Présentation de l'éditeur :
Le Petit Roman du désert rassemble quatre histoires ayant le désert comme fil conducteur. A travers des personnages aussi emblématiques que Lawrence d'Arabie, Schéhérazade, Charles de Foucauld et Antoine de Saint-Exupéry, l'ouvrage entraîne le lecteur à la découverte du désert, ce milieu rude et austère, propre à la méditation.
Lawrence d'Arabie, Violence et passion - Schéhérazade, La puissance et le désir - Charles de Foucauld, Mortification et colonialisme - Antoine de Saint-Exupéry, L'aventure moderne.
Tous ces personnages ont vécu dans le désert, milieu hostile qui les relie. Ils ont fréquenté les mêmes lieux. Leurs sandales ont foulé, parfois, les mêmes dunes. Seules changent les époques. Confrontés à la vie nomade, ces héros qui peuplent notre imaginaire ont appris à survivre dans cet espace aride. Ils ont tenté de comprendre les fascinantes ethnies qui le peuplent et habité l'immuabilité de cette immensité sableuse.
Ils ont su se plier à l'exigence de ces contrées : le désert enseigne avant tout l'humilité.
Le néophyte ou le passionné dépassera avec Le Petit Roman du désert les vents de sable et les mirages. Le désert intemporel est le seul témoin de ce passage de relais, même s'il n'y subsiste jamais aucune empreinte.
Philippe Frey reprend, par-delà les siècles, la piste de ces acteurs célèbres qui ont vécu dans le désert un moment de leur existence déterminant, en ont fait le point de rencontre, de fusion de leurs existences.
Philippe Frey est docteur en ethnologie, spécialiste des déserts et des nomades. Il a traversé seul les plus grands déserts. Il est l'auteur de nombreux livres, dont 50° déserts brûlants qui a reçu le Prix Jean Sainteny 2007 de l'Institut de France.
Extrait :
LAWRENCE D'ARABIE VIOLENCE ET PASSION 26 MARS 1917
A l'aube, un vent sourd et sec court le long du wadi Hamd, sifflant dans les bosquets de prosopis. Des buissons d'armoise volent avec le vent. Des voiles de sable masquent les aspérités du terrain. Puis, peu à peu, la chaleur fait son apparition. L'air s'est assagi et une touffeur lourde stagne, chargée d'effluves des bosquets d'herbes odorantes. Une petite trentaine de Bédouins est disséminée depuis le matin dans les dernières collines bordant une étendue blanche et sableuse. Les hommes sont étalés, accolés à l'ombre des touffes d'herbe les plus hautes, comme des corps morts ou endormis. Parfois, l'un d'entre eux s'agite ou rampe dans sa gandoura, son fusil à la main, changeant de place. On ne voit parmi la rocaille que son keffieh rouge ou noir, cerné de l'anneau de tête des nomades d'Arabie. Au loin, en contrebas, on distingue les trois vallées à sec, qui se déversent dans la large dépression vers laquelle tous ont le regard rivé. Il y a là le wadi el Jizl qui déboule du nord, le wadi al Ghamra qui provient de l'est et des sables du centre de la péninsule arabique, et vers le sud, on peut presque apercevoir le puits de Bir el Amir. Surtout, droit devant, là où convergent tous les regards, une double ligne noire strie le large confluent de toutes ces vallées. Il s'agit du chemin de fer du Hedjaz, tenu par les Turcs, reliant Damas à Médine.
Au milieu du paysage, on distingue un poste consolidé par un talus, des barbelés et des empilements de sacs de sable. Le site contrôle la vallée. On peut même compter près de cinq cents silhouettes.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.