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Extrait :
Préambule de Jean-Michel Vernet
Sans doute Derib est-il béni des dieux, lorsqu'en 1944 il vient au monde dans une famille éclairée où il va s'épanouir entre la compréhension d'une mère attentive et l'exigence d'un père bienveillant.
Très tôt, la découverte des héros de la bande dessinée d'après-guerre, Jerry Spring, Corentin, Alix ou Spirou et Fantasio, va le persuader que, lui aussi, doit devenir dessinateur et bâtir une oeuvre digne de ce nom.
D'emblée son opiniâtreté, son enthousiasme et sa puissance de travail seront ses meilleures armes pour «entrer en BD», comme d'autres entreraient en religion.
Ses jeunes années s'écoulent à recopier ses maîtres, de Franquin à Jijé, en passant par Uderzo ou Peyo, pour assimiler leur coup de crayon et leur vision du monde. Ainsi se forge-t-il un style propre ou plutôt deux styles, l'un humoristique et l'autre réaliste, qu'il pratiquera indifféremment, à l'instar des grands «classiques» que furent Jijé, Craenhals ou Bob de Moor.
Si certaines séries, comme Attila, Pythagore, Go West ou Yakari expriment ouvertement la dette qu'il doit à la bande dessinée franco-belge de sa jeunesse, la filiation, chez Derib, n'en est pas moins compatible avec l'émancipation.
Loin de se limiter à exploiter les codes d'une bande dessinée classique qui, dans les années 70, s'affadit à force de redites, le jeune auteur va en effet renouveler le médium qu'il s'est choisi, pour devenir l'un des précurseurs d'une bande dessinée revisitée, tant sur le plan graphique que thématique.
En lui se réconcilient alors tradition et modernité, classicisme du dessin et déstructuration de la planche, richesse des thèmes et économie des mots, rigueur du récit et lyrisme de l'inspiration. À la croisée des chemins, inventif et inspiré, il crée tour à tour Buddy Longway, Celui qui est né deux fois puis Red Road, et exprime pleinement son goût de la nature, son amour des chevaux, sa conception du couple et sa passion, au double sens du terme, des Indiens qui le ramène à ses plus anciens rêves d'enfant, mais aussi à la réalité douloureuse d'un peuple brisé.
Au fil du temps et à la faveur de cette découverte de l'histoire et de la culture indiennes, l'auteur va également mûrir et décliner, dans une oeuvre devenue plus grave et ambitieuse, une aspiration spirituelle doublée d'une inquiétude face à la folie des hommes. Dans un même élan, les albums contemporains qu'il consacre, à partir de Jo, aux dangers et dérives de notre temps viendront renforcer le statut d'un créateur que rien de ce qui touche à la condition humaine ne laisse indifférent.
Sans doute est-ce pour toutes ces raisons que l'oeuvre de Derib s'impose aujourd'hui à nous comme une évidence. Forte et généreuse, elle concilie divers styles, touche différents publics et réunit plusieurs générations de lecteurs autour de thèmes intemporels, universels et humanistes.
Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses charmes, elle prolonge et perpétue l'univers et les valeurs de ses "maîtres", Jijé et Franquin, que Derib évoque ici avec une rare émotion.
Le propos de ce livre fut donc de remonter aux sources de cette oeuvre, mais aussi de savoir quel homme se cachait derrière et si, somme toute, l'auteur ressemblait à sa création. Autant l'avouer, nous n'avons pas été déçus et le long entretien qui suit fut passionné et sensible, riche d'anecdotes, d'émotion et d'éclats de rire. En toute simplicité, Derib s'y est montré enthousiaste et prolixe ; sans doute fut-il également amusé, lui qui se présente souvent comme un «idéaliste du couple», que nous l'interrogions à deux voix, Sonia et moi, réunis dans une passion commune pour son travail.
De tout coeur, nous le remercions ici de son implication, mais aussi et surtout de nous avoir montré avec clarté qu'un créateur et son oeuvre, confondus dans une même générosité, pouvaient finalement ne faire plus qu'un.
Présentation de l'éditeur :
Sans doute Derib est-il béni des dieux, lorsqu'en 1944 il vient au monde dans une famille éclairée où il va s'épanouir entre la compréhension d'une mère attentive et l'exigence d'un père bienveillant.
Très tôt, la découverte des héros de la bande dessinée d'après-guerre, Jerry Spring, Corentin, Alix ou Spirou et Fantasio, va le persuader que, lui aussi, doit devenir dessinateur et bâtir une oeuvre digne de ce nom.
D'emblée son opiniâtreté, son enthousiasme et sa puissance de travail seront ses meilleures armes pour «entrer en BD», comme d'autres entreraient en religion.
