Extrait :
LA VIE D JEAN-HENRI FABRE
DE L'AVEYRON AU VAUCLUSE (1823-1842)
Jean-Henri Fabre est né le 21 décembre 1823 dans un village du Haut-Rouergue : Saint-Léons (Aveyron). Il est confié très tôt à ses grands-parents paternels, qui exploitent une petite ferme au hameau de Malaval.
«Gens de la terre et n'ayant jamais ouvert un livre de leur vie, mes aïeux paternels cultivaient un maigre bien sur l'échiné granitique et froide du plateau rouergat. La maison, isolée parmi les genêts et les bruyères, sans voisin aucun bien loin à la ronde, de temps en temps visitée des loups, était pour eux l'orbe du monde. A part quelques villages des alentours, où les jours de foire se conduisaient les veaux, le reste n'était connu, et très vaguement, que par ouï-dire. Dans cette sauvage solitude, les bas-fonds tourbeux, à fondrières tremblantes, d'où suintaient des eaux irisées, fournissaient herbage dru aux vaches, principale richesse. En été, sur les pentes à courte pelouse, parquaient nuit et jour les moutons, protégés contre la bête de rapine par une enceinte de claies soutenues avec des fourches. [,..] La rudesse du climat ne permettait pas le même essor à l'agriculture. En saison propice, on mettait le feu à quelque lande hérissée de genêts, et l'araire passait sur le sol fertilisé par les cendres de l'incendie. Ainsi s'obtenaient quelques arpents de seigle, d'avoine, de pommes de terre. Les meilleurs coins étaient réservés au chanvre, qui, fournissant aux quenouilles et aux fuseaux de la maison les matériaux de la toile, était pour la grand-mère la récolte privilégiée. L'aïeul était donc avant tout un pasteur versé dans les choses de la vacherie et de la bergerie, mais d'une complète ignorance sur le reste. Ah ! mais non, les jeux de l'enfance passés, il n'eût pas fait bon élever la sauterelle et déterrer le bousier dans son entourage.»
Extrait de la VIe Série, chapitre III
À l'âge de sept ans, le petit Jean-Henri est de retour à la maison paternelle, dans son cher village de Saint-Léons. Au moment où il évoque ces souvenirs, Fabre est septuagénaire. Il note avec mélancolie que les premières impressions laissent en notre esprit une empreinte indélébile, que les années avivent au lieu d'émousser.
«Je suis à fond mon village, depuis si longtemps abandonné ; j'ignore presque les villes où m'ont conduit les hasards de la vie. Un lien d'exquise douceur nous rattache au sol natal ; nous sommes la plante qui ne quitte pas sans déchirures le point où ses premières racines ont poussé. Tout pauvre qu'il est, j'aimerais à revoir mon cher village ; je voudrais y laisser mes os. [...] Les événements pâlissent devant le souvenir du jardin paternel, jardinet suspendu, long de trente pas, large de dix et situé tout là-haut, au sommet du village. Seule le domine une petite esplanade où se dresse le vieux château à quatre tours devenues colombiers.»
Extrait de la VIIIe Série, chapitre VIII
Présentation de l'éditeur :
" Si j'écris pour les savants, pour les philosophes qui tenteront un jour de débrouiller un peu l'ardu problème de l'instinct, j'écris aussi, j'écris surtout, pour les jeunes, à qui je désire faire aimer cette histoire naturelle... " Jean-Henri Fabre Dans ce bel ouvrage, le lecteur s'abandonnera avec plaisir à la découverte d'une partie de l'œuvre de Jean-Henri Fabre, grand entomologiste disparu il y a un siècle. Dans l'objectif d'Yves Lanceau, photographe animalier, les insectes d'un autre temps de Jean-Henri Fabre prennent vie, et se mélangent avec bonheur aux illustrations originales. Jean-Henri Fabre fut un éthologue et écologiste avant l'heure, qui a su communiquer son enthousiasme et ses connaissances avec poésie dans ses récits, traduits en 15 langues.
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