Les Romans de Venise - Couverture souple

Gonzague Saint Bris

Couverture souple

ISBN 10 : 2268063070 ISBN 13 : 9782268063072

Editeur : Du Rocher �ditions, 2007

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R240060152. LES ROMANS DE VENISE.. 2007. In-8. Broch�. Bon �tat, Couv. convenable, Dos satisfaisant, Int�rieur frais. 229 pages - 1er plat illustr� en couleurs - quelques illustrations en couleurs et en noir et blanc hors texte - ex dono sur la page de garde.. . . . Classification Dewey : 840.092-XXI �me si�cle

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Extrait :

Extrait du prologue :

La cit� carnaval

Toutes ces barques, toutes ces lumi�res qui se r�fl�chissent dans l'eau sont d'un effet magique.
George Sand

� la fen�tre du Palais Gary, face au miroitement des eaux, le consul de France � Venise me faisait part de son enthousiasme matinal : �Cette ville embellit davantage chaque ann�e. Oui, Venise embellit et sourit, derri�re son �ventail de lumi�re et de tulle, � tous ceux qui parlent de sa mort en ignorant que les si�cles s'useront encore longtemps sur cette cit� sans ruine au visage tonifi� tour � tour par le soleil et la brume.� Nous �tions au mois de f�vrier 1990 et, pour la premi�re fois, le carnaval, interdit par Bonaparte deux cents ans plus t�t, allait ressusciter et retrouver ses masques. Il faisait beau; la lumi�re dor�e rebondissait sur l'eau bleu argent� de cet hiver. Venise venait de retrouver une extraordinaire jeunesse, avec cette f�te inou�e d'adolescence et de gaiet�, d'ing�niosit� artistique et de plaisir fou, d'�tonnements et de surprises, par lesquels ce furent, du jeudi gras au mardi gras, des jours de fantaisie et des nuits d'ivresse divine. Jamais, je n'avais tant dans�, tant ri, tant �t� pris par l'onirisme d'une f�te absolue, tour � tour splendide, �blouissante et merveilleuse, avec l'innocence des participants et la magie de leurs travestissements, comme un don prodigieux de la diva d'eau et de pierre, retrouv� apr�s deux si�cles de sommeil.
Pour cette reprise de ce qui n'�tait pas seulement une tradition parmi d'autres, mais �la� tradition v�nitienne, j'�tais venu avec Jacques-Henri Lartigue fixer les d�lires et immobiliser la folie, tenter en un mot de capturer par le sel du texte et la poudre de la photographie des instants magiques. Et, en effet, il �tait �mouvant de voir s'animer devant nous ces images �ternelles de Venise o�, du fond de la couleur, �clatait le nom m�me de plaisir. J'en suis revenu, s�duit par la modernit� du pass�, l'audace d�guis�e du futur, la nostalgie �nergique d'un pr�sent qui se d�barrassait enfin de ses d�guisements pour s'adonner � la flamboyance des �toffes brod�es d'imaginaire. Les bals sur les Campi, San Stefano, Santa Margherita, San Polo et San Vidale, les fantaisies spontan�es de chacun, alli�s aux spectacles dans les th��tres, la rue et la Fenice, firent de l'�v�nement un carnaval populaire, o� les gens s'amusaient de bon coeur et sans retenue. Cette ann�e-l�, � Venise, la jeunesse incarnait la r�surrection de toute �ternit�. Visages felliniens entrant au Harrys' Bar, christs, vampires, �mirs dansant sur le quai des Esclavons, footballeurs am�ricains, lions masqu�s, abeilles discos, jeunes filles d�guis�es en moines aux sourires trop voluptueux, ne constituaient que le commencement de cette f�te d�mesur�e. Dans la foule, place Saint-Marc, intense et �clatante, nous essayions, avec Jacques-Henri Lartigue et Fran�ois Reichenbach, de fixer les images les plus fugitives, ces instants parfaits o� le plaisir est sans remords, l'inconscience sans cons�quence.
Des podiums de bois, �quip�s de puissants haut-parleurs, diffu�saient toutes sortes de musiques, d'�poques diff�rentes. Des soubresauts d�coordonn�s agitaient les corps; des processions fendaient les grappes humaines. Carnaval dans le carnaval, d�bar�qua une file d'enfants d�guis�s en vagues, comme si la mer d�ferlait parmi les pigeons affol�s !
Cette ann�e-l�, encore, les h�tels refusaient des clients, tandis que les routes d'acc�s � la ville �taient impraticables. Sur le pont de l'Accademia, les policiers, amus�s mais vaguement inquiets, faisaient circuler les passants, craignant que le poids des danseurs ne f�t s'�crouler l'ouvrage. Campagnards, citadins, voyageurs sans bagages qui, au dernier moment, s'�taient fabriqu� des costumes en d�valisant les magasins de tissus du Ghetto, ou passionn�s ayant pr�par� les leurs depuis des mois, pouvaient � peine se mou�voir de crainte de d�truire l'illusion, et tous se retrouvaient dans le tourbillon qui les emportait. Une famille nombreuse de Pordenave, transform�e en tribu africaine, avec pagnes de raphia, colliers exo�tiques et corps peints en couleur �b�ne, s'avan�ait en tr�pignant au rythme endiabl� d'un tam-tam. Des Pierrots et des Colombines se livraient � de tendres figures. Des princes et des princesses de la Renaissance croisaient des marquis et des marquises du si�cle des Lumi�res, d�ambulant dans le d�cor miraculeusement intact de la Cit�, et provoquaient une illusion naturelle qui nous mariait avec l'histoire.

