Avis non autoris�s... - Couverture souple

Fran�oise Hardy

Couverture souple

ISBN 10 : 2290130125 ISBN 13 : 9782290130124

Editeur : J'AI LU, 2016

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Extrait :

En qu�te de vieux documents, je suis tomb�e sur des photos prises il y a une trentaine d'ann�es � l'occasion d'un anniversaire o� la famille de mon mari et la mienne - se bornant � ma m�re - �taient r�unies. Parents et beaux-parents, �g�s alors de soixante � soixante-dix ans, esquissaient le m�me sourire vague et sans joie, t�te baiss�e et regard �teint. C'�tait si frappant que je ne pouvais pas ne pas le remarquer � l'�poque, mais j'�tais jeune encore et les questions d�rangeantes qui m'�taient venues � l'esprit avaient vite �t� occult�es par d'autres pr�occupations.
Maintenant que j'ai atteint cet �ge dit respectable, v�n�rable ou avanc�, je d�couvre � mon tour l'�preuve du vieillissement. C'est une telle d�vastation � tous les niveaux que si la conscience en existait quand cet ultime passage oblig� semble encore loin, personne ne souhaiterait mourir le plus tard possible. Et pourtant, dans leur grande majorit�, les personnes �g�es ont rarement envie de mourir, � moins d'�tre diminu�es ou malades � un degr� insupportable. Elles arrivent m�me � entretenir l'espoir utopique de mieux se porter et � oublier en partie l'imminence effrayante de la fin du tragique sursis de leur br�ve existence terrestre.
Vieillir, c'est subir la d�ch�ance d'un corps qui, en m�me temps qu'il fonctionne de moins en moins bien, s'ab�me, se d�forme, se d�nature de plus en plus... Non seulement on ne le reconna�t plus, non seulement ses dysfonctionnements rendent le quotidien difficile, mais la honte, parfois m�me le d�go�t qu'il vous inspire provoquent une r�ticence presque insurmontable � consulter dentistes et m�decins - le gyn�cologue et le dentiste en premier lieu - quand il le faudrait pourtant.
Ces changements �prouvants contribuent � r�duire la vie relationnelle. L'augmentation du nombre des ann�es va de pair avec la rar�faction progressive des coups de fil et des mails. La retraite, qui implique l'absence d'activit�s et de perspectives excitantes � communiquer, y est pour beaucoup, ainsi que le d�c�s ou l'exil g�ographique de nombreux coll�gues ou amis. Ceux qui restent s'int�ressent moins � vous, de m�me que l'on s'int�resse moins � eux : on se conna�t trop et l'affection ne suffit pas toujours � surmonter l'agacement provoqu� d'un c�t� comme de l'autre par une in�vitable pr�visibilit�... Sans parler du miroir attristant de la d�ch�ance acc�l�r�e que l'on se tend les uns aux autres...
Comment la sociabilit� ne serait-elle pas en chute libre d�s lors que la d�gradation du corps et une fatigabilit� grandissante, quand ce n'est pas la progression d'une pathologie, ralentissent, handicapent, inf�riorisent, incitant � appr�hender toute sortie au point de pr�f�rer rester confin� chez soi ? Quand on est jeune, on n'imagine pas les difficult�s motrices du troisi�me �ge susceptibles de rendre cauchemardesques les mont�es et descentes d'escalier, ni les d�sordres digestifs : quand ils ne vous isolent pas totalement, ils impliquent des r�gimes draconiens, p�nibles � respecter et impossibles � imposer � des h�tes �ventuels.
(...)

Pr�sentation de l'�diteur :

Parce que son coeur n'est pas en silex, Fran�oise Hardy met le feu quand elle passe au crible notre soci�t� contemporaine. Dans un livre compos� de messages personnels, elle �voque sans concession la vieillesse, sa vieillesse, la d�cr�pitude des corps... Elle qui a �t� l'ic�ne androgyne et longiligne des sixties. Il faut avoir un courage d'�crivain pour se confronter ainsi � son propre corps. Dans une �poque qui se refuse � vieillir, elle convoque la belle figure voltairienne d'Emmanuel Berl, avec qui elle s'est souvent entretenue pour raconter sa souffrance, la maladie, le parcours du combattant aupr�s des m�decins et parfois de charlatans en tout genre. Michel Leiris a �crit L'Age d'homme et compar� la litt�rature � la tauromachie. Ici Fran�oise Hardy nous livre l'�ge d'une femme et encorne tout ce qui la r�vulse aujourd'hui : les mensonges, religieux ou politiques, les id�ologies, le sectarisme et le spectaculaire. Elle y avoue aussi son admiration pour certains hommes publics comme Michel Rocard, Nicolas Hulot, Alain Jupp�, Hubert V�drine, ou parle de ses rencontres avec ces hommes qui semblent �chapper aux partis politiques, d�quille ceux qui l'agacent comme C�cile Duflot ou Fran�ois Hollande. Mais ce livre est aussi une d�claration d'amour � la litt�rature, aux �crivains qu'elles aiment comme Stefan Zweig, Scott Fitzgerald, Modiano, dr�lerie d'un d�ner avec le r�cent prix Nobel de litt�rature qui ne parvient pas � d�boucher une bouteille de vin ou Michel Houellebecq, admirateur de ses chansons. Bien �videmment sa passion pour l'astrologie et la spiritualit� impr�gne ce livre o� se m�lent souvenirs personnels avec chanteurs, couturiers, idoles des sixties et digressions sur l'�conomie et la politique. Appara�t ici toute la sensibilit� � fleur de peau d'une artiste qui pr�f�re la solitude, la beaut�, � la foire aux vanit�s.

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.