Extrait :
Dans la rue et sur l'écran, nous avions vu qu'ils s'embrassaient «sur la bouche», et compris que s'embrasser sur la bouche était une étape importante de la relation homme-femme. En général, quand on embrassait une fille sur la bouche, c'était plus que sur la joue et ça voulait dire quelque chose. D'ailleurs, on n'embrassait pas tout le monde sur la bouche (sauf les Russes...), juste son amoureuse ! C'était la preuve !
Nous savions aussi que les enfants venaient après, et qu'il fallait qu'un homme et une femme soient ensemble, tout nus et se tiennent très serrés. On entendait dire en rougissant que l'on appelait ça «faire l'amour». Nous ne savions pas ce que cela représentait vraiment. Longtemps, certains ont pu croire que, justement, s'embrasser sur la bouche suffisait. D'autres savaient que l'homme se servait de son sexe mais ignoraient comment. Ceux d'entre nous qui vivaient à la campagne étaient les mieux informés. Ils avaient vu agir les bêtes, se chevaucher les chiens ou les chats. Ils connaissaient l'essentiel de la technique. Cependant, la plupart d'entre nous (même ceux qui vivaient à la campagne) ne parvenaient pas à imaginer qu'un homme et une femme - que leurs parents ! - puissent pratiquer comme les animaux.
Quant à la naissance d'un enfant, le mystère était entier. Nombre d'entre nous ne faisaient pas le lien entre «faire l'amour» et la venue d'un bébé. D'ailleurs, ne venaient-ils pas, «les garçons dans les choux et les filles dans les roses» ? Et quel était le rôle de la cigogne de nos dessins animés ? Nous voyions des ventres de futures mères s'arrondir. On annonçait «un petit frère ou une petite soeur» (on ne connaissait pas e sexe à l'avance, ce qui posait problème pour choisir la couleur de la layette : bleue ou rose ?). Pour préparer les aînés à accueillir le nouveau-né, ils avaient parfois le droit de l'écouter bouger dans le ventre de la mère, mais on ne leur disait pas comment il allait en sortir. Peut-être par le nombril ?
Présentation de l'éditeur :
Dans les années 50-60, nous étions déjeunes garçons et nous vivions nos premiers émois. La sexualité et le corps féminin étaient des mystères inaccessibles, le plus souvent imaginés, parfois tout juste entrevus. Dans un contexte moral encore très rigoriste où les amoureux qui s'embrassaient sur les bancs publics avaient doit au "regard oblique des passants honnêtes", l'éveil à la sensualité se constituait comme un puzzle, au hasard d'une affiche de film, d'une publicité pour le savon, de mannequins dans les vitrines, de ce qu'on pouvait apercevoir dans la rue...
Ce joli petit livre rassemble tous ces souvenirs visuels et brosse finalement le portrait d'une époque très sensuelle, où la vue d'une jambe dévoilée par un coup de vent, d'une silhouette en maillot (une pièce) sur la plage, la vitrine d'un magasin de lingerie étaient d'un érotisme bien plus émouvant que tout ce qui est quotidiennement étalé aujourd'hui sur le net ou dans les médias.
Un livre, donc, strictement interdit aux moins de 40 ans. Ils ne pourraient pas comprendre.
François Suquet fut lui aussi un petit garçon des années 50-60.
Jean-Pierre Leloir est connu pour ses photos sur le monde de la musique. Il a publié "Brel par Leloir " et "Johnny par Leloir" aux Editions Fetjaine. François Cavanna est le co-auteur avec Doisneau des "Doigts plein d'encre" et l'auteur des Ritals, des Russkofs et de nombreux best-sellers, dont les récents
livres sur Hara-Kiri chez Hoebecke.
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