Extrait :
Extrait de l'introduction
Est-ce que la couleur de la peau d'un homme a plus d'importance que la couleur de ses yeux ou celle de ses cheveux ? Est-ce que la race dote les individus de caractéristiques spécifiques qui détermineraient leurs comportements de toute éternité ?
Est-ce que les Noirs sont faits pour le sport ou les arts mineurs, et les Blancs pour le raisonnement logique et scientifique ? Césaire disait : «On avait fourré dans sa pauvre tête qu'une fatalité pesait sur lui qu'on ne prend pas au collet ; qu'il n'avait pas puissance sur son propre destin ; qu'un Seigneur méchant avait de toute éternité écrit des lois d'interdiction en sa nature pelvienne ; de croire honnêtement à son indignité, sans curiosité perverse de vérifier les hiéroglyphes fatidiques.»
Est-ce qu'une malédiction divine pèserait sur le Noir, malédiction qui en ferait un subalterne éternel ? Est-ce que l'histoire de Cham, fils de Noé, est mythe ou réalité ?
Aujourd'hui, ces théories qui ont fait le lit de la diabolisation du Noir sont encore présentes dans la société, française en particulier. Sinon, comment expliquer la traite des Nègres pas si lointaine que cela dans les esprits ? Sinon, comment expliquer le colonialisme, la mission civilisatrice de l'homme blanc ? Comment expliquer le choix de la main-d'oeuvre africaine pour des boulots subalternes et le mythe tenace de l'éboueur qui en a résulté ?
Présentation de l'éditeur :
Quand on l'interroge sur ses origines, Gaston Kelman se dit bourguignon. Pas " fier d'être bourguignon ", juste " bourguignon " : il n'y aucune raison d'être fier de ce que l'on est. Il est né bébé et noir. Il est devenu homme et français. En racontant son histoire et celle des autres, passant du personnel à l'analytique, du polémique au sociologique, il explore le malaise d'une communauté. Être noir en France, qu'est-ce que c'est ? C'est d'abord vivre dans le mythe des fils de Cham, croire à la malédiction d'une " race " qui n'existe pas, consciemment ou non. C'est aussi se heurter à des préjugés sans fin (mythe de l'éboueur, de l'agent d'ambiance, etc.) dont Kelman dresse la liste, avec l'humour du désespoir. C'est " la blackitude comme produit ", la citoyenneté et l'intégration d'autant plus mises à mal qu'on ne les interroge pas. Gaston Kelman remet les compteurs à zéro et n'épargne personne.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.