Présentation de l'éditeur :
Au coeur du moment dangereux qui est raconté dans MÉTHODE (la première des quatre parties du SERPENT AZZA), moment de la claire et cruelle vision de sa vie régie par une répétition implacable, la narratrice - qui pourtant ne trouve plus depuis longtemps d'autre bonheur que de n'y être que pour ses feuilles là-bas... son cahier... - se laisse tenter (c'est le printemps !) par ce qui ne sera, espère-t-elle, qu'une "petite sortie", tranquille, agréable, reposante peut-être, en compagnie de quelques amies proches. Mais ces amies qui n'auraient pas posé de questions ont amené avec elles une inconnue, une mère, une curieuse, qui en pose, elle, et à laquelle il faut répondre ! Alors "Voilà des pans entiers, des années !" qui se précipitent... toute sa vie, de A à Z, de Z à A, parcourue en tous sens !
Andrée Barret. Après la publication à partir de 1958 de plusieurs poèmes dans les LETTRES FRANÇAISES et l'édition chez Armand Henneuse du COEUR PARTISAN (octobre 1959), Andrée Barret commence à collaborer à la revue action poétique (1958), où elle entre au Comité de Rédaction en 1962. Puis, de 1969 à 1975, elle est à la revue promesse, qui s'est rapprochée de TEL QUEL. En même temps, elle participe à différentes autres revues de création contemporaine, notamment EUROPE pour des articles et des poèmes. Ce travail littéraire et poétique, elle le continue actuellement, à Paris, en liaison avec les éditions LACTMEM (Fonds Comp'act). Dès 1984, un fragment important du SERPENT AZZA ("Méthode") fut publié dans la Collection MORARI dirigée par Henri Poncet. Un autre extrait parut en 1986 dans la revue L'Infini.
Extrait :
MÉTHODE
Le VOILÀ - et quelle perspective... tous les matins... rien n'étant dispersé... le corps tout engourdi... humide... par les plus grands froids... de cette humidité défaite... pesanteur animale perlante... béatitude balancée sans limite... noyée - le cerveau simplement contemplatif d'une promesse à poursuivre de sens qui va crois-tu demeurer là... pour te permettre de resavourer tous les détails formes comportements nuances jouissances épouvantes... je n'en sais pas plus... de la solution où tu fus... et te connus - du moins c'est ce qu'insinue la sensation d'y être qui te possède au cours de la fraction de seconde où juste quelques frissons à la surface (comme un attouchement du pressenti) attestent la limpidité et la réalité de cette non-réalité vécue...
Projet... inavouable parce qu'ascétique... d'une souffrance... et de celles qu'on peut s'éviter... en tout cas raccourcir... aménager au mieux d'habitude... comme le confirme la dureté de cette intimation inverse à dilater l'instant insupportable... à étirer cette suffocation qui résulte de l'impuissance à se tenir à la fois sur les deux faces - à prolonger ainsi... dans des limites encore insoupçonnables... le soubresaut de l'unité contrariée... - Il suffirait alors... pendant ce tétanos... cette presque mort (rythme cardiaque soumis à une brutale dépression)... de procéder à des mesures quantitatives et qualitatives assez simples à imaginer... pour arriver un jour à reproduire ce qui se produit là... réactions chimiques et autres... certes éphémères... mais telles que la composition du corps... pendant le millionième de seconde concerné... se révèle grandement... extraordinairement même... perturbée.
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