Extrait :
Extrait de l'introduction de Jean-Michel Albaret, Marie-Laure Kaiser et Régis Soppelsa
L'écriture manuelle fait l'objet d'un apprentissage de longue durée qui trouve son origine dans les premières manifestations graphomotrices pour se couler progressivement dans le moule des normes calligraphiques avant de s'en affranchir et de se personnaliser. Elle occupe une place centrale dans la scolarité de l'enfant et constitue, parallèlement à l'apprentissage de la lecture, un outil essentiel pour accéder aux connaissances, les organiser, et les restituer. Elle devient progressivement support de la pensée tout en évoluant au fil des avancées technologiques.
L'apprentissage de l'écriture requiert de nombreuses coordinations simultanées qui, lorsqu'elles sont automatisées, passent inaperçues. C'est le cas de la coordination occulo-manuelle qui nécessite une acuité visuelle ainsi qu'une perception visuelle intactes, un traitement des informations kinesthésiques et proprioceptives adéquat tout comme une bonne capacité à contrôler les mouvements. Outre ces coordinations requises pour toute trace graphique nécessitant un grand degré de précision, la connexion entre langage oral et écrit est fondamentale pour permettre à l'écriture de se transformer en moyen de communication. Par conséquent, un enfant qui apprend à écrire doit solliciter quasi-simultanément l'ensemble de ces coordinations et de ces connexions. De plus, en fonction des différentes situations de l'écrit qu'il s'agisse de la copie d'un texte proche sur un plan horizontal ou lointain sur un plan vertical, de la dictée, la prise de note ou encore la composition, l'enfant devra solliciter de manière spécifique la vision, l'audition, l'attention et la mémoire. Nous savons qu'il existe une interaction entre les progrès en écriture et en lecture. La capacité à générer un texte peut être influencée par la capacité à écrire. En effet, un faible scripteur présente plus de difficultés à rédiger un texte et le risque de perdre le fil de ses idées si l'écriture n'est pas automatisée. Il sera en effet en double tâche et ne pourra se concentrer à la fois sur l'écriture et la génération d'un texte.
Si l'écriture manuelle tend à être de moins en moins employée aujourd'hui, car l'emploi d'écran tactile ou de clavier diminue les occasions d'écrire à la main, elle reste importante non seulement pour la mémorisation des caractères mais également dans la vie de tous les jours pour les fonctions d'annotation, de prises de notes, de remplissage de formulaire ou simplement pour la signature. Nous savons que les faibles scripteurs personnalisent plus difficilement leur écriture, ce qui laisse supposer que les signatures resteront quelque peu immatures dans le futur avec la disparition de l'apprentissage de l'écriture. Mais le développement des technologies, et notamment la reconnaissance automatisée de l'écriture, risque de voir resurgir le besoin d'écrire à la main car dans certaines situations (au lit du patient, en colloques, en cours, etc.), l'écriture manuelle sur une tablette graphique reste plus rapide que l'ordinateur.
En tant qu'apprentissage scolaire, l'écriture s'accompagne parfois de difficultés voire de troubles que l'on qualifie de dysgraphie développementale ou de trouble de l'apprentissage de la graphomotricité (TAG). Ce trouble spécifique a des répercussions sur les autres apprentissages mais il est aussi souvent associé à d'autres troubles des apprentissages (dyslexie, trouble spécifique du langage oral, trouble de l'acquisition de la coordination, trouble du déficit de l'attention/hyperactivité, etc.). Il nécessitera alors la mise en place de programmes d'intervention aux niveaux éducatif ou thérapeutique.
Biographie de l'auteur :
Jean-Michel Albaret est maître de conférences à l'Université de Toulouse et directeur de l'Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse. Marie-Laure Kaiser, ,ergothérapeute cheffe du CHUV, a réalisé sa thèse de doctorat sur l'écriture manuelle, domaine dans lequel elle dispose d'une importante expérience clinique. Régis Soppelsa est psychomotricien et formateur à l'Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse.
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