Extrait :
Christian Pignol
Les engoulevents de la Grange-aux-Loups
(Prix «Fonds de terroirs» de l'École des Grives)
PROLOGUE :
Les Ailes du vieux moulin
L'hiver, la Glavoise est un torrent boueux dont les flots tumultueux charrient des arbres morts, des rochers noirs et des sangliers surgelés. Pourtant, sitôt passées les dernières neiges de mai, elle se métamorphose en une rivière paisible qu'on traverse à pied sec au lieudit du Gué-de-la-Corde. C'est là que le voyageur qui arrive à Courtonac par la route de Saint-Hilaire franchit la Glavoise, au Roc-de-la-Châtre. Un peu en aval, la route en pierre traverse le moulin abandonné du père Plasson. Devant le triste spectacle des ronces qui dévorent les meulines à foulon et les flaterets à courroie, on a bien du mal à croire que, jadis, les ânes, les boeufs et les femmes de Courtonac déchargeaient là leurs ballots de bressac frais pour qu'on les y moulût.
Solide comme un linteau, son éternelle bamborgne à la bouche, le père Plasson transformait ici les précieuses gousses en une fécule à cataplasme, délicate comme de la peau d'oreille et fraîche comme un cul de pouliche.
Le vieux moulin était fort prospère et, en entendant ses ailes fredonner dans le vent et le père Plasson jurer plus qu'à son tour, tout le bourg de Courtonac se sentait rassuré.
Hélas, dans ces montagnes oubliées de toutes les routes, quand le destin frappe à la porte, c'est qu'il est déjà sur le seuil. Qu'on lui ouvre en le prenant pour le facteur et alors, aveugle et sourd, il tue les bêtes, piétine les récoltes, engrosse les servantes, viole les poules et fait tourner le lait.
C'est ainsi qu'un glacial jour de février, au cours d'un hiver comme on n'en avait pas enduré depuis bien longtemps, le père Plasson débaroula du godivot de brassage où il était monté frictionner une jarjille. Emporté par les jaumières de recoupe, il se débattit entre les pognards des jambailles, réapparut à l'aplomb des queutards, descendit à grand fracas la jambe de chien tribord, disparut entre deux meules et ne remit plus jamais les pieds au village.
(...)
Présentation de l'éditeur :
Un hameau rural recroquevillé sur un drame jamais élucidé : la disparition du meunier dans les eaux boueuses du torrent. Mais il n'y a pas que le fantôme du malheureux que l'on croise par ici : les plus grands écrivains du moment sont venus s'inspirer du passé tourmenté du village pour écrire leur prochain best-seller. Pour la contribution à l'enquête, rien de moins que Christian Pignol, Katherine Plancol, Zig Larsen, Patrick Modiamo, Muriel Burbery, Eric-Manuel Schmit, Phillipe Solers, Guillaume Muzo et Philippe Delerme. Tant de grandes plumes réunies permettront-elles de faire éclater la vérité ?
«Avec toujours autant de verve et la même joyeuse mauvaise foi, Pascal Fioretto remet le couvert qui, on l'aura deviné, n'est pas celui dressé par un membre de l'académie Goncourt siégeant chez Drouant.»
Sébastien Faramans - La Marseillaise
Également chez Pocket : Et si c'était niais ? et Gay Vinci code.
Texte intégral
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.