� Nation sans pudeur - Couverture souple

Dick,Philip K.

3,01

400 �valuations de Goodreads

Couverture souple

ISBN 10 : 2290033812 ISBN 13 : 9782290033814

Editeur : J'ai lu, 2014

Afficher les exemplaires de cette �dition ISBN

Extrait :

C'�tait le d�but de l'�t� et la journ�e s'achevait. L'apr�s-midi avait �t� doux, mais le soleil se couchait, et maintenant le froid s'installait. Carl Fitter descendit les marches du perron, laissant derri�re lui la r�sidence des hommes ; il portait une valise pesante et un petit paquet ficel�.
Il marqua une pause au pied de l'escalier en bois brut, dont la laque grise �tait tout �caill�e par le temps. Ces marches avaient �t� peintes bien longtemps avant qu'il ne vienne travailler pour la Compagnie. Il se retourna vers la porte d'entr�e du b�timent. Elle coulissait lentement. Elle finit par se refermer avec un claquement sonore. Cari posa sa valise et s'assura que son portefeuille, bien en s�curit� dans sa poche boutonn�e, ne risquait pas de tomber.
- C'est la derni�re fois que je descends cet escalier, fit-il tout bas. La derni�re fois. Quel bonheur de revoir les �tats-Unis apr�s tout ce temps !
Derri�re les fen�tres, on avait tir� les stores. Les rideaux n'�taient d�j� plus l�. Sans doute emball�s dans un carton quelque part. Il n'�tait pas le dernier � partir ; il fallait encore tout verrouiller. Mais ce serait le travail des ouvriers, qui veilleraient � ce que chaque porte, chaque fen�tre soient barr�es de planches, herm�tiquement closes, afin de prot�ger le b�timent jusqu'� l'arriv�e de ses nouveaux propri�taires.
- Pitoyable. Enfin... le dortoir n'a jamais eu tellement d'allure, de toute fa�on.
Il reprit sa valise et s'avan�a dans l'all�e. Le soleil, presque enti�rement masqu� par les nuages, jetait ses derniers feux. Comme souvent � cette heure, l'air semblait se charger de particules, comme si un voile de poussi�re s'animait en pr�vision de la nuit. Carl s'immobilisa en atteignant la rue.
Devant lui, deux v�hicules de la Compagnie entour�s d'hommes et de femmes, ainsi qu'un monceau de bagages et de cartons qu'un ouvrier entassait dans les coffres arri�re. Carl vit Ed Forester qui se tenait l�, un papier � la main. Il alla le rejoindre.
- Carl ! fit Forester en levant la t�te. Qu'est-ce qui se passe ? Je ne vois pas votre nom sur la liste !
- Comment �a ?
Carl voulut lire par-dessus l'�paule de Forester, mais, dans la p�nombre, il ne distinguait pas les noms.
- Tous les gens qui partent avec moi sont �num�r�s ici. Et je ne vous trouve pas. Et vous ? En g�n�ral, les gens rep�rent tout de suite leur nom.
- En effet, je ne le vois pas.
- Qu'est-ce qu'on vous a dit au bureau ?
Carl regarda vaguement les gens qui restaient et ceux qui �taient d�j� install�s dans les deux voitures.
- Carl ? Je vous parle ! Qu'est-ce qu'on vous a dit au bureau ?
Carl secoua lentement la t�te. Puis il posa ses bagages et alla en silence d�tailler la liste � la lumi�re des phares. Effectivement, son nom n'y figurait pas. Il retourna la feuille, mais le dos �tait vierge, � part l'en-t�te de la Compagnie. Il la rendit � Forester.
- Et c'est le dernier groupe ? s'enquit-il.
- Oui, � part le camion des ouvriers, qui partira demain ou apr�s-demain. Naturellement, reprit-il apr�s un silence, il se peut que...

Revue de presse :

Voici venir en France son tout premier manuscrit achev� entre 1949 et 1950, le volumineux Gather Yourselves Together, finalement publi� en 1994 par WCS Books. O Nation sans pudeur, de son titre fran�ais, met en sc�ne un huis clos entre trois personnes rest�es g�rer la transition dans les locaux d'une soci�t� am�ricaine en Chine, apr�s la victoire des communistes de Mao Zedong en 1949. Roman introspectif dans l'attente de l'�v�nement � venir, exutoire personnel et relationnel dans une construction gigogne perturbante et souvent barbante. Si la structure, les tunnels de flash-backs et les dialogues filandreux sont � mettre au compte de la maladresse d'un premier roman, on peut y d�nicher en germe des probl�matiques dickiennes. (Fr�d�rique Roussel - Lib�ration du 12 avril 2012)

� nation sans pudeur se d�roule en Chine lors de la proclamation de la R�publique populaire et raconte l'histoire de trois employ�s am�ricains charg�s de transmettre au nouveau gouvernement un complexe industriel nationalis� ; c'est un huis clos dans un lieu d�sert, travers� de sourdes tensions sexuelles, o� Dick, �g� de 22 ans, �bauche quelques-unes des images-concepts qui hanteront son oeuvre...
La valeur du livre, cependant, r�side moins dans cet inventaire de motifs promis � un bel avenir que dans le renversement de perspectives auquel il nous oblige. Car c'est au nom de la science-fiction de Philip K. Dick que la lecture de � nation sans pudeur se justifie. C'est parce que les d�lires sp�culatifs dickiens sont devenus, avec le recul, si d�cisifs qu'il para�t souhaitable d'aller chercher leur source dans un roman classique. Autrement dit : c'est la contre-culture qui lit ici, � l'aune de son esth�tique propre, la culture r�put�e dominante et, du coup, la contamine. (Serge Lehman - Le Monde du 26 avril 2012)

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.