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Critique 1
Après la fresque personnelle et historique Rainbow et l'horreur de Hideout, Masasumi Kakizaki, dessinateur virtuose, s'essaie encore à un autre genre avec Green Blood, oeuvre un peu hybride, flirtant d'un côté avec les oeuvres à la Gangs of New York pour son déchirement de bandes dans le New York de la fin du 19ème siècle, de l'autre côté avec les westerns classiques à base de duels et autres missions sanglantes dans une Amérique pas encore pleinement modernisée.
Pour vendre le titre, on a pu compter sur une campagne de pub importante des éditions Ki-oon, qui ont mis le paquet entre des focus sur la série, des publicités dans le métro parisien et aux abords de Japan Expo, et une exposition pendant le salon. Mais derrière un succès qui semble déjà annoncé, que cache exactement cette série qui vient tout juste de se boucler au Japon avec son cinquième tome ?
Les premières pages ont le mérite de rapidement planter le décor : celui du quartier de Five Points, quartier de Manhattan qui s'est développé après la Guerre de Sécession et le début d'une nouvelle ère pour l'Amérique, au coeur d'une ville de New York commençant à attirer une immigration de masse espérant pouvoir vivre le rêve américain. Mais à Five Points, le rêve américain n'est rien d'autre qu'un cauchemar. Accueillant tous les laissés pour compte, le quartier est devenu le pire ghetto du monde, ravagé par les meurtres, la prostitution, les persécutions religieuses et la corruption, le tout sous l'égide de plus d'une vingtaine de gangs.
C'est dans ce cadre que tente de vivre Luke Burns, jeune garçon arrivé d'Irlande avec son grand frère Brad, et survivant à l'aide d'un travail éprouvant. Naïf, il tente de rester dans une voie honnête et de venir en aide aux autres alors même que l'horreur est partout. Les jours se suivent pour lui, alors qu'il continue d'ignorer que son frère Brad n'est autre que le Grim Reaper, le plus redoutable assassin du quartier, à la solde des Grave Diggers, le plus dangereux des clans mafieux...
Il ne faut pas attendre longtemps pour apprendre tout ça : Masasumi Kakizaki ne joue pas du tout la carte du mystère autour de l'identité réelle de Brad, d'autant que les rares énigmes le concernant se devinent très facilement. Ainsi, la principale raison le poussant à commettre les crimes les plus odieux est on ne peut plus banale, mais il reste à voir ce que l'auteur en fera. Pour l'heure, il se contente d'introduire la chose, au gré de quelques contrats pas bien originaux, qui sont toutefois l'occasion d'insister un peu plus sur certaines facettes sombres de Five Points : la corruption des forces de l'ordre, la prostitution et la misère ainsi que l'insécurité dans lesquelles sont contraintes de vivre les femmes vendant leur corps, les excès d'autorité de certains puissants, les persécutions exercées par les Protestants sur les immigrés Catholiques... Ca se suit sans déplaisir, mais le problème vient du trop grand classicisme de l'ensemble : on devine tout à l'avance, et les missions accomplies par le Grim Reaper se contentent d'étaler sommairement ce qui est expliqué au début, quand il ne s'agit pas de nuancer de façon très basique un Brad qui s'en veut d'agir tel qu'il le fait mais