CONSTANTIN CAVAFY N 1010 1011 JUIN JUILLET 2013

Maria Tsoutsoura; St�phane Sawas; Collectif

ISBN 10 : 2351500571 ISBN 13 : 9782351500576

Editeur : REVUE EUROPE, 2013

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Extrait :

� LA BANQUE DE L'AVENIR...

... je placerai, moi, / tr�s peu d'effets.
C.P. Cavafy, �La Banque de l'Avenir�,
janvier 1897

Grec cosmopolite, impr�gn� des sensibilit�s de l'Orient, Constantin Cavafy (1863-1933) naquit et v�cut � Alexandrie. Sa po�sie, qui interroge la rencontre dramatique de l'individu avec le temps, exprime l'osmose des diff�rentes cultures fondues dans l'humanisme ; elle r�active la langue grecque, m�re de trente si�cles de pratique, et s'inspire beaucoup du monde hell�nistique qui, depuis Alexandre le Grand, s'est d�ploy� sur les trois continents de la M�diterran�e orientale pour se prolonger au-del� de l'empire byzantin. � travers une exp�rience transparente et intense du pr�sent, le pass� ouvre ainsi la tradition litt�raire europ�enne de la fin de si�cle sur le monde � venir.
Cavafy est lu aujourd'hui dans le monde entier. Son rayonnement posthume offre un exemple �tonnant, puisqu'il n'a publi� aucun livre de son vivant, pr�f�rant diffuser ses po�mes sur de rares feuilles volantes parfois r�unies en plaquettes r�serv�es � des destinataires choisis. Lui-m�me bilingue (scolaris� dans son enfance en Angleterre, le po�te sera courtier � la bourse et fonctionnaire dans l'administration britannique), il refuse en 1923 de se faire �diter en anglais. Meurtri cette m�me ann�e par le d�c�s de son fr�re John, jusque-l� son traducteur, bless� par l'hostilit� des intellectuels ath�niens et se trouvant indirectement contraint de contourner la Gr�ce, Cavafy est sans doute contrari� aussi par l'exclusion de ses po�mes �rotiques d'inspiration homosexuelle dans le projet d'�dition londonien. Mais peut-�tre consid�re-t-il par ailleurs, comme il en a avanc� le pr�texte, que son oeuvre n'est pas encore aboutie...
La r�v�lation de Cavafy, qui sort de ses tiroirs au tournant du si�cle � peu pr�s un po�me par an, est donc lente et probl�matique. La belle �dition alexandrine posthume de ses cent cinquante-quatre po�mes, qui para�t en 1935 � tirage limit�, est vite �puis�e dans un monde bient�t boulevers� par la guerre. Leur traduction anglaise par John Mavrogordato, professeur de grec � Oxford, para�t en 1951 chez Hogarth Press. Entre-temps, un r�seau d'�crivains, parmi lesquels Andr� Gide et Raymond Queneau, fait aboutir en 1958 chez Gallimard la traduction fran�aise de Yourcenar-Dimaras, pr�c�d�e de quelques mois aux Belles Lettres par celle de Georges Papoutsakis, Grec d'Alexandrie, qui avait jadis collabor� avec Cavafy � ce propos. Ce n'est qu'en 1963 (trentenaire de la mort du po�te), lors de la vente de ses archives � Ath�nes, que voit le jour sa premi�re �dition usuelle grecque, dont les br�ves notices � la fin du volume font toujours penser aux pr�c�dents parisiens.
Les traductions de Cavafy se multiplient d�s lors dans le monde entier, souvent par le biais du fran�ais ou de l'anglais. L'instrumentalisation de son po�me �En attendant les barbares� et les innombrables r��critures auxquelles il donne lieu pour des causes diverses ne r�duisent pourtant pas la port�e de cette all�gorie, dont la forme dialogu�e tient peut-�tre de l'antistrophe antique. Le monde postcolonial en qu�te d'une identit�, l'Europe tourment�e par les conflits id�ologiques, Wall Street assaillie par la menace terroriste ', s'interrogent toujours : viendront-ils ou seraient-ils d�j� partis en laissant la peur gouverner � leur place... ? Ces barbares ressemblent, en fin de compte, � notre propre reflet dans le miroir, dont on pr�f�re souvent faire abstraction.
La r�flexion politique de Cavafy, sur laquelle il avait lui-m�me suscit� une �tude d�s 1926, attire bient�t l'attention. En 1946, dans la Gr�ce d�chir�e par la guerre civile, une conf�rence du po�te diplomate Georges S�f�ris, Grec de Smyrne, reconna�t que les r�f�rences historiques de l'Alexandrin font �cho aux �v�nements contemporains ; elle a lieu au British Council d'Ath�nes, dirig� par Rex Warner, auteur de la pr�face � la premi�re �dition londonienne de Cavafy. Le romancier marxiste Stratis Tsirkas, Grec d'�gypte, rapproche la Pax britannica de la Pax romana vue par le po�te alexandrin qui propose ainsi une inversion drastique de perspective en red�finissant l'Antiquit� selon les termes de la modernit�. D�s l'introduction � la premi�re �dition new-yorkaise de Cavafy en 1961, W.H. Auden insiste en effet sur l'ironie politique de ses vers. Consid�r� de son vivant par Nicos Kazantzakis comme la �fleur sans graine� d'un monde finissanL suppos� reclus dans une tour d'ivoire, Cavafy parle cependant aux faibles et aux forts. Int�gr� en 1994 � la messe fun�bre de Jacqueline Kennedy-Onassis (double veuve de deux dynasties �maudites� du XXe si�cle), r�cit� en 2004 par Sean Connery (James Bond c�l�bre � l'�cran), son po�me �Ithaque� observe la conscience moderne jusque dans les salons inaccessibles du pouvoir.

