Extrait :
Deauville. Je crois que c'est elle qui avait dit Deauville. Quelques jours au bord de la mer, loin de la canicule, du ronron parisien, ce ne serait pas si mal, non ? Comme souvent, j'avais accepté. C'était devenu une seconde nature chez moi. Au même titre que se brosser les dents, songer au temps qu'il fera, remercier le busard qui vous a refusé une cigarette ; j'acceptais d'instinct. Pourtant, je n'étais pas en fonds à l'époque. Il y avait bien les morts dans les maisons de retraite, les carambolages sur l'autoroute A13, quelques feux de forêt de temps à autre, mais pas de quoi griffonner trente feuillets pour le journal non plus. Alors, Deauville...
Seulement, c'était Camille, vous la connaissez. Impossible de lui faire changer d'idée. Et puis, cette façon qu'elle avait de faire la moue, les lèvres en pied-de-biche, prêtes à vous soulever le coeur, et ses yeux aussi tristes qu'un ciel de Turner. J'avais fini par me résigner. Après tout, c'était la fin août et, comme toutes les fins août, on aurait aimé que cela ne se termine jamais : les aubes qui s'étirent, les mouches contre les persiennes, les draps encore moites quand elle se lève et que je la retiens comme on retient un air à la radio, une de ces chansons doucereuses qui, sans doute, ne passeront pas l'automne. C'était la fin août et il y avait quatre ans déjà. Je pouvais bien faire un effort.
Ne restait plus qu'à trouver un prétexte, une occasion, un joli mot d'excuse pour ma conscience. Deux ou trois mois auparavant, j'avais abandonné ma vieille Cox en rade sur la route de Lisieux. Un problème de joint de culasse apparemment. La dépanneuse l'avait remorquée jusqu'à un garage de Pont-l'Evêque où elle sommeillait depuis, fraîchement toilettée et les joints remis à neuf. J'en profiterais pour la récupérer et passer le week-end avec Camille. Cela me paraissait la meilleure chose au monde. Camille et ma Cox et Deauville. La meilleure chose au monde, et au diable les feux de forêt.
Présentation de l'éditeur :
Un week-end en amoureux sur la côte normande. La fin de l'été. Un Cox décapotable. La grâce des premières amours... Tout irait pour le mieux entre Emmanuel et Camille s'ils ne croisaient la route de Hailey, une jeune et riche Anglaise, qui va rompre leur fragile équilibre. Entre balades sur la plage et virées au casino, bagarres de bar et courses de chevaux, une saison peu à peu s'achève tandis que s'ouvre une autre, encore trouble et mystérieuse...
«(...) ce roman distille un charme fou, fragile et émouvant (...).»
C.A. - Le Figaro Littéraire
«Avec une tendresse qui n'exclut pas une grande lucidité, le romancier dépeint admirablement ce moment indistinct où tout bascule (...).»
Emilie Grangeray - Le Monde des Livres
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