Extrait :
J'avais six mois lorsqu'on m'a retirée à la garde de mon père pour me placer dans un foyer pour enfants. Ma mère, tombée malade après ma naissance, est retournée au Pakistan avec mes frères et soeurs. Pourquoi est-elle partie sans moi ? Pourquoi mon père ne l'a-t-il pas accompagnée ? Je l'ignore. M'entendant pleurer à longueur de journée et de nuit, les voisins ont prévenu les services sociaux. J'ai lu dans mon dossier que mon père, atteint d'une maladie mentale, n'avait pas été considéré apte à s'occuper seul d'un nourrisson. Lorsque ma mère est revenue avec toute la famille, les services sociaux ont pourtant continué à s'occuper de moi.
J'ai vécu au foyer les meilleurs moments de mon enfance. J'ai connu là-bas un bonheur que je ne devais plus éprouver jusqu'à l'âge adulte.
Mes souvenirs de cette période sont teintés d'une certaine frustration car, si je parviens à revoir vaguement mon quotidien, je ne me remémore pas grand-chose des personnes avec qui je le partageais ou de l'école maternelle. Les jours et les semaines se confondent. Je me rappelle les saisons, le froid et la neige en hiver, la chaleur et le ciel radieux en été, mais rien de plus. Cependant, le passé ressurgit parfois sans crier gare. Un soir, alors que je lisais une histoire, un flash-back m'a ramenée à une époque où quelqu'un me la racontait. J'entendais la voix de cette personne prononcer les mots juste avant que les miens ne se forment. Comme aucun membre de ma famille ne m'a jamais fait la lecture, il s'agissait probablement de la voix de Tatie Peggy, la dame qui s'occupait de moi au foyer.
Le souvenir le plus net que je garde du foyer pour enfants remonte au Noël de l'année de mes six ans, celui où j'ai reçu ma poupée Sindy. Avec les cinq ou six autres pensionnaires, nous attendions dans un état d'excitation croissante qu'on nous distribue les cadeaux empilés dans le grand salon. Tout en haut de cette montagne de présents, un paquet rouge scintillant m'était destiné. Un vif sentiment de joie m'a submergée lorsque je l'ai déballé. Même si j'adorais ma poupée mannequin, je ne l'ai pas emportée avec moi lorsque j'ai quitté le foyer pour aller vivre avec ma famille. Je l'ai regretté par la suite, ce qui explique sans doute que je me remémore si bien ce Noël.
Présentation de l'éditeur :
Sameem grandit dans un foyer en Angleterre depuis que sa mère est rentrée au Pakistan avec le reste de la fratrie. Ce sont des années heureuses et insouciantes. Tout change avec le retour de sa mère. Sameem devient le souffre-douleur de la famille. Une situation d'autant plus invivable qu'elle se sent étrangère : la culture et la langue pakistanaises lui sont inconnues.
À l'âge de 13 ans, sa mère l'emmène au Pakistan, soi-disant pour des vacances. Loin d'un voyage d'agrément, il s'agit en réalité de marier Sameem de force à un homme qui n'a qu'un but : obtenir les papiers qui lui permettront de vivre en Europe. Enceinte, Sameem retourne en Angleterre où l'on continue de la maltraiter. Ce n'est qu'après avoir rencontré le grand amour que Sameem décide de se libérer de ce cauchemar en s'enfuyant vers Manchester accompagnée de son jeune fils. Mais elle ignore alors les représailles qui l'attendent - elle a bafoué l'honneur familial...
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