Extrait :
Extrait de l'introduction :
Au début des années 90, quand j'étais étudiante en khâgne à Montpellier, Saint-Germain-des-Prés exerçait sur moi, comme sur mes camarades de classe, une fascination sans pareille.
Paris était pourtant à 800 kilomètres de là, mais la fréquentation quotidienne des grands textes littéraires ainsi que l'enthousiasme et la culture de nos professeurs, pour la plupart venus de Paris, nous faisaient vivre le rêve «germanopratin» (adjectif dont j'ignorais cependant l'existence à cette époque).
Exaltés par les oeuvres de Jean-Paul Sartre, de Simone de Beauvoir, d'André Malraux ou d'Albert Camus, nous «jouions à Saint-Germain-des-Prés» comme les enfants jouent aux cow-boys et aux indiens. Les filles s'habillaient en noir, avaient les cheveux longs et le teint pâle comme Juliette Gréco tandis que les garçons écrivaient des nouvelles et des poèmes dont ils donnaient parfois lecture publique dans la cour du lycée. Certains prétendaient même avoir rédigé des sommes sur Nietzsche ou sur Heidegger qui n'attendaient plus qu'un éditeur pour révolutionner le monde littéraire.
Nous échangions aussi d'abondantes et lyriques correspondances dont nous imaginions qu'elles figureraient un jour dans nos oeuvres respectives. Parfois des couples se formaient. Tels des minis Sartre et Beauvoir, ils scellaient leur amour sur la lecture - chaque soir tendrement partagée - de la Critique de la raison pure de Kant.
Pendant nos heures de loisirs, nous fouinions dans les librairies d'occasion à la recherche des éditions anciennes des oeuvres de Platon et quand un écrivain parisien descendait à Montpellier pour une signature, nous ne rations l'événement sous aucun prétexte. C'est ainsi qu'un jour, nous nous étions rendus en délégation massive à une dédicace de Michel Serres à la librairie Sauramps. Admiratifs et rougissants, nous lui tendions des exemplaires de ses livres et tandis qu'il griffonnait un petit mot à chacun, nous tentions de nouer avec lui un début de conversation philosophique.
Présentation de l'éditeur :
Quand une jeune journaliste provinciale fascinée par le Saint-Germain-des-Prés de Sartre et de Beauvoir monte à Paris et découvre la réalité «germanopratine» des années 2000, le choc est rude.
Les grands couturiers, bijoutiers et autres maroquiniers ont en effet transformé ce symbole du Paris culturel en un vulgaire «Saint-Germain-du-prêt-à-porter». Terriblement déçue mais fermement décidée à comprendre comment la modernité a pu ainsi faire éclater ces lieux de mémoire, Virginie François nous invite à revisiter avec elle ce quartier et à rencontrer ceux qui le fréquentent. Grâce à son humour décapant et à son sens de l'observation très aiguisé, les us et coutumes des Néo-germanopratins n'auront plus de secret pour vous. Vous apprendrez par exemple comment passer commande aux Deux Magots, comment éviter l'humiliation qui consiste à être relégué pour déjeuner au 1er étage de la Brasserie Lipp, ou encore ce qu'est un «Welsh Rarebit» qui, comme son nom ne l'indique pas, est une spécialité qui se déguste exclusivement au célèbre Café de Flore.
Virginie François est journaliste. Elle collabore à la presse générale et culturelle. Elle a notamment travaillé pour Marianne, Le Figaro ou Rolling Stone. Passionnée de BD, elle a publié chez Scala, en 2005, une anthologie intitulée La Bande Dessinée.
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