Ses jeunes années s'écoulent à recopier ses maîtres, de Franquin à Jijé, en passant par Uderzo ou Peyo, pour assimiler leur coup de crayon et leur vision du monde. Ainsi se forge-t-il un style propre ou plutôt deux styles, l'un humoristique et l'autre réaliste, qu'il pratiquera indifféremment, à l'instar des grands «classiques» que furent Jijé, Craenhals ou Bob de Moor.
Si certaines séries, comme Attila, Pythagore, Go West ou Yakari expriment ouvertement la dette qu'il doit à la bande dessinée franco-belge de sa jeunesse, la filiation, chez Derib, n'en est pas moins compatible avec l'émancipation.
Loin de se limiter à exploiter les codes d'une bande dessinée classique qui, dans les années 70, s'affadit à force de redites, le jeune auteur va en effet renouveler le médium qu'il s'est choisi, pour devenir l'un des précurseurs d'une bande dessinée revisitée, tant sur le plan graphique que thématique.
En lui se réconcilient alors tradition et modernité, classicisme du dessin et déstructuration de la planche, richesse des thèmes et économie des mots, rigueur du récit et lyrisme de l'inspiration. À la croisée des chemins, inventif et inspiré, il crée tour à tour Buddy Longway, Celui qui est né deux fois puis Red Road, et exprime pleinement son goût de la nature, son amour des chevaux, sa conception du couple et sa passion, au double sens du terme, des Indiens qui le ramène à ses plus anciens rêves d'enfant, mais aussi à la réalité douloureuse d'un peuple brisé.
Au fil du temps et à la faveur de cette découverte de l'histoire et de la culture indiennes, l'auteur va également mûrir et décliner, dans une oeuvre devenue plus grave et ambitieuse, une aspiration spirituelle doublée d'une inquiétude face à la folie des hommes. Dans un même élan, les albums contemporains qu'il consacre, à partir de Jo, aux dangers et dérives de notre temps viendront renforcer le statut d'un créateur que rien de ce qui touche à la condition humaine ne laisse indifférent.
Sans doute est-ce pour toutes ces raisons que l'oeuvre de Derib s'impose aujourd'hui à nous comme une évidence. Forte et généreuse, elle concilie divers styles, touche différents publics et réunit plusieurs générations de lecteurs autour de thèmes intemporels, universels et humanistes.
Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses charmes, elle prolonge et perpétue l'univers et les valeurs de ses "maîtres", Jijé et Franquin, que Derib évoque ici avec une rare émotion.
Le propos de ce livre fut donc de remonter aux sources de cette oeuvre, mais aussi de savoir quel homme se cachait derrière et si, somme toute, l'auteur ressemblait à sa création. Autant l'avouer, nous n'avons pas été déçus et le long entretien qui suit fut passionné et sensible, riche d'anecdotes, d'émotion et d'éclats de rire. En toute simplicité, Derib s'y est montré enthousiaste et prolixe ; sans doute fut-il également amusé, lui qui se présente souvent comme un «idéaliste du couple», que nous l'interrogions à deux voix, Sonia et moi, réunis dans une passion commune pour son travail.
De tout coeur, nous le remercions ici de son implication, mais aussi et surtout de nous avoir montré avec clarté qu'un créateur et son oeuvre, confondus dans une même générosité, pouvaient finalement ne faire plus qu'un.
En rendant hommage à Jijé et Franquin, Claude Derib nous livre ses souvenirs et nous ouvre ses tiroirs, riches de dédicaces et de dessins inédits. En évoquant plus de quarante années de carrière, c'est tout l'âge d'or de la bande dessinée Franco-belge que fait revivre le créateur de Buddy Longway.
Le créateur de Yakari et de Buddy Longway retrace sa carrière et parle longuement de ceux qui furent ses maîtres : Jijé, Franquin, Hergé...
De nombreuses anecdotes et documents inédits, un témoignage émouvant qui démontre que le compagnonnage ne fut pas un vain mot dans la bande dessinée franco-belge (pardon belgo-française).
Le créateur de Yakari et de Buddy Longway retrace sa carrière et parle longuement de ceux qui furent ses maîtres : Jijé, Franquin, Hergé...
De nombreuses anecdotes et documents inédits, un témoignage émouvant qui démontre que le compagnonnage ne fut pas un vain mot dans la bande dessinée franco-belge (pardon belgo-française).
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- ÉditeurMOSQUITO
- Date d'édition2011
- ISBN 10 2352830540
- ISBN 13 9782352830542
- ReliureRelié
- Nombre de pages128
(Aucun exemplaire disponible)
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