Le syndrome Kafka - Couverture souple

Galindo, Alain

Couverture souple

ISBN 10 : 2350490203 ISBN 13 : 9782350490205

Editeur : Le Léopard Masqué, 2007

Synopsis

1

A propos du livre

Extrait :

SANS PASSER PAR LA CASE DÉPART

Robin vit les bâtiments au loin et ses pieds lui firent un peu plus mal. Trop loin. D'ici ils n'étaient que trois misérables petits immeubles plantés en triangle et distants d'à peine une centaine de mètres les uns des autres, juste de quoi aménager une grande place au milieu. Les bâtisses ne devaient pas monter à plus de douze mètres, un peu plus larges que hautes.
Quand au bout de quelques minutes Robin dépassa la première, portant le numéro 3, il s'aperçut que celle-ci tombait en ruine. La façade se détachait par lambeaux, certains volets pendaient, les fenêtres manquaient de vitrage par endroits et dans l'ensemble, un bon coup de peinture aurait été plus que nécessaire.
Sur les balcons, à côté de quelques fleurs magnifiquement entretenues, accroché à un fil cédant sous le poids, pendait du linge délavé, distendu, déformé, usé, il s'étirait au soleil, séché sur place. La vieille porte de l'immeuble, en pin massif, sans sculpture ni fioriture, restait entrouverte, arrêtée par le gonflement du bois, sûrement au niveau du sol en ciment qui s'effritait. Les boîtes aux lettres ne fermaient plus pour la plupart, déformées, tordues, forcées.
Sur un balcon, une mamie un peu grosse se penchait au-dessus de la rambarde pour regarder vivre les gens sur la place vide. Elle se tenait immobile, habillée d'une vieille robe aux couleurs fanées, peut-être d'origine, les bras croisés sur le fer forgé rouillé. Elle ne réagit même pas au passage de Robin et ne semblait pas non plus particulièrement absorbée par ses pensées. Après tout, seul un routard traversait la place, les pieds en feu à cause des chaussures neuves qu'il portait depuis ce matin.
Une place triangulaire avec un jet d'eau en son milieu, des immeubles autour et une grande pendule ronde en haut d'un poteau dans un angle, près d'un banc. Robin repéra le banc à l'ombre et s'y installa. Il posa son sac à dos, en sortit une bouteille thermos et se servit un café.
Un homme traversa la place pour aller vers l'immeuble en ruine. Il portait un vieux costume beige taillé sur mesure qui le faisait paraître plus grand et plus mince qu'il ne l'était réellement. Ses cheveux noirs trop longs lui donnaient l'allure d'un intellectuel croulant sous le travail. En voyant Robin, il obliqua vers le banc. Il avança d'un pas hésitant. Il le regarda dans les yeux, à une distance de vingt mètres. Il s'arrêta. Reprit sa marche. S'arrêta encore. Il leva une main comme pour faire un signe, laissa un instant sa main en suspens, puis il continua son geste vers le crâne et se gratta. Robin but une gorgée de café. L'homme redescendit sa main et, mine de rien, fit un discret bonjour avec.

Présentation de l'éditeur :

Le gardien vint voir son prisonnier au sujet de l ancien détenu, mort la veille dans sa cellule: - Je suis bien embêté, je ne trouve pas de formulaire pour le cas d'un infarctus en prison. Le prévenu comprenait. Il éviterait d'en avoir un. - En revanche, il existe un formulaire pour les morts violentes: j'ai bien la solution de le tabasser maintenant et de vous accuser de l'avoir tué, mais j'hésite. - J'en ferais tout autant. - Ou encore, on maquille l'affaire en suicide posthume grâce au formulaire Sui-6-Bis. D un commun accord, la dernière solution fut retenue. Seul problème, l'administration demandait la signature du suicidé. Alain Galindo nous livre ici une satire grinçante, parabolique et originale d une administration aux rouages mal huilés, décrite dans un univers à la Ubu. Surréalisme, humour et poésie sont l apanage de ce roman. Atypique et corrosif,il ravira les amateurs de Raymond Queneau, Boris Vian et Alfred Jarry.

À propos de cette édition

• Éditeur: Le Léopard Masqué
• Date d'édition: 2007
• ISBN 10: 2350490203
• ISBN 13: 9782350490205
• Reliure: Broché
• Nombre de pages: 192