Extrait :
Île Deer, 1946
La carapace
Carapace : revêtement squelettique, dur et solide, qui protège le corps des crustacés comme le homard.
Tatiana et son fils mangeaient une glace, assis sur un banc, au soleil couchant, tout en guettant le retour des bateaux de pêche. Elle entendait souvent les cris des mouettes avant d'apercevoir les homardiers.
La jeune femme semblait calme, pourtant ses mains tremblaient tandis que sa glace fondait. Elle apprenait à Anthony «Brille, mon étoile, brille», une chanson russe, et lui, pour la taquiner, s'amusait à inverser les vers.
Une légère brise balayait ses cheveux et des mèches s'échappaient de sa longue et épaisse natte blonde. Elle avait le teint pâle et les yeux clairs, à l'opposé de son bambin brun, bronzé, aux yeux noirs et aux jambes potelées.
Tatiana aurait voulu éterniser cet instant, oublier le passé, se convaincre que seul existait ce moment présent, là, sur cette petite île du Maine, uniquement reliée au continent par un traversier et le pont suspendu de huit cents mètres qu'ils avaient emprunté avec leur camping-car, un vieux Shult Nomad Deluxe. Leur route s'était arrêtée à Stonington, un village perdu au bord de l'océan, niché au pied d'une colline couverte de chênes. Tatiana n'avait jamais rien vu de plus beau ni de plus paisible que cette baie aux eaux moirées, dans laquelle se reflétaient les maisons de bois blanches. Cette paix, c'était sa vie désormais, comme si le reste n'existait pas.
Hélas, parfois, dans un éclair, alors que les mouettes tournoyaient en criaillant dans le ciel, certains souvenirs revenaient la hanter, même ici, sur l'île Deer.
Tout à l'heure, alors qu'ils sortaient dans la rue, ils avaient entendu des éclats de voix chez leurs voisines.
Présentation de l'éditeur :
1946. La guerre a enfin rendu son géant tatoué à Tatiana. Leningrad n'est plus qu'un souvenir et le couple s'offre un nouveau départ, aux États-Unis. Mais le Nouveau Monde, comme l'Ancien, peut se montrer cruel. On regarde d'un mauvais oeil ces immigrants et Alexandre peine à trouver un emploi. De la Californie jusqu'en Arizona, leur vie bohème poursuit le rêve américain. Anthony, leur fils, grandit à vue d'oeil. Les blessures du passé s'estompent. Mais ici comme ailleurs, l'Histoire semble aller contre eux...
Également chez Pocket : dans la même série, Tatiana et Tatiana & Alexandre ; Le secret de Lily Quinn.
Texte intégral
Née en Union Soviétique d'une mère ingénieur et d'un père avocat spécialisé dans le droit civil, Paullina Simons s'installe très tôt avec sa famille sur le continent américain. Diplômée en sciences politiques, journaliste financière, Paullina Simons s'est progressivement tournée vers l'écriture et a déjà publié plusieurs romans dont : Le silence d'une femme (Fixot, 1996) et Onze heures à vivre (Archipel, 2002). Tatiana a paru en 2003 aux Editions Robert Laffont et a été suivi pat Tatiana et Alexandre en 2005. Paullina Simons vit aujourd'hui à New York avec son mari et quatre enfants.
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