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Extrait :
Paris, dix heures trente du matin. Un grand hôtel du huitième arrondissement, à proximité des Champs-Elysées. Barbara Brown était réveillée depuis une petite heure et travaillait sur son ordinateur portable, dans son lit, en nuisette bleue. Elle envoyait des mails par Internet, répondait à d'autres. Elle n'avait pas encore mis ses lentilles de contact et portait ses lunettes demi-lune à montures dorées. À côté d'elle, sur un plateau, un bol de thé fumait. Hier soir, elle s'était empiffrée de sushis et de makis à l'occasion d'un repas à l'ambassade du Japon et elle ne les avait pas encore digérés. Dès son réveil, elle avait téléphoné à la réception de l'hôtel pour qu'on ne vienne surtout pas lui apporter le petit-déjeuner complet au lit.
Aujourd'hui, dimanche 15 novembre 1999, était un jour important. Barbara devait présider en début d'après-midi l'assemblée générale annuelle de son organisation secrète, les Hystérocrates. La réunion débuterait vers quatorze heures dans un hôtel particulier du seizième arrondissement. En tant que présidente, elle devait arriver un peu en avance. Une voiture avec chauffeur était commandée pour treize heures. Barbara avait fini de checker ses mails. Avec un léger sourire, elle relut une dernière fois une lettre d'amour anonyme reçue dans la nuit. Elle se doutait bien que son émetteur n'était autre que Mustapha, un homme d'affaires ami de son mari qui la courtisait et qu'elle s'amusait à faire tourner en bourrique. Elle effaça le mail en se gardant bien d'y répondre. Puis elle referma son portable, mit aux pieds ses pantoufles roses avec des plumes et se dirigea vers la salle de bains à travers les deux cents mètres carrés de la suite présidentielle. Elle se pencha vers les robinets en or du jacuzzi en forme de coeur et commença à faire couler de l'eau.
Présentation de l'éditeur :
Aujourd'hui, dimanche 15 novembre 1999, était un jour important. Barbara devait présider en début d'après-midi l'assemblée générale annuelle de son organisation secrète, les Hystérocrates. La réunion débuterait vers quatorze heures dans un hôtel particulier du seizième arrondissement. En tant que présidente, elle devait arriver un peu en avance. Une voiture avec chauffeur était commandée pour treize heures. Barbara avait fini de checker ses mails. Avec un léger sourire, elle relut une dernière fois une lettre d'amour anonyme reçue dans la nuit. Elle se doutait bien que son émetteur n'était autre que Mustapha, un homme d'affaires ami de son mari qui la courtisait et qu'elle s'amusait à faire tourner en bourrique. Elle effaça le mail en se gardant bien d'y répondre. Puis elle referma son portable, mit aux pieds ses pantoufles roses avec des plumes et se dirigea vers la salle de bains à travers les deux cents mètres carrés de la suite présidentielle. Elle se pencha vers les robinets en or du jacuzzi en forme de coeur et commença à faire couler de l'eau.
- J'en ai marre de ces soirées. Il faut toujours se définir positivement par des qualités socialement admises, répondit Lucien.
- Et comment veux-tu faire pour lier connaissance ? Il faut bien dire qui on est ! Comment faire autrement ?
- Je ne sais pas. Mais avant d'être ceci ou cela, avant tout, je ne suis rien. Ou plutôt, je suis un potentiel évolutif, un mouvement virtuel. C'est ce que la psychanalyse nous a enseigné. Et avant elle, Pascal et Nietzsche.
«Ça y'est ! Il recommence à délirer !», pensa Ahmed. Il rétorqua :
- Ok, mais la philo c'est bon à la fac. En dehors ça sert à rien. Si on te demande ce que tu fais dans la vie, tu peux pas répondre : «Je suis un potentiel évolutif».
- Mais c'est la vérité !
- Oui, mais dans une soirée, on ne te demande pas de dire la vérité ! On est pas au tribunal. On te demande seulement de dire ce que tu fais dans la vie, de plaisanter un peu, etc. Ce sont les règles de base de la communication.
- Le problème c'est que je ne fais rien. Il ne se passe rien dans ma vie. Je n'ai rien à dire sur ce sujet.
- Tu n'as qu'à dire d'où tu viens. C'est souvent ça dans les soirées avec les étrangers, chacun parle de ses origines. C'est intéressant.
- L'origine ne définit pas l'identité.
Ahmed commençait à s'énerver. «Il'me fait chier ! Ce mec est indécrottable !»
- Et comment veux-tu faire pour lier connaissance ? Il faut bien dire qui on est ! Comment faire autrement ?
- Je ne sais pas. Mais avant d'être ceci ou cela, avant tout, je ne suis rien. Ou plutôt, je suis un potentiel évolutif, un mouvement virtuel. C'est ce que la psychanalyse nous a enseigné. Et avant elle, Pascal et Nietzsche.
«Ça y'est ! Il recommence à délirer !», pensa Ahmed. Il rétorqua :
- Ok, mais la philo c'est bon à la fac. En dehors ça sert à rien. Si on te demande ce que tu fais dans la vie, tu peux pas répondre : «Je suis un potentiel évolutif».
- Mais c'est la vérité !
- Oui, mais dans une soirée, on ne te demande pas de dire la vérité ! On est pas au tribunal. On te demande seulement de dire ce que tu fais dans la vie, de plaisanter un peu, etc. Ce sont les règles de base de la communication.
- Le problème c'est que je ne fais rien. Il ne se passe rien dans ma vie. Je n'ai rien à dire sur ce sujet.
- Tu n'as qu'à dire d'où tu viens. C'est souvent ça dans les soirées avec les étrangers, chacun parle de ses origines. C'est intéressant.
- L'origine ne définit pas l'identité.
Ahmed commençait à s'énerver. «Il'me fait chier ! Ce mec est indécrottable !»
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- ÉditeurScali
- Date d'édition2006
- ISBN 10 2350120554
- ISBN 13 9782350120553
- ReliureBroché
- Nombre de pages299
(Aucun exemplaire disponible)
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