esprit. Comme l'un d'eux l'affirma un soir dans une taverne de voleurs du Royaume de Hule : «Je jurerais qu'Althalus pourrait persuader les abeilles de lui apporter du miel, ou les oiseaux de pondre leurs oeufs dans son assiette à l'heure du déjeuner. Croyez-moi, mes frères, ce garçon ira loin.»
Présentation de l'éditeur :
Althalus, voleur expert et sans scrupules, accepte une curieuse mission que lui propose un homme en manteau noir : s'introduire dans la Maison au Bout du Monde pour récupérer le mythique grimoire de Deiwos. Après avoir subtilisé le manteau de son commanditaire - on ne se refait pas ! -, Althalus découvre bien vite l'étrange demeure. Selon Émeraude, une chatte qui parle, pas question qu'il ressorte avant d'avoir lu le grimoire, compris ses enseignements et imaginé un plan pour empêcher Daeva, le frère maléfique de Deiwos, de défaire le monde ! N'ayant jamais appris à lire, le pauvre garçon n'est pas sorti de l'auberge...
Premier volet d'un roman en deux parties qui met en scène un sympathique voleur devenu apprenti mage malgré lui. Aventures, magie et humour sont au rendez-vous !
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