Articles liés à Les chemins de la profondeur

Les chemins de la profondeur - Couverture souple

 
9782354901264: Les chemins de la profondeur
Afficher les exemplaires de cette édition ISBN
 
 
ENVOI SOIGNE

Les informations fournies dans la section « Synopsis » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.

Extrait :
L'instant ultime

Éric Edelmann : Marie-Madeleine Davy, vous êtes philosophe. Vous avez été professeur à l'université de Manchester, chargée de cours à l'École pratique des hautes études (Sorbonne), vous avez ensuite été maître de recherches au C.N.R.S. et vous avez voyagé partout dans le monde, de l'Inde aux États-Unis, du Japon à l'Amérique du Sud. Ne seriez-vous pas, à notre époque, l'un des rares philosophes pour qui la philosophie a encore gardé son sens étymologique ?

Mes études de philosophie et de théologie m'ont permis d'envisager la philosophie comme une sagesse. Avant de me consacrer durant de longues années à la pensée médiévale, ou plus exactement à des auteurs du XIIe siècle, j'ai été passionnée par la philosophie grecque. Je le suis toujours, car elle m'apparaît rigoureusement essentielle, à l'exception d'Aristote dont les interprètes et commentateurs exerceront au XIIIe siècle une désastreuse influence. Mais je n'oublie pas pour autant que la pensée philosophique grecque est à la base de notre tragédie occidentale. Heidegger avait raison quand il déclarait : «Le règne inconditionnel de la technique n'est que l'ultime conséquence de la métaphysique des Grecs.» En raison de la qualité des professeurs de la Sorbonne que j'ai pu connaître dans ma jeunesse, j'ai cru que la philosophie était l'apanage des universitaires, voire des clercs au sens ancien du terme. Je ne le pense plus du tout aujourd'hui. Bien au contraire, il m'apparaît que les clercs ont été, en partie, les fossoyeurs de la philosophie et par conséquent de la sagesse. Leur trahison a commencé au XIIIe siècle, cela n'est donc pas récent. Dès cette époque, on peut très justement parler d'une double aliénation : celle de l'homme et celle de Dieu. Rien n'est jamais rigoureusement neuf. Ainsi, au terme de son livre, le prophète Osée convie Israël à se convertir. Et le peuple répond par un triple renoncement aux alliances politiques, à la force militaire, à l'idolâtrie. Voilà tout un programme qu'on ne saurait fixer à une époque déterminée et qui pourrait devenir un sujet de réflexion pour les clercs d'aujourd'hui et pour tout cléricalisme d'allure sociologique.
Les vrais philosophes sont des hommes de réflexion et de méditation. Ceux-ci refusent de scinder la philosophie et par conséquent de la détruire. Diviser la philosophie ne peut qu'aboutir à sa désagrégation. Le primat donné à la psychologie et à la sociologie brise l'unité de la philosophie et entraîne la disparition de la métaphysique. À cet égard, encore une fois, rien n'est nouveau. Le ver s'est infiltré dans le fruit dès le XIIIe siècle avec l'extension de la sclérosante scolastique.

L'étude de la philosophie comme construction de systèmes ou agencement de concepts est-elle selon vous dépassée ?

Non seulement dépassée mais rigoureusement périmée.

En quel sens la philosophie, dans cette acception que vous donnez, intéresse-t-elle chacun d'entre nous, ici et maintenant, et non plus précisément l'homme considéré comme une entité abstraite et éloignée de notre individualité propre ?

Dans une perspective traditionnelle, la philosophie s'attache à la découverte des secrets ; elle est donc dévoilement, déchiffrement. Le philosophe est un voyant, il voit au-dedans, il dépasse l'extériorité de l'écorce de la lettre. Il sait que l'homme en tant que microcosme est une totalité, que rien n'est séparé. Tout converge vers un ordre, une mesure. L'homme étant à la fois terrestre et céleste, il n'existe pas en lui d'opposition mais une hiérarchie de niveaux. La philosophie, quant à elle, ignorante de la véritable tradition, s'oriente vers d'autres issues. Elle risque, en s'éloignant de la sagesse, de ne plus répondre à son nom. Sa démarche consiste à poser des problèmes, à les examiner. Elle fait l'école buissonnière en s'intéressant à des recherches qui ne lui conviennent pas. Opérant dans un constant dualisme, tels ceux du corps et de l'âme, de l'homme et du cosmos, elle se voue à l'extériorité. D'où le danger de s'engluer dans «les choses» sans pour autant aimer la vie et en saisir le sens profond.