Pr�sentation de l'�diteur :

Grec cosmopolite, impr�gn� des sensibilit�s de l'Orient, Constantin Cavafy (1863-1933) naquit et v�cut � Alexandrie. Il aimait cette ville aux contrastes aigus, il subissait son emprise, il la recherchait m�me. Tout en interrogeant la rencontre dramatique de l'individu avec le temps, sa po�sie exprime l'osmose des diff�rentes cultures fondues dans l'humanisme. Elle r�active la langue grecque, m�re de trente si�cles de pratique, et m�dite sur les vicissitudes du monde hell�nistique qui, depuis Alexandre le Grand, s'est d�ploy� sur les trois continents de la M�diterran�e orientale pour se prolonger au-del� de l'empire byzantin. C'est � travers l'ample syncr�tisme de ses r�miniscences culturelles que Cavafy parvient � saisir la condition humaine au coeur de ses dilemmes. Mais tout autant que la subtilit� de son sens historique, la discr�tion lucide avec laquelle il traite sa propre exp�rience intime exerce une fascination durable. Sous le calme d'une sobri�t� impeccable �rig�e au rang de discipline de vie, sa po�sie n'est d�nu�e ni de passion ni d'ironie corrosive. Sa dimension conceptuelle s'harmonise avec un lyrisme qui �pouse la souplesse du raisonnement et de l'�locution famili�re. Cavafy est lu aujourd'hui dans le monde entier. Son rayonnement posthume offre un exemple �tonnant, puisqu'il n'a publi� aucun livre de son vivant, pr�f�rant diffuser ses po�mes sur de rares feuilles volantes parfois r�unies en plaquettes r�serv�es � des destinataires choisis. Il fallait beaucoup d'abn�gation, beaucoup de confiance, pour abandonner ses feuillets imprim�s entre des mains amies, certes, mais fugitives, au lieu de construire lui-m�me son mausol�e de grand �crivain.

CONSTANTIN CAVAFY
Maria Tsoutsoura, Gr�goire X�nopoulos, E.M. Forster, Gaston Zananiri, Napol�on Lapathiotis, W.H. Auden, Georges S�f�ris, Constantin Cavafy, Dominique Grandmont, Edmund Keeley, Kiki Dimoula, Thanassis Hatzopoulos, Constantin Giannaris, St�phane Sawas, Anne-Rachel Hermetet, Lucile Amoux-Farnoux, Kadhim Jihad Hassan, Nassos Vay�nas, Piotr Bilos, Marie Vrinat-Nikolov.

LA GR�CE AU COEUR
Yannis Stavrakakis, Claude Moss�, Thanassis Hatzopoulos, Ersi Sotiropoulos, Tassos Kaloutsas, Nicos Panayotopoulos.

CAHIER DE CR�ATION
Takis Sinopoulos � Aies Steger � Letitja Ilea � Vladimir Makanine.

CHRONIQUES

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