Extrait :
Autopsie clandestine
Un jour de semaine, comme bien d'autres. Ou presque.
- Vous êtes en retard !
Le ton est péremptoire et ne laisse place à aucune discussion.
Au premier regard à mon entrée dans la pièce, je comprends pourquoi le juge d'instruction a préféré les locaux de la médecine légale à ceux du palais de justice. Tout ce beau monde n'aurait jamais tenu dans son cabinet.
Sophie regarde la pointe de ses chaussures. Elle a son air renfrogné des grands jours, ceux des contrariétés où le téléphone n'arrête pas de sonner, où la gestion des scellés nous prend la tête, où les autopsies s'accumulent. Pourtant, depuis plus de 20 ans qu'elle travaille avec moi, elle en a vu d'autres.
Marie, nommée officiellement praticien hospitalier à temps plein dans le service, est dans un coin de la pièce, près de l'écran où défilent les images d'un scanner de traumatisé, celles d'un beau crâne éclaté. A côté d'elle, Mélanie et Alexia, mes deux psychiatres légistes. Ou légistes psychiatres, cela dépend des jours. Et Cassiopée, notre chef de clinique depuis déjà un an. Il ne manque que Nicole, retenue à son cabinet médical dans le nord-est du département, et Olivier, assistant spécialiste qui partage son temps «prorata temporis» (y compris les gardes) entre l'IML de Tours et celui de Poitiers. Ah, j'oubliais mes deux internes, aujourd'hui elles sont en formation.
L'ensemble de ces personnes forme une équipe fantastique, avec la tête sur les épaules. Une équipe composée presque exclusivement de filles, vous l'aurez remarqué. Toutes belles et intelligentes. Un hasard.
Cette équipe si complète, c'est la nouveauté 2012 pour une médecine légale poitevine qui désormais a étendu sa compétence territoriale sur quatre départements. Quand je pense à mes débuts, tout seul ou presque dans deux petites pièces au onzième étage de la tour du CHU, il y a longtemps...
Donc cette équipe m'est particulièrement précieuse et je la défends bec et ongles dès qu'on l'attaque. Mais aujourd'hui, je suis inquiet.
- Reprenons, et tant qu'à faire, puisque le docteur Sapanet nous fait l'honneur d'être des nôtres, reprenons depuis le début.
J'apprécie l'ironie de la remarque. Il est rare que l'on ait l'honneur de recevoir la visite d'un juge d'instruction. En général c'est plutôt lui qui vous convoque. Je m'assieds dans un coin et j'essaie de me faire oublier. C'est Sophie qui est sur la sellette.
Revue de presse :
Le troisième tome des confessions du médecin légiste est identique aux deux premiers : tranchant et drôle, donc réussi...
Au fil de chapitres proprement découpés, indépendants, au style sang pour sang incisif, avec quelques doses de second degré, Michel Sapanet résout des énigmes médicales dignes d'un Dr House des salles d'autopsie...
L'humour et les jeux de mots sont injectés avec précision, dosage primordial pour disséquer des scènes somme toute crues, à la genèse toujours tragique. Dans certains chapitres, on se croirait même chez Audiard... (Julien Jouanneau - L'Express, octobre 2012)
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