Extrait :
Extrait de l'introduction :
Etoile mon frère,
Terre ma mère,
Soleil mon père,
Lune ma soeur,
A ma vie, donnez la beauté,
A mon corps, donnez la force,
À mon maïs, donnez la santé,
A mon esprit, donnez la vérité,
A mes Anciens, donnez la sagesse.
Source inconnue
Ces mots d'une prière indienne se font l'écho de besoins universels : nous devons nous nourrir, nous abriter, notre vie doit pouvoir s'épanouir dans la paix, la vérité, la sagesse. Ils disent que l'homme est lié à la terre et à l'univers.
C'est en explorant les archives, en questionnant, en réfléchissant, en étudiant, qu'on atteint la sagesse et la vérité. Deux activistes indiens, Glenn Morris et Russel Means, expliquent que, contrairement à la tradition occidentale, qui suppose l'existence d'un concept absolu de vérité objective et, en conséquence, une description «factuelle» de l'histoire, la conception indigène admet qu'il existe de multiples vérités dans le monde et de nombreux souvenirs légitimes de chaque événement historique, selon les opinions et les expériences de chacun.
Ainsi, il existe au moins deux modes d'explication des origines des Amérindiens modernes. Le premier prend sa source dans la tradition et la spiritualité de chacune des tribus. Chacune a son histoire de l'émergence et de la création qui raconte comment le «Peuple» est venu au monde et a appris à y survivre. La deuxième voie, celle de l'archéologue, nous est plus familière ; elle a donné lieu à de multiples publications décrivant comment les scientifiques tentent de reconstituer la vie des lointains ancêtres des Amérindiens grâce aux fouilles, à la datation au carbone 14, la dendochronologie, la glottochronologie... Malheureusement pour les archéologues, les matériaux utilisés, comme le bois ou les peaux, étaient souvent périssables et ne sont plus là pour témoigner de la vie d'autrefois. Les grottes sèches du Sud-Ouest américain en revanche ont bien préservé des objets par ailleurs périssables. Les chercheurs y ont trouvé du bois, du cuir, des textiles, même des cheveux humains en parfait état de conservation.
Pueblo et anthropologue contemporain, Alfonso Ortiz décida de décrire la vision du monde des Tewa après avoir constaté que les nombreux ouvrages écrits sur les Pueblo étaient souvent erronés. Il a peut-être rétabli la priorité pour les autochtones entre ces deux démarches en déclarant :
Mais un Tewa ne s'intéresse pas beaucoup au monde des archéologues... Un Tewa s'intéresse à notre propre histoire des origines, car elle contient tout ce que nous avons besoin de savoir sur notre peuple et comment nous devrions vivre en tant qu'êtres humains. Notre histoire définit notre société. Elle me dit qui je suis, d'où je viens.
On n'écrit pas l'histoire des Amérindiens comme on écrirait l'histoire des Français, des Grecs, ou encore des Anglais et d'autres peuples européens. Tout d'abord, les Amérindiens ne sont pas un peuple, mais beaucoup de nations, de peuples, de bandes, de tribus parlant presque autant de langues différentes, pratiquant des rites, des croyances, des activités économiques diverses. Il faudrait donc écrire l'histoire de chacun de ces groupes pour couvrir l'ensemble de l'Amérique du Nord et y ajouter les peuples qui, bien plus tard que les premiers Américains, sont venus explorer, envahir le nouveau continent qu'ils venaient de découvrir alors qu'ils se croyaient en Inde.
Les Amérindiens n'offrent pas à l'historien des sources comparables à celles qu'ont échafaudées les peuples européens. Ils n'ont adopté l'écriture que très tard, après avoir, pour quelques-uns d'entre eux, inscrit par des signes, des pictogrammes, des images, des morceaux de leur histoire sur des peaux, des pierres, de la roche ou des morceaux de bois ainsi que dans des récits, des moyens mnémotechniques, des chants, des légendes, des lieux devenus «lieux de mémoire».
Présentation de l'éditeur :
Cette histoire des Indiens des États-Unis commence avant que Christophe Colomb n'ait accosté aux rivages d'un autre Ancien Monde et prend fin sur une tentative d'esquisser un tableau de la vie des Indiens aujourd'hui, au sein de la société majoritaire. Il apparaîtra qu'au fil du temps, la politique fédérale a été contradictoire, passant de périodes d'assimilation forcée, avec la création des réserves, la Loi de Morcellement, la dramatique période de Terminaison, grâce à laquelle l'État fédéral pensait se dégager de son devoir de tutelle, et des périodes de rétablissement tribal avec la Loi de Réorganisation Indienne de John Collier dans les années 1930, et les Droits Civils Indiens de 1968. Quels sont leurs choix pour aujourd'hui et pour demain ? Ils luttent pour faire revivre leurs traditions culturelles tout en participant de la mondialisation. Leur vie et leurs problèmes sont, à bien des égards, semblables à ceux de nombreux autres citoyens américains. Cependant, en dépit de la manne apportée par les casinos indiens pour certaines tribus, la pauvreté règne encore souvent chez des peuples qui ont une relation unique avec le gouvernement fédéral américain.
Marie-Claude FELTES-STRIGLER a publié plusieurs ouvrages sur la Nation navajo et a contribué à des revues et ouvrages multi-auteurs sur les cultures indiennes, que ce soit sur l'économie, la religion ou la langue, grâce à des séjours réguliers sur le terrain. Elle est actuellement maître de conférences à l'Université de Paris III - Sorbonne Nouvelle.
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