Pr�sentation de l'�diteur :

Enfin le livre de Venise ! La cit� du romantisme racont�e par le dernier des romantiques. Une Venise comme vous ne l'avez jamais vue, pleine de folies masqu�es, de personnages d�voil�s et de passions mises � nu. La plume tremp�e dans l'encre du canal, Gonzague Saint Bris dit l'histoire de la S�r�nissime � travers une suite de chapitres, chacun con�u comme un roman. Cette cit� des Doges, o� les pigeons vont a pied et o� les lions ont des ailes, voil� plus de vingt ans qu'il la parcourt, lui qui fut nomm� en 1980, par Gaston Palewski, pr�sident des Amis de la Sauvegarde. Venise appartient � tous et chacun poss�de �sa� Venise. Celle qui est propos�e ici en une vision polyphonique est tout � la fois une histoire, une balade et un carnet de voyage.
� travers le prisme de la chronologie historique, les anecdotes savoureuses et les portraits saisissants, on va de la Dogaresse amoureuse � la Duse, l'amante �perdue de D'Annunzio, de Marco Polo � Paul Morand, d'Henri III au prince Eug�ne, du Primatice � L�opold Robert, de Casanova � Diaghilev. Ce livre rare par la cadence du style et la beaut� des images rassemble une s�rie de petits romans �tincelants. Il raconte comment le lieu le plus inhospitalier du monde est devenu le miroir du monde, comment la capitale du Baroque est devenue celle du Romantisme, ou comment la diplomatie des plaisirs, ch�re � Casanova et � Bernis, s'est mu�e, � la Belle �poque, en une plante v�n�neuse, dans laquelle, de Marcel Proust � Thomas Mann, certains se sont voluptueusement perdus. De Carlo Goldoni � Richard Wagner, en passant par George Gordon Byron, Alfred de Musset, George Sand, John Ruskin et Fran�ois Mitterrand, Venise, cent fois recommenc�e, fascine le monde depuis plus de dix si�cles. Son destin se refl�te dans l'eau porteuse de m�moire, tandis qu'on se demande si cette mer qui l'a cr��e ne la d�truira pas un jour...

Historien, romancier, essayiste, journaliste, directeur de presse, homme de radio et de t�l�vision, Gonzague Saint Bris est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages traduits en plusieurs langues, dont beaucoup Jurent des best-sellers et re�urent d'importantes r�compenses, parmi lesquelles le prix Interalli� pour Les Vieillards de Brighton, et le prix des Romanci�res pour l'Enfant de Vinci. Inlassable conteur du coeur et de l'�me, le chef de file des Nouveaux Romantiques nous offre ici une vision tr�s personnelle de la S�r�nissime.

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