Extrait :
Vie et oeuvre de Saadat Hasan Manto (1912-1955)
Saadat Hasan Manto naquit le 11 mai 1912 en Inde, à Sambrala, dans le district de Ludhiana. Sa famille vivait au Pendjab depuis plusieurs générations, mais Manto n'a jamais cessé de revendiquer ses origines cachemiries, se fondant sur le nom de Manto. Un témoignage tardif de cette fierté cachemirie est sa Lettre à Nehru (1954), lettre ouverte au pandit Jawaharlal Nehru, autre Cachemiri ourdouphone célèbre, à un moment où l'Inde et le Pakistan s'affrontaient une fois de plus au sujet du sort du Cachemire, à propos notamment du partage des eaux se déversant du Cachemire au Pendjab.
Manto était le fils de la seconde femme de son père. Alors que ses trois demi-frères aînés avaient fait des études de droit et étaient allés à Bombay puis en Angleterre, il passa sa jeunesse à Amritsar (Pendjab), dans la maison familiale du quartier des avocats avec sa soeur aînée, Nasira.
ENFANCE ET JEUNESSE DE MANTO
Manto commença ses études primaires chez lui, où il acquit des notions d'arabe coranique, de persan littéraire, d'ourdou et d'anglais, comme beaucoup d'enfants issus de sa classe sociale. Les livres ne manquaient certainement pas dans la maison de son père, qui possédait une solide culture ourdoue et arabo-persane, et éditait deux revues consacrées à la culture musulmane. De plus, la mère du jeune Saadat, Sardar Begam, dont nous savons qu'elle était née d'une famille venant de Kaboul, devait aussi posséder une bonne culture arabo-persane.
Ses études à Amritsar furent marquées par sa fascination, comme beaucoup de jeunes Indiens, à la fois pour les promesses anticolonialistes et socialistes de la révolution russe et pour l'extraordinaire mouvement gandhien de résistance par la non-violence (le Satyagraha).
Nous savons qu'il avait appelé sa chambre d'adolescent Darul-Ahmar, la demeure rouge, par référence à la révolution russe. C'est le temps de ses premières passions pour le cinéma et le théâtre, deux arts intimement liés à l'époque. Manto avait même fondé une petite troupe de théâtre amateur, dont la seule et unique représentation fut ruinée par une colère mémorable de son père, outré que son fils s'adonne à des activités aussi impies.
Présentation de l'éditeur :
Saadat Hasan Manto, né en 1912 dans le Pendjab indien, mort en 1955 à Lahore, au Pakistan, est le maître indo-pakistanais de la nouvelle, et l'auteur ourdou le plus lu aujourd'hui de part et d'autre de la frontière entre le Pakistan et l'Inde. Qu'elles soient inspirées par la riche mais violente histoire du sous-continent indien, par les mouvements de désobéissance civile prônés par Gandhi contre la domination britannique, par les tueries sauvages entre hindous et musulmans lors de la partition catastrophique de 1947, par le destin tragique des courtisanes, par la sensualité inépuisable des femmes ou par le cinéma de Bollywood, les nouvelles de Manto confinent à de véritables mises en scène de la cruauté comme de la compassion dont l'homme peut être capable.
Ces nouvelles admirables, aiguisées comme la lame d'un poignard, sont autant de traversées d'une humanité dont on ne sort pas tout à fait indemne.
Réunies pour la première fois en France par les éditions Buchet/Chastel, elles constituent un événement littéraire exceptionnel.
Avant de mourir alcoolique quelques mois précédant son quarante-troisième anniversaire, Manto a pris le temps de rédiger sa propre épitaphe :
Ci-gît Saadat Hasan Manto et dans son coeur l'art et le mystère de la Nouvelle. Il est couché sons une tonne de terre se demandant toujours qui de Dieu ou de lui en est le Maître.
Nouvelles traduites de l'ourdou (Inde et Pakistan) par Alain Désoulières
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.