Extrait :
Cette nuit, j'ai rêvé que je tuais mon patron. Disons plutôt : cette nuit, j'ai encore rêvé que je tuais mon patron. Ce n'était pas un cauchemar. Au contraire, je me suis réveillé déçu en constatant qu'il ne s'agissait que d'un rêve. Depuis plusieurs semaines, mes nuits sont pleines de songes heureux : j'écrabouille mon patron, j'étrangle mon patron, je bouscule mon patron par-dessus le balcon du treizième étage, je noie mon patron dans son Jacuzzi, j'étouffe mon patron sous un oreiller, j'empoisonne mon patron avec de la strychnine, j'enferme mon patron dans une cage en compagnie des mygales et des scorpions. Le scénario varie mais le résultat de ces rêves demeure le même : je suis enfin débarrassé de ce type suffisant, vulgaire, sans scrupule. Ma jouissance n'est pas égoïste. L'assassinat de mon patron ferait de moi le libérateur de sa secrétaire qu'il humilie, de ses collaborateurs qu'il martyrise, de ses concurrents qu'il rend malades.
Armand Tassin est le type le plus abject que j'aie rencontré. C'est un chacal. Le contraste est saisissant. Il dirige une société dont le slogan commercial est : «Pour l'harmonie spirituelle.» Il fait la promotion de la sagesse et de la sainteté. Mais en réalité, c'est un ignoble personnage, méchant, obsédé par l'argent. Il n'aime personne. Beaucoup d'hommes et de femmes sont comme lui. Mais sa laideur morale est rendue caricaturale par le contraste avec le milieu où il exerce son commerce. Ses produits exaltent les béatitudes : «Heureux les pauvres, les simples, les justes.» Lui n'a que dédain pour des moines qui se dévouent pour lui en croyant construire le Royaume de Dieu. Il traite avec morgue les religieuses craintives qui sont les meilleurs agents de promotion de ses ouvrages. Il n'a aucun scrupule pour tondre les brebis du peuple de Dieu et exiger qu'elles l'en remercient.
Présentation de l'éditeur :
Marc est embauché par une inquiétante maison d'édition religieuse. «Pour l'harmonie spirituelle», la devise des Éditions du Capricorne recouvre de criminels agissements. Son directeur, Armand Tassin, est sauvagement assassiné. Marc se retrouve sur la liste des suspects. Un vieux cardinal, une dresseuse d'éléphants, un flic blasé, une biologiste du Jardin des Plantes, un pilleur de musées lui viennent en aide. L'enquête se déroule sur un rythme trépidant à l'ombre des monastères, chez les trafiquants d'art, sous l'oeil de la mafia.
Philippe Verdin a quarante ans. Il est religieux dominicain.
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