Extrait :
AVANT-PROPOS
Le succès d'Oxymore mon amour ! a démontré que les Français étaient très attachés aux subtilités, singularités, cocasseries et autres extravagances de leur langue.
Ainsi, nous avons pensé qu'il serait intéressant de prolonger cette promenade buissonnière et amoureuse à travers une série de six ouvrages ; elle viendra compléter les sujets abordés dans Oxymore tout en allant à la recherche d'autres thèmes avec la même curiosité.
Après «Allégorie... ma chérie !» et «Concaténation... ma passion !», voici le troisième volume de cette série : «Métonymie... mon amie !»
JLC
À-PEU-PRÈS
L'à-peu-près consiste à déformer un mot, involontairement ou non, en le rapportant à un autre, connu. C'est là une pratique habituelle chez les petits enfants, qui parlent de pommes de terre en robe de chambre, du dent qui frise, de la cire humaine et d'une tête d'oreiller...
Et bien des adultes aussi écorchent certains mots : «J'en ai assez d'être le bouc hémisphère» dit l'un, tandis qu'un autre déclare : «Le docteur lui a prescrit de l'eau d'un homme» ! Et qu'un autre encore évoque le mec plus ultra ! Mais ne nous moquons pas trop vite. Qui n'a pas eu, un jour, la langue qui a fourché en parlant par exemple de La Chartre, La Châtre ou de l'École des chartes ?
Divers écrivains ont largement pratiqué ce jeu. Ainsi chez Frédéric Dard, l'à-peu-près est le véritable langage de Bérurier ; dans sa bouche les chiens ont pour nom «sectaire irlandoche», «boule d'ogre» ou «tel-quel à poils courts» !
Jean Grenier (qui fut professeur de philosophie d'Albert Camus) aimait à recueillir les à-peu-près qu'il entendait ici ou là :
Mon métier a trop d'alinéas. J'ai les pieds de Damoclès sur la tête.
Les radiateurs romains étaient obligés de se battre avec des bêtes sauvages.
Ce député est en sabotage.
Il est mort d'une conclusion intestinale.
J'ai cru m'être cassé le toxique.
J'ai peur des rats musclés qui courent la nuit.
Son frère a disparu dans les sables émouvants.
Il a des beaux livres qui ont été illuminés par les moines.
J'en ai assez de servir de cow-boy.
Mon voisin a des vaches qui ont la fièvre affreuse.
Enfin un des plus célèbres : Cet hôpital est vieux comme mes robes !
Présentation de l'éditeur :
En compagnie de ces six volumes le lecteur réalisera une promenade buissonnière et amoureuse à travers la langue française, son histoire, ses anecdotes, son orthographe, sa grammaire, ses figures de style, ses défenseurs ou l’histoire souvent surprenante de ses mots. Libre flânerie au gré de son abécédaire et ses entrées, tantôt sérieuses tantôt espiègles, qui l’emmènera de l’antéisagogue au xénisme en passant par le concuvi, le couillard, le sirventès, et qui mettra fin à ses angoisses devant les redoutables pièges de l’accord du participe passé des verbes pronominaux. Il y rencontrera la langue des oiseaux, celle des fleurs, du poissard, du latin contemporain, les mots de Georges Brassens ou de Marcel Proust et même le vocabulaire « high tech ». Et qui sait… peut-être, grâce à cette lecture, sera-t-il guéri de son hippopotomonstrosesquippedaliophobie ? Métonymie Et bientôt vous verrez mille auteurs pointilleux… Huer la métaphore et la métonymie. (Boileau, Ép. X) Peu éloignée de la métaphore, la métonymie, du grec méta « en changeant » et onymos « nom », se fonde sur un rapport de voisinage et sur un rapport de relation logique entre deux réalités, alors que la métaphore repose sur un rapport de ressemblance entre deux réalités. Elle fait partie de nos expressions courantes lorsque par exemple on prend : La cause pour l’effet : Mars pour la guerre Le signe pour la chose signifiée : le sceptre pour la royauté Le lieu d’origine : le camembert L’instrument pour l’agent : le premier violon de l’orchestre L’auteur pour l’ouvrage : emporter son Balzac
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.