Extrait :
Julius Harb descendait Blauwgrondstraat d'un pas rapide, perdu dans la foule des promeneurs à la recherche d'un restaurant, assourdi par la cacophonie des transistors trônant sur chaque véranda et vomissant chacun un meringué différent. Une des seules libertés demeurant à Paramaribo : la musique, déversée à flots par les radios locales, entre deux exhortations à repousser d'imaginaires mercenaires, prêts à fondre comme des vautours sur la Révolution. Chaque samedi soir, Blauwgrondstraat, paisible voie même pas asphaltée, très loin au nord de Paramaribo, dans le quartier javanais, se transformait en une immense fête de la bouffe. Un restaurant sommaire, composé de tables rustiques et de bancs en plein air, s'improvisait devant presque chacune des maisons de bois sur pilotis. La famille cuisinait et servait. On venait de l'autre bout de la ville pour déguster ces spécialités indonésiennes, épicées et mitonnées avec amour.
Les plus sophistiquées de ces éphémères gargotes étaient rehaussées de néons verts et rouges éclairant les dîneurs de lueurs fantomatiques. Les autres se contentaient d'ampoules nues.
Julius Harb se faufilait silencieusement dans la foule, anonyme avec son jean et son polo. Son visage de créole au nez un peu épaté était banal. Il ralentit et s'arrêta comme s'il hésitait entre plusieurs endroits, le regard fixé sur une minuscule maisonnette verte un peu en retrait, reliée à la chaussée par une large planche en bois jetée sur le fossé profond. Étrangement silencieuse au milieu de la joyeuse animation de Blauwgrondstraat.
Présentation de l'éditeur :
Tonton Beretta appuya sur la détente de son M' visant le soldat. Il n'y eut qu'un petit bruit sec. Le chargeur était vide ! Instinctivement, Malko banda les muscles de son dos comme si cela avait été une protection suffisante pour arrêter une rafale de fusil d'assaut tirée à cinquante mètres.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.