Extrait :
«Allô la terre, ici la lune !»
«Fais ce que dois, advienne que pourra.»
Saint-Louis
«Il est temps que je m'ébatte
Et que j'aille aux champs jouer.»
François Villon
Je suis au taf devant mon ordinateur. Mes yeux soudain glissent sur l'écran : je ne vois plus le texte que je suis en train d'écrire, mais une surface opaque et réfléchissante ; inconsciemment j'ai la tête qui se tourne vers la source de lumière de la pièce ; mon regard transperce les vitres et je vogue au-delà des toits sur les moutons du ciel, me noie dans ses profondeurs. Le temps s'arrête.
Un signe, parmi d'autres.
Un «je-ne-sais-quoi» était en train de se réveiller. Qui me désolidarisait de ce que je faisais. Un peu tous les jours, ça me titillait, par-ci par-là. «Ça» ? Une sorte d'influx, sûrement un peu génétique... Un influx qui vous donne d'abord des élans, des envies... vous partez en voyage, vous avez le coeur qui frétille et vous en revenez avec la sensation d'avoir oublié quelque chose. Vous croyez que c'est normal. Mais la chose, elle a tâté le terrain, elle a senti que vous pouviez lâcher du mou, elle a senti un terreau propice à son épanouissement. Et petit à petit, elle s'émoustille méchamment. Jusqu'à ce moment de votre vie où elle s'immisce partout. Vous développez alors un don de double vue qui vous fait prendre tout ce qui est dit «sérieux» pour de la roupie de sansonnet. Vous ne pouvez plus passer devant une carte sans tomber dans un abîme extatique dans lequel votre doigt incontrôlable se met à tracer un chemin imaginaire.
Présentation de l'éditeur :
Sans prendre l'avion, une voyageuse solitaire fait le tour de la terre. À pied (3000 km), à bicyclette (5000 km), en train, en bateau... et avec sur le dos, seulement dix kilos. Car, pour se fondre avec les âmes et les paysages, il faut être léger : un chapeau, un bâton et... c'est parti pour un an et neuf mois de vadrouille. De la France quittée à pied jusqu'à Budapest, en passant par les affres du froid sibérien et le cagnard de l'Amérique centrale, du confort d'un cargo sur le Pacifique au mal de mer sur l'Atlantique, ce récit enthousiaste et enlevé raconte les dépits, les engouements, les frousses, la fatigue de la baroudeuse, mais par-dessus tout la joie omniprésente de la découverte. Sophie de Courtivron a trente et un ans quand elle lève l'ancre. Si dame Nature, généreuse et implacable, lui en a fait voir de toutes les couleurs, l'homme, que son ingénuité a toujours abordé avec un naturel désarmant, s'est montré clément et magnanime. Téméraire, elle entraîne le lecteur aussi loin des sentiers battus que des lieux communs, ignorant la langue de bois et la pensée convenue. Ce témoignage sincère et brut de décoffrage fleure une fraîcheur d'esprit et une originalité assumée, qui sont les traits de la voyageuse comme de la narratrice. En route !
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