Présentation de l'éditeur :
J., écrivain, bohème, gauchiste, réfractaire, décide de fuir Medellín pour s'installer avec Elena dans une maison face à la mer, sur la côte sauvage du nord de la Colombie. En quête d'une autre vie - la vraie, le retour à la nature -, avec en tête un vague projet : exploiter le domaine et quitter la société bourgeoise. Mais si la vie en ville manquait de souffle, celle de la campagne se révèle hostile, les relations humaines sont tendues, les amis s'éloignent, la mer et la pluie oppressent. De petits drames en défaites, J. perd pied, Elena aussi. Rien ne se déroulera comme prévu.
«Le secret le mieux gardé de la littérature colombienne» : voilà comment Tomás Gonzalez était présenté dans son pays en 2006. Il y est maintenant largement commenté et reconnu. Né en 1950 à Medellin, il a étudié la philosophie à Bogota, passé une vingtaine d'années aux États-Unis, dont seize à New York. Il vit aujourd'hui en Colombie. Il est ici pour la première fois traduit en français.
Tomás Gonzalez est «le secret le mieux gardé de la littérature colombienne», selon la revue Pie de pagina. Né en 1950 à Medellin il étudie la philosophie, travaille seize ans à New York comme traducteur avant de revenir vivre dans une ferme à la campagne, à deux heures de route de Bogota. Il est aujourd'hui l'auteur de six livres : quatre romans, un livre de nouvelles et un recueil de poèmes. Son oeuvre est aujourd'hui considérée comme l'une des plus importantes de la littérature colombienne, et commence à être traduite en Allemagne chez Fischer, en Autriche et en Suisse. Tomás Gonzalez a été qualifié par le grand quotidien Die Ziet d'«auteur de dimension universelle».
Extrait :
Les bagages étaient en haut, sur le toit du bus. Deux valises en cuir avec leurs habits, une malle carrée pour ses livres à lui, et sa machine à coudre à elle. Le tout voyageait entre des régimes de bananes plantains, des sacs de riz, de grands blocs de panela enveloppés dans des feuilles de bananier sèches, et d'autres valises.
Elena et J. partaient vers la mer.
Il y avait des pauses dans des villages poussiéreux. Elena et J. descendaient du bus, engourdis, et allaient boire un café dans des bars qui sentaient l'urine ; des individus bedonnants s'attablaient là pour noyer leurs tripes dans l'or de la bière. Il y avait des pauses dans des stations-service sinistres et sales où traînaient filtres à moteur abandonnés et bidons d'huile vides. Le bus faisait le plein de gazole et reprenait la route. Tout au long de la journée, il ramassait des gens chargés de poules hébétées ; la nuit, des types aux mains vides montaient de lieux déserts et sombres, puis descendaient, vingt ou trente kilomètres plus loin, dans des coins tout aussi déserts et sombres. Silencieux, ils portaient juste une machette à la ceinture et un vieux sombrero sale sur la tête.
Puis le bus arriva au port, où la mer n'était ni magnifique ni bleue. Ce port donnait sur une baie qui ressemblait plus à un canal ; le canal était sale, s'étendait sur trois kilomètres pour déboucher sur la mer. À quatre heures de l'après-midi, le bus atteignit la place principale. On ne voyait d'eau nulle part, malgré une odeur de vase mélangée à la puanteur des eaux usées. Au centre de la place, il y avait de grands amandiers survolés par une myriade d'hirondelles. Autour des arbres, assis sur les dossiers des bancs, des gens discutaient. Les bancs étaient en granit et paraissaient érodés au-dessous. Dans les kiosques, sous les arbres, on vendait des jus de fruits ; des papayes ouvertes, entourées de mouches, offraient leurs ventres remplis de graines ; dans de grands bocaux, des cubes de chair de mangue attendaient d'être versés dans les mixeurs.
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