Extrait :
Extrait de l'introduction
Et le nouveau Gouvernement est annoncé
Il est 11 heures, 11 h 15 tout au plus, et le secrétaire général de l'Élysée, symbole entre les symboles de l'homme de l'ombre, s'apprête à vivre son moment de gloire éphémère mais ô combien intense devant un pays tout entier haletant dans l'attente de l'annonce de la composition d'un nouveau gouvernement.
La scénographie est là, solennelle et sobre, un micro dépouillé et pour tout dire un peu perdu au milieu du perron élyséen. Tout est pensé et orchestré afin de rendre ce moment aussi fugace que désiré. Les rumeurs bruissent depuis plusieurs jours voire plusieurs semaines. Des fuites, volontaires ou non, font état des dernières options ou suppositions, les scénarios parfois les plus fous affolent les gazettes qui se perdent en conjectures et commentent le difficile voire impossible équilibre politique à trouver.
Telle la fumée blanche au Vatican annonçant l'élection d'un nouveau pape, l'installation du micro sur le perron du palais de l'Élysée est le signe que la République vient d'enfanter un nouveau gouvernement.
Quelques jours plus tôt
L'élection présidentielle est gagnée ! Cela fait près d'un an que les troupes se sont mises en ordre de marche. Le meilleur d'entre eux, ou du moins celui qui est supposé l'être, est désormais le chef suprême d'une république qui aime à couronner des rois.
À l'annonce du résultat, explosion de joie. Une joie presque enfantine, rare moment de sincérité totale et bien réelle. En une fraction de seconde, la fatigue, les coups durs et les rivalités disparaissent au profit d'une union sacrée de quelques heures dont le ciment s'appelle la victoire. À ce moment-là, le politique le plus chevronné ou le plus expérimenté redevient un simple militant, heureux de voir son camp triompher.
Mais les bouchons de Champagne n'ont pas encore fini de sauter que déjà une autre bataille pour le pouvoir s'engage. Jusque-là larvée ou discrète car masquée par l'enjeu de l'élection reine, la bataille du gouvernement est lancée. Il aura fallu quelques heures tout au plus pour basculer et entamer le deuxième round, plus feutré mais tout aussi meurtrier.
Le paradoxe, c'est que cette phase supposée plus discrète de la conquête du pouvoir s'amorce sur le terrain de jeu le plus public qui soit : les plateaux de télévision. Alors que le nouveau président, entouré de son équipe rapprochée, peaufine les premiers mots qu'il va prononcer, les ténors de la nouvelle majorité se répartissent sur les différentes chaînes afin de commenter les résultats. En tout cas officiellement.
En réalité, chacun place ses billes. Derrière chaque commentaire, ce sont autant de signaux envoyés au nouveau patron. Il y a les bons élèves qui cisèlent des messages de fidélité, ceux qui se présentent comme les gardiens des promesses présidentielles ou encore ceux qui choisissent la stratégie exactement inverse et commencent d'emblée à poser des exigences et des conditions pour la bonne réalisation du mandat. Une stratégie comme une autre. Pas la moins payante.
Après le show médiatique, le show téléphonique. On ne sait pas combien de temps il durera. Il y aura des gagnants et des perdants. Là aussi.
Présentation de l'éditeur :
Paul est nommé secrétaire d'État à la Construction et aux Énergies. Un nouveau monde s'ouvre à lui. Celui du pouvoir, qui implique d'être armé pour pouvoir l'affronter, au risque de se faire broyer. Cette arme, c'est son cabinet. Un cabinet qu'il doit constituer, selon des codes bien arrêtés. Tantôt cocon, famille, " firme " (comme ont été surnommés les membres du cabinet de Nicolas Sarkozy de 2002 à 2004), tantôt jungle, théâtre d'ombres ou lieu de complots, un cabinet ministériel est un lieu d'exercice du pouvoir pour apprentis politiques, fonctionnaires engagés ou conseillers occultes. Quelle que soit leur ambition, tous ont mis leur vie entre parenthèses le temps de cette expérience de quelques mois ou quelques années, dont ils sortiront grandis ou meurtris, présumés puissants ou " has been ". Au fur et à mesure des réunions de cabinet, des déplacements de terrain, des pièges parlementaires ou des conflits interministériels, Paul, Sophie, Caroline et les autres font l'apprentissage du pouvoir. Mais la cour des grands est un tout petit bac à sable où la moindre erreur peut se révéler fatale. À travers ce récit basé sur des expériences vécues de l'intérieur, vous découvrirez la face cachée des cabinets ministériels où l'urgence, la maîtrise de l'image et de la parole mais aussi l'art de brasser de l'air guident chaque instant de ces laboratoires du pouvoir. La République comme vous ne l'avez jamais vue.
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