Printemps 1939. Au cours d'une nuit froide, giflée par la pluie, une camionnette dépose deux réfugiés espagnols dans un vignoble du Jura : Enrique et Pablo. Le premier ne supporte pas le dur travail à la ferme et préfère rejoindre le maquis. Le second, un homme brisé par la guerre civile, a tout perdu jusqu'au courage de vivre. Le contact avec la terre et le rythme éreintant qu'impose la vigne le réconcilie avec le sens, l'évidence de vivre. Auprès de la "Patronne" et de Jeannette, sa fille simple d'esprit, de Clopinot, le vieux journalier, il apprend à aimer les bourrelets de terre que soulève la charrue, le poids de la "bouille" qui se charge de grappes et le soleil tiède du soir qui sonne le retour à la ferme.
Bernard Clavel est né dans le Jura. Est-ce pour cela qu'il signe là son plus bel hymne à la vie et à la nature ? Est-ce parce qu'il a pour décor deux guerres, la Grande et celle de Franco, que ce chant de paix s'élève aussi haut qu'un Alléluia ? Parmi la cinquantaine de romans que compte son oeuvre, il en est qui sont plongés dans un injuste silence. L'Espagnol est de ceux-ci. --Laure Anciel
L'homme épuisé qui trouve asile, en ce printemps 1939, dans une ferme du Jura a tout perdu jusqu'au courage de vivre : sa patrie, la Catalogne, conquise par les armées franquistes, et sa errInie, lors d'un bombardement. Le destin n'a pas épargné non plus la famille de vignerons qui l'accueille. Le fils est sur la ligne Maginot, le père est en train de mourir. Seul désormais entre une femme encore belle, un vieux journalier et une gamine simple d'esprit, l'Espagnol s'attache peu à peu à cette nouvelle terre qui lui redonne le goût de la lutte, de la tendresse et de l'espoir. C'est avec ce héros, merveilleusement incarné à l'écran par Jean-Claude Rolland, inoubliable d'humanité et de grandeur, que Bernard Clavel, en 1959, rencontrait l'immense public qui allait lui rester fidèle durant quatre décennies.