Extrait :
L'oeuvre dans son siècle
Apollinaire, animateur de l'«Esprit nouveau»
Ami des poètes et des peintres, fidèle des cafés de Montparnasse et de Montmartre ou encore du Bateau-Lavoir (immeuble de la butte Montmartre, rue Ravignan, où les peintres initiateurs du cubisme se réunissaient), collaborateur ou directeur de nombreuses revues, journaliste et parfois conférencier, poète, conteur et critique d'art, Apollinaire peut apparaître comme le promoteur de l'avant-garde qui a brillamment marqué en France les premières années du XXe siècle et à laquelle il a lui-même donné le nom d'«Esprit nouveau».
Il faut se garder, en fait, d'exagérer dans ce sens : Apollinaire n'a pas tout inventé de la poésie et de l'art nouveaux. Ce n'est pas lui faire injure que de le reconnaître : le fauvisme, le cubisme sont des mouvements picturaux auxquels un littérateur ne pouvait donner naissance. C'est Alfred Jarry qui a «découvert» le Douanier Rousseau, c'est Maurice de Vlaminck - ou peut-être Henri Matisse - qui, le premier, a collectionné les sculptures nègres.
La paternité des nouvelles tendances poétiques de ce début du siècle ne peut pas non plus être toujours attribuée à Apollinaire : l'unanimisme ne lui est guère redevable ; le cosmopolitisme, la fantaisie ont trouvé chez Biaise Cendrars, Valéry Larbaud, Max Jacob, des expressions plus significatives que chez Apollinaire. Les manifestes de Marinetti précèdent L'Antitradition futuriste, qui, par son exagération agressive et son pêle-mêle voulu, semble du reste une parodie. Faire d'Apollinaire le promoteur de l'Esprit nouveau serait donc être victime d'une illusion que sa mort prématurée n'a pu que favoriser, en amenant à dresser le bilan de son activité bien avant qu'il fût question de le faire pour ses compagnons.
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Biographie de l'auteur :
Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, est le fils d'Angelica de Kostrowitzky, d'origine polonaise, et d'un officier italien. Né à Rome en 1880, il s'installe à Paris avec sa mère en 1900, avant de partir en Rhénanie pour occuper un poste de précepteur ; c'est à cette période qu'il publie ses premiers textes. De retour à Paris, Guillaume Apollinaire devient proche des milieux littéraires et artistiques. Ami, entre autres, de Picasso, Derain, Alfred Jarry ou du Douanier Rousseau, il aura une liaison passionnée avec Marie Laurencin. Après avoir collaboré à diverses revues, il publie son premier livre en 1909 : L'Enchanteur pourrissant, suivi d'autres recueils de contes et de poésies, dont Alcools, en 1913, qui rassemble ses meilleurs poèmes. En 1914, Guillaume Apollinaire s'engage dans la Grande Guerre, dont il sort blessé en 1916. Ayant repris une grande activité littéraire, il publie notamment un "drame surréaliste", Les Mamelles de Tirésias. ainsi qu'un recueil d'"idéogrammes lyriques", Calligrammes. Affaibli par sa blessure, touché par la grippe espagnole, Guillaume Apollinaire est mort pour la France le 9 novembre 1918. Guillaume Apollinaire est considéré comme l'un des plus grands poètes français du XXe siècle - un "enchanteur" qui, sans couper la poésie française de son passé, a contribué, par une ouvre inventive et surprenante, à son renouveau.
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