Extrait :
Extrait de la préface de Heinz Schwarzinger :
ÖDÖN VON HORVATH D'URGENCE !
«Je n'ai pas de pays natal et bien entendu je n'en souffre aucunement. Je me réjouis au contraire de ce manque d'enracinement, car il me libère d'une sentimentalité inutile...»
«Le concept de patrie, falsifié par le nationalisme, m'est étranger. Ma patrie, c'est le peuple.»
En 1933, il ajoutera : «Notre pays, c'est l'esprit.»
Ainsi s'exprimait Ödön von Horvath, né en 1901, hongrois, de langue et de culture allemandes, mort à Paris en 1938.
Vivre en Allemagne, percevoir dès 1927 les périls qui menacent et se situer aux antipodes du nationalisme, écrire, cependant, bien loin des sentiers battus par l'idéologie dominante, nombre d'auteurs de langue allemande durent affronter ce paradoxe. Angoisse ou nostalgie, la France fait écho, aujourd'hui, à Roth, Zweig, Schnitzler, Hofmannsthal, Musil, Perutz, Kubin, Kraus, les observateurs du profond bouleversement d'une société, d'une civilisation, les héritiers de l'esprit cosmopolite du vieil empire qui, au plus fort de la tourmente, réinventa le théâtre populaire allemand. Sperr, Kroetz, Fassbinder, Turrini, Handke lui rendront hommage. Ce dernier l'opposera d'ailleurs à Brecht :
«Les pièces de Brecht proposent une simplicité et un ordre qui n'existent pas. Pour ma part, je préfère Ödön von Horvath et son désordre, et sa sentimentalité dépourvue de maniérisme. Les égarements de ses personnages me font peur : il pointe avec bien plus d'acuité la méchanceté, la détresse, le désarroi d'une certaine société. Et j'aime ses phrases folles, signes des sauts et des contradictions de la conscience. Il n'y a guère que chez Tchékhov ou Shakespeare que l'on en trouve de semblables.»
Cet effroi dont parle Handke, quel lecteur, quel spectateur actuels ne l'éprouveraient-ils pas ? Horvath démasque le nationalisme, le racisme au quotidien, la lâcheté, l'infamie d'une société désemparée par une crise sans précédent.
A découvrir d'urgence, aujourd'hui, pour tirer à temps les leçons de l'histoire.
Présentation de l'éditeur :
Un professeur de lycée se voit soudain confronté, dans sa classe, à l'idéologie nazie montante et décide de se ranger de ce côté-là, pour voir. Pour conserver son gagne-pain, aussi. L'un des élèves est tué au cours d'un camp pascal d'entraînement militaire... Un meurtre qui sera le révélateur implacable d'une société tout entière. Il ne trouve qu'une seule issue : accepter un poste dans une mission catholique en Afrique, aller chez les «nègres», lui que ses élèves surnomment justement «le nègre».
Ödön von Horvath est né en 1901 à Fiume. Il grandit à Budapest avant d'étudier la littérature à Munich. L'Eternel petit bourgeois, son premier roman, paraît en 1930. Mais c'est en 1931 qu'il rencontre son premier succès : Nuit italienne et Légendes de la forêt viennoise, ses deux pièces majeures, sont montées à Berlin et il reçoit le prix Kleist. Horvath quitte l'Allemagne en 1933 et se rend à Budapest afin de conserver sa nationalité hongroise. C'est à Amsterdam, en 1938, qu'il publie Jeunesse sans dieu, qui vise directement le régime nazi et sera très vite traduit en huit langues. Paraît ensuite Un fils de notre temps. Après l'entrée des troupes allemandes en Autriche, Horvath quitte Vienne pour Budapest, puis Prague et Paris. Il est tué en juin 1938 sur les Champs-Elysées pendant une tempête.
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