Extrait :
Extrait du prologue :
Février 1931.
Ancien chantier naval de Vlaardingen (Pays Bas).
Encore l'attente.
Des heures de souffrance à croupir dans ce remugle huileux, glacial, à écouter le frémissement du vent sur la toiture de tôle. La faim, le froid et cette saloperie d'eau grasse ankylosant ses pieds. Reeves Haalgens sentit un frisson d'horreur parcourir sa nuque.
Enfin des pas, presque traînants, puis une bribe de voix claquant sur un joint de ciment noir, des ombres encapuchonnées poussant une jeune femme ligotée et bâillonnée dans un carré de lumière.
Il se dit qu'il n'aurait que très peu de temps pour agir.
Dix secondes. Guère plus.
Le photographe, blotti au fond de son tonneau, vérifia ses deux Leica tout en jetant de rapides coups d'oeil vers la porte située cinq mètres sur sa gauche.
Quelqu'un s'y tenait, immobile. Une petite silhouette grise, hoquetante.
Reeves Haalgens fut saisi d'effroi. On aurait dit une fillette. Cinq, six ans, pas plus. Emmitouflée dans un caban noir. À dix pas de là, une poignée d'hommes cagoules et vêtus de scapulaires rougeâtres dessinaient des symboles sur le sol.
Puis vint le couinement des couteaux dépeçant la chair, ripant sur les os.
Le spasme, la fin d'un râle qui fit s'envoler une nichée d'oiseaux.
Haalgens serra le Leica contre la poitrine, rentra le cou dans ses épaules, sentit la terreur glacer sa nuque. Soufflant une dernière fois dans ses mains, il jaillit du tonneau. Visa et appuya.
Il y eut la lueur d'un flash.
D'abord surpris, les hommes restèrent sans réaction. Assez longtemps pour que le photographe pût quitter son tonneau et commencer à courir. Il entendit hurler dans son dos, enveloppa un des Leica dans un chiffon, pria pour que personne ne le rattrapât, courut à perdre haleine en écoutant le clapotement lourd des pieds dans la neige, le rythme du souffle tiède sur ses joues glacées.
Combien de précieuses secondes avait-il pris sur ses poursuivants ? Quatre, cinq, peut être six secondes ? Comment savoir ? Surtout ne pas se retourner.
Présentation de l'éditeur :
Manuel Ollive est né à Guebwiller dans le Haut-Rhin. A 42 ans, ce parfait autodidacte passionné d'écriture signe là un premier roman d'une force rare.
Les Ombres sales ne se lit pas. Il s'impose comme une flamme.
Il vous broie à chaque nouvelle page -jusqu'à vous laminer les os ! Un livre-coup de poing, qui, à l'image de ses protagonistes, se dévoile pour mieux nous emporter dans les ténèbres.
Eteignez la lumière, planter une bougie dans le coin d'une pièce et laissez-vous guider par les pages de cet incroyable thriller.
Frissons garantis !
Qui sont les héritiers des clouteries de Monthermé ? Enfants issus de la riche bourgeoisie ardennaise, cloîtrés depuis toujours dans un manoir dont on dit par ici qu'il donne sur l'Enfer. Il y la somptueuse Judith, qu'on dit folle, bâtarde du Diable, privée mystérieusement de mémoire, qu'une lettre de dénonciation anonyme enverra croupir dans un bordel de Rostow. Et puis Julien. Le chien fou des Ardennes. Héros de la Résistance rongé par un effroyable secret.
Qui se cache derrière la loge ? Cette étrange confrérie dont nul ne sait grand' chose, si ce n'est qu'elle cherche à faire renaître de ses cendres le plus terrifiant des rituels. Se croiseront dès lors, dans une région aux abois, prélats de Rome. Nazis revanchards et moines tueurs - dans une guerre de l'ombre commencée voilà plus de six cent ans.
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