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Eloge de l'ombre avec 2 CD audio - Couverture souple

 
9782350213514: Eloge de l'ombre avec 2 CD audio
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Extrait :
Extrait de la préface

En 1910, Tanizaki Junichirô, alors âgé de vingt-quatre ans, publiait sa première oeuvre dans une revue qu'il venait de fonder avec un groupe de camarades. C'était une courte nouvelle, intitulée Le Tatouage et qui ne ressemblait en rien à ce que publiaient alors les auteurs à la mode : le style nerveux, la concision, le cynisme cruel de ce conte étaient aussi éloignés, en effet, du néoromantisme larmoyant que du naturalisme verbeux qui s'étaient jusque-là partagé les faveurs du public. Déconcertée, la critique gardait un silence méprisant ; il fallut, pour le rompre, l'intervention de deux écrivains des plus illustres, Mori Ogaï et Nagaï Kafû, qui proclamèrent leur estime pour le nouveau venu. Parrains inattendus en vérité et bien dissemblables : Mori Ogaï, directeur des Services de santé militaires et romancier, avait rapporté d'Allemagne, vers 1890, des conceptions littéraires «romantiques» qui devaient faire de lui l'adversaire déclaré et véhément du mouvement «naturaliste» dont Nagaï Kafû, qui se voulait disciple de Zola, était précisément le porte-drapeau.
Telles étaient donc les auspices contradictoires sous lesquelles débuta la carrière de Tanizaki, carrière fertile par la suite en paradoxes, et résolument non conformiste. Car il restera toujours étranger à toutes les écoles et tendances littéraires, réfractaire à tous les engagements politiques de droite aussi bien que de gauche, pour construire, solitaire, mal compris et souvent calomnié, une oeuvre exceptionnelle et ne ressemblant à nulle autre. Les critiques, désespérant de pouvoir jamais le ranger dans les catégories admises, imaginaient, faute de mieux, des étiquettes faites sur mesure, et qui parfois se voulaient insultantes. Lui s'en amusait et les reprenait à son compte comme un défi.
On l'accusait de «diabolisme» : il en rajouta afin de bien persuader les dignes moralistes de l'insondable noirceur de son âme, mais il en faisait tant que l'on cria au «charlatanisme» ; bon diable, il en convint, en laissant entendre à mi-voix qu'il s'était affublé, pour faire peur, d'un de ces masques grimaçants que l'on voit aux diables des farces moyenâgeuses. Ses ennemis découvrirent enfin qu'il s'était rendu coupable d'«esthétisme» ; cette fois, ils avaient touché plus juste, mais l'injure sans doute le flattait car, jusqu'à la fin de ses jours, il ne lui déplaisait point de s'entendre qualifier d'esthète, même et surtout si l'on ajoutait : «décadent».
Mais lui-même se garde bien de polémiquer; pendant une quinzaine d'années, il va tâter le terrain, fourbir ses armes, polir son style, en déployant une activité prodigieuse, en s'essayant aux genres les plus divers ; les nouvelles et les feuilletons se suivent, mais surtout les pièces de théâtre : trois pour la seule année 1922 ; il s'intéresse au cinéma, il traduit Oscar Wilde ; de-ci de-là apparaît déjà ce qui sera la manière de sa maturité, par exemple dans cet admirable poème en prose qu'est «Le souvenir de ma mère», en 1919.
Présentation de l'éditeur :
«Car un laque décoré à la poudre d'or n'est pas fait pour être embrassé d'un seul coup d'oeil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l'un ou l'autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l'ombre, il suscite des résonances inexprimables.
De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l'agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d'air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l'homme à la rêverie. N'étaient les objets de laque dans l'espace ombreux, ce monde de rêve à l'incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination. Ainsi que de minces filets d'eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l'un ici, l'autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d'or.»

Publié pour la première fois en 1978 dans l'admirable traduction de René Sieffert, ce livre culte est une réflexion sur la conception japonaise du beau.

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  • ÉditeurNaïve Livres
  • Date d'édition2014
  • ISBN 10 235021351X
  • ISBN 13 9782350213514
  • ReliureBroché
  • Evaluation vendeur

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