Sommes-nous à l'heure actuelle à un tournant ou bien ces systèmes s'estompent-ils d'eux-mêmes et donc laissent la place à quelque chose d'autre ?

Certes, nous sommes à un tournant. Mais il n'est pas le premier ni le dernier. La nouveauté consiste dans son caractère accéléré, nous sommes passés de la diligence à la Ferrari. Nous avons, par ailleurs, une plus grande conscience de l'homme et des dangers courus par l'humanité. Que l'homme se désacralise, il perd nécessairement la voie conduisant vers la sagesse. De ce fait, la philosophie est remise en question comme d'ailleurs l'homme lui-même. La dimension humaine est une conquête ; elle ne peut s'accomplir qu'à l'intérieur d'une sagesse, ou tout au moins d'une approche de la sagesse, d'une orientation vers elle.
(...)
Présentation de l'éditeur :
Marie-Madeleine Davy (1903-1999), résistante, philosophe, grande voyageuse et conférencière internationale, maître de recherches au CNRS, fut un témoin majeur de la spiritualité oecuménique de notre temps.

Cet ouvrage regroupe une vingtaine de textes inédits et des entretiens avec cette grande dame de la spiritualité, parus dans les revues Nouvelles Clés, Question de et Terre du Ciel. Les sujets qu'elle y aborde sont nombreux et variés : l'art de la vie intérieure, la voie des ermites et des déserts, la méditation et le regard contemplatif, le mystère de certains espaces et hauts lieux, les drogues diverses et l'aliénation, l'ordre et le désordre spirituel, ou encore l'équilibre masculin et féminin à retrouver.
Elle y évoque longuement aussi les trois personnages qui l'ont le plus inspirée : Simone Weil, Louis Massignon et Henri Le Saux. Elle nous parle avec ferveur de la séduction de l'absolu, du sens de l'écoute et de l'essentiel ultime de nos vies !

Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.

  • ÉditeurRELIE
  • Date d'édition2014
  • ISBN 10 2354901267
  • ISBN 13 9782354901264
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages197

Frais de port : EUR 17,43
De France vers Etats-Unis

Destinations, frais et délais

Ajouter au panier

Meilleurs résultats de recherche sur AbeBooks

Image d'archives

Davy, Marie-Magdeleine
Edité par RELIE (2014)
ISBN 10 : 2354901267 ISBN 13 : 9782354901264
Neuf Couverture souple Quantité disponible : 4
Vendeur :
Gallix
(Gif sur Yvette, France)
Evaluation vendeur

Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782354901264

Plus d'informations sur ce vendeur | Contacter le vendeur

Acheter neuf
EUR 18
Autre devise

Ajouter au panier

Frais de port : EUR 17,43
De France vers Etats-Unis
Destinations, frais et délais
Image fournie par le vendeur

Davy, Marie-Madeleine
Edité par RELIE (2014)
ISBN 10 : 2354901267 ISBN 13 : 9782354901264
Neuf Paperback Quantité disponible : > 20
Evaluation vendeur

Description du livre Paperback. Etat : NEUF. Cet ouvrage regroupe une vingtaine de textes inédits et des entretiens avec cette grande dame de la spiritualité, parus dans les revues Nouvelles Clés, Question de et Terre du Ciel. Elle y parle aussi bien de l'art de la vie intérieure, de la voie des ermites et des déserts, de la méditation et du regard contemplatif, du mystère de certains espaces et hauts lieux que de l'ère actuelle, des drogues diverses et de l'aliénation, de l'ordre et du désordre spirituel, ou encore de l'équilibre masculin et féminin à retrouver. Elle y évoque longuement aussi ses trois personnages favoris : Simone Weil, Louis Massignon et Henri Le Saux. Elle nous parle avec ferveur de la séduction de l'absolu, du sens de l'écoute et de l'essentiel ultime de nos vies ! - Nombre de page(s) : 208 - Poids : 256g - Genre : Maîtres spirituels / Spiritualité. N° de réf. du vendeur N9782354901264

Plus d'informations sur ce vendeur | Contacter le vendeur

Acheter neuf
EUR 18
Autre devise

Ajouter au panier

Frais de port : EUR 45
De France vers Etats-Unis
Destinations, frais et délais