Extrait :
Extrait de l'avant-propos
«J'enviais le sort des aéronautes qui s'élèvent à de grandes hauteurs en se tenant commodément assis dans leurs gondoles - de montgolfière - et je pensais même que l'on pourrait tenter l'usage de voiture aérienne pour se transporter sur des cimes inaccessibles, comme celle du mont Blanc»
HORACE-BÉNÉDICT DE SAUSSURE,
après un cuisant échec au mont blanc
«Notre collaborateur M. Frison-Roche, dans le numéro du 19 décembre 1925 du journal Le Savoyard de Paris, a consacré un article à la mort du célèbre guide Jean Charlet, bien connu de tous les alpinistes chevronnés, qui eut naguère son heure de gloire. Le courageux Chamoniard qui, le premier, escalada plusieurs pointes jusqu'alors inaccessibles dans le massif du Mont-Blanc - dont l'aiguille du Petit Dru réputée imprenable -, avait épousé en 1877 une jeune Anglaise, Isabella Straton, riche et de religion protestante, pour devenir la femme du simple paysan en qui elle avait su découvrir les plus rares qualités morales ; elle apprit le français et un peu notre patois... Elle devint savoyarde et ne quitta plus la vallée de l'Arve. Quand l'idylle, commencée au sommet du mont Blanc, se dénoua à l'église et devant le maire, tous les journaux parlèrent de cet étonnant roman vécu au pays des glaciers.» C'est en ces termes que s'exprimait le rédacteur en chef du journal Le Savoyard de Paris, très prisé de ses lecteurs.
Rien d'étonnant à ce que cette première ascension du mont Blanc en plein hiver, réalisée par Miss Isabella Straton, soit présentée par le tout jeune Roger Frison-Roche alors âgé de 19 ans, comme un événement exceptionnel qui aura «tant d'heureuses conséquences». Quel beau destin pour ces héros d'un jour ayant conquis le sommet du mont Blanc, Isabella Straton et Jean Charlet, qui avaient eu le courage et la force morale d'oser tenter une première hivernale au péril de leur vie ! Cet exploit se serait doublé d'une idylle qui aurait commencé au cours de cette fabuleuse épopée. De plus, ce n'est pas Jean Charlet qui aurait osé déclarer sa flamme à sa dulcinée, mais plutôt Isabella Straton, pourtant réservée mais suffragette dans l'âme, lors de leur descente vers Chamonix. Ce que l'on retiendra, c'est que ce fut avant tout une grande première, réussie au nez et à la barbe des plus grands alpinistes du moment. Elle eut, à l'époque, un retentissement qu'on a du mal à imaginer aujourd'hui. Cette première hivernale, qui eut lieu le 31 janvier 1876, sera saluée à Chamonix par toute la population qui réservera à Miss Straton un véritable triomphe et s'inscrivit tout naturellement dans les annales de l'alpinisme, et dans celles des amours célèbres.
À la mort, en 1925, du célèbre guide Jean-Estéril Charlet, à l'âge de 86 ans, survenue dans sa résidence d'hiver à La Roche-sur-Foron, le légendaire vainqueur de l'aiguille réputée imprenable du «Petit Dru», Roger Frison-Roche écrira un bel et émouvant article nécrologique sur cet alpiniste «qui eut naguère son heure de gloire». Frison-Roche, qui n'est alors qu'un modeste homme à tout faire, débordant d'énergie, s'évertue à se montrer le plus imaginatif et efficace possible dans ses nouvelles fonctions de secrétaire du syndicat d'initiative de Chamonix. (...)
Biographie de l'auteur :
Docteur ès lettres et historien, Marcel Pérès, qui a passé une grande partie de sa jeunesse dans les Hautes-Pyrénées, s'est toujours passionné pour la montagne et son histoire. Il dirige l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme à Chamonix de 1978 à 1984 et participe, en tant que préfet, à conforter le principe de gratuité du secours en montagne. Il publie, entre autres, une biographie d'Henry Russell (PUG) en 2009.
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