Extrait :
Paris, le 23 décembre 1680.
MOI, ANTOINE PETITBOIS, je déclare solennellement que le fut le récit apporté ci-après est la transcription scrupuleuse de la vérité. Ainsi, j'agis sincèrement et, pour en convaincre mon lecteur, j'ajoute que je n'ai nul désir d'obtenir la gloire ou un quelconque profit des révélations suivantes. En confessant l'un des secrets les mieux gardés de Louis XIII, une affaire dont les effets se poursuivent alors que Louis XIV règne en maître depuis la mort de Mazarin, je ne cherche ni à me venger ni à me protéger. De même, je renonce à user de ce que je sais pour faire chanter les puissants. Pourtant, je vais révéler les dessous du plus vil complot du siècle, ouvrant ainsi une porte derrière laquelle fourmillent machinations et cabales. Et je donnerai le nom des félons. Et soulèverai le masque des traîtres à la couronne de France.
Je vais donc raconter l'histoire dont on ne doit rien savoir, car elle ferait tanguer le royaume, détruirait ses équilibres, ruinerait la réputation des princes, enverrait sûrement à l'échafaud quelques-uns des seigneurs qui se pressent aujourd'hui autour de ce roi, auguste tel le soleil, et caressent son parti pour mieux l'étouffer. Combien d'hypocrites siègent-ils à ses côtés ? Ce matin encore, j'en comptais dix alors que nous allions en assemblée pour visiter le gigantesque chantier de Versailles, cet ancien relais de chasse chéri par le père de Louis Dieudonné, et qui deviendra bientôt - je le devine à la passion que suscitent les lieux - un palais prodigieux, symbole de la gloire immense du plus grand des monarques.
Ce Versailles qui, à n'en pas douter, fera pâlir Rome, Athènes et Constantinople, j'en connais le dessein - museler la noblesse et la mettre au pas. Et je souris en imaginant le pauvre Colbert, transpirant d'effroi quand il compte ses écus afin de satisfaire le voeu d'un maître tout-puissant ayant décidé d'élever le siège d'un somptueux empire qui, demain, baignera de ses rayons la plus vaste étendue des terres émergées engendrées par le Créateur.
Présentation de l'éditeur :
1630. La journée des Dupes se prépare. Richelieu, conseiller du roi, est en danger. Marie de Médicis, mère de Louis XIII, souhaite le faire révoquer. Un complot de plus ? Pire. Car la mise à l'écart du Cardinal constitue la première étape d'une menace plus grave encore. Quo ultimus exigussimus bella evadit cultorem. Cette phrase en latin est-elle la clef d'une conjuration cherchant à éliminer le souverain et à déstabiliser la couronne de France ? Une lutte sans merci s'engage, des rives sauvages du Saint-Laurent aux troubles coulisses du palais du Louvre, du Paris de tous les dangers aux mystères du château de Blois. Mais qui oeuvre dans l'ombre ? Et qui l'emportera vraiment ?
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