Extrait :
Extrait de l'introduction :
Le bouddhisme n'est pas une religion au sens où on l'entend d'ordinaire en Occident. Les bouddhistes suivent bien l'enseignement du Bouddha, mais pas de la même manière que les chrétiens suivent celui du Christ. Le Bouddha ne s'est jamais considéré comme un Dieu et n'a indiqué à ses disciples aucune voie vers la divinité. Il n'a jamais prétendu détenir une vérité inaltérable et n'a demandé à personne d'accepter sa doctrine comme une marque de confiance ou comme un acte de foi. Au contraire, il a encouragé ceux qui souhaitaient s'engager sur le chemin spirituel qu'il avait lui-même parcouru de faire leurs propres expériences, en gardant ce qui leur serait utile et en abandonnant le reste. Voici ce qu'il déclarait il y a 2 500 ans au peuple des Kalamas, qui vivait dans le nord-est de l'Inde (l'actuel Népal) :
Ne vous contentez pas des ouï-dire, des traditions, des légendes, des enseignements transmis par les écritures, des conjectures, des raisonnements logiques, de l'évaluation des preuves, d'un goût particulier pour telle ou telle idée... ni même de la pensée : «Le moine est notre maître.» Quand vous vous dites en votre for intérieur : «Ces idées ne sont d'aucun profit... Une fois adoptées et mises en pratique, elles ne produisent que confusion et souffrance», alors renoncez-y. Quand vous vous dites en votre for intérieur : «Ces idées sont profitables», alors appliquez-les avec constance.
En d'autres termes, le but ultime annoncé par le Bouddha est le même pour tous les êtres vivants, à savoir l'expérience et la compréhension des Quatre Nobles Vérités, mais chaque homme, chaque femme et chaque enfant doit trouver son propre chemin pour l'atteindre. Ce qui réunit les bouddhistes au sein d'une communauté, ou Sangha, c'est la tolérance mutuelle parfois qualifiée d'amitié spirituelle. Des origines jusqu'à nos jours, la Sangha - le mot désignait initialement une communauté monastique - a été épargnée par les schismes violents, les luttes sectaires, les chasses aux sorcières et la persécution des hérétiques qui caractérisent l'histoire religieuse de l'Occident.
Le second lien entre les bouddhistes, c'est le respect que leur inspirent le Bouddha et son cheminement spirituel vers la vérité. Nous verrons que celui-ci implique un effort conscient, prolongé et maîtrisé. L'enseignement du Bouddha étant le reflet de ce chemin, il traite beaucoup moins de croyances que de comportements : comment mener sa vie ; comment cultiver les vertus et éviter les vices ; et, par-dessus tout, comment libérer, par le biais de la méditation, les trésors de sagesse et de compassion que nous recelons en nous. Ses préceptes et son exemple forment ainsi un véritable guide des itinéraires à emprunter et un manuel pour parvenir à la vérité sans l'aide de la foi ni du dogme. Selon cet enseignement, l'expérience religieuse peut être appréhendée directement, à condition que l'individu - tel le Bouddha - soit prêt à entreprendre une transformation spirituelle et à diriger son regard vers l'intérieur, plutôt que vers le monde matériel et transitoire qui l'entoure.
La troisième chose qui rassemble les bouddhistes est exprimée par le mot Dharma (en sanskrit) ou Dhamma (en pali). Pour traduire ce terme complexe, il faudrait entremêler le sens des mots «vérité», «enseignement» et «loi». Ces deux syllabes riches de signification transmettent l'idée fondamentale que l'enseignement du Bouddha montre le chemin vers la vérité et que celle-ci est partie intégrante d'une loi naturelle applicable à tous les êtres humains, quels qu'ils soient. La pratique du Dharma est précisément ce qui rassemble les frères et les soeurs au sein de la Sangha.
Présentation de l'éditeur :
Depuis plus de 2 500 ans, des millions de personnes ont suivi l'enseignement de l'Eveillé et tenté de se libérer des chaînes de l'ignorance pour parvenir à l'Illumination. A l'origine, l'expérience personnelle d'un homme, Siddhârta Gautama, né aux confins de l'actuel Népal, héritier de la tradition religieuse indienne. La doctrine du Bouddha, penseur profondément novateur, eut d'emblée une vocation universelle. Jo Durden Smith montre comment elle se répandit de la vallée du Gange jusqu'en Chine, au Tibet et au Japon, avant de gagner les rivages de l'Occident. Telle est la gageure relevée dans cet essai : tout en définissant simplement les principes fondamentaux bouddhistes, il réussit à dépeindre l'extraordinaire foisonnement de variantes et d'interprétations qui contribuèrent à la richesse des civilisations asiatiques.
Également chez Pocket, dans la même collection : L'Essence du Tao.
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