Extrait :
Une belle opportunité
Le développement durable, c'est l'avenir. Et l'avenir est un marché. Charles d'Urville, fondateur du cabinet de conseil où travaille Emilie, n'est pas connu pour son goût des causes perdues. A l'instant même où Emilie reçoit son message annonçant la création d'un service développement durable dans le cabinet, elle est déjà en train de postuler. Elle connaît les règles : premier arrivé, premier servi.
Pour réussir, il n'y a qu'un moyen, devancer les tendances et saisir les opportunités. Emilie le sait. Installée au 66e étage de la tour Prométhée, elle vise les bureaux du 77e étage réservés aux associés, avec vue panoramique.
L'annonce signale néanmoins la nécessité «d'une authentique fibre écologique et d'une bonne connaissance de l'environnement». Emilie doute, surtout pour la fibre authentique. Ses collègues l'ont davantage entendue parler de ses derniers achats du week-end que d'un éventuel bénévolat à la S.PA. Peut-on croire au cabinet qu'elle soit un brin écologiste ?
Depuis qu'elle a arrêté de fumer, elle est devenue anticigarette. C'est elle qui a installé un petit panneau dans la salle de pause, «Les non-fumeurs ont le droit de boire du café sans être enfumés. Merci de votre compréhension.» Prévenir la pollution d'un espace réduit est un peu mince comme geste écologique... Elle aime aussi les chevaux, ou plutôt elle aimait un cheval, Autaquet, avant qu'il ne meure. Un cheval est un membre de la faune en danger, torturé dans les abattoirs, mais pas vraiment en voie de disparition. Quoi d'autre encore ? Elle fréquente des restaurants bio, uniquement pour éviter les frites et les deux kilos par semaine ! Le bio, c'est aussi une forme de respect de la nature ?
Emile décide de contourner l'obstacle et de prétendre à une passion cachée. Elle écrit : «Je suis une véritable éco-citoyenne très engagée dans son quotidien. Je vais chez le traiteur avec mon plat, ce qui évite les boîtes en plastique. Pour mes vacances je me rends dans un vignoble dont le propriétaire déteste les pesticides. Avec mon compagnon, nous affectionnons le vélo, surtout sur l'île de Ré, très bien aménagée pour cela. Depuis mon enfance, je suis sensible à la défense de l'environnement. Le réchauffement climatique est une véritable menace pour la planète et ses habitants. Dédier mes prochaines années à éviter le pire est mon devoir car j'ai une conscience écologique très développée.» Emilie envoie par courrier électronique sa candidature à l'associé en charge de la création du service, Marc Pouillet, ainsi qu'au président du cabinet, qui supervise le projet. Elle rajoute : «D'ores et déjà experte en développement durable, j'aurai le plaisir de vous dévoiler mes connaissances, comptez au moins trois heures pour une introduction aux notions de base.
Emilie Ebelmen.»
Présentation de l'éditeur :
Le développement durable est une formidable opportunité de carrière. L'environnement, un nouvel eldorado. Émilie, jeune consultante en stratégie, en est persuadée. Elle n'est pas la seule. Lorsqu'une importante entreprise lui demande de conduire une mission sur la mise en place d'un nouveau marché carbone, Emilie est loin de se douter de l'aventure qui se profile. A force de ne vouloir jouer que des coups gagnants, on finit par se retrouver en première ligne, et pris au piège. Le monde du développement durable n'est pas forcément ce que l'on croit 'la réponse aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures.' Le verdict tombe : ennemi de la nature. Heureusement il reste encore la catégorie 'Assassin de la nature'. Emilie lit la condamnation de son train de vie, tout ce qu'elle doit changer ou abandonner pour devenir le parfait cobaye de la Banque des Banques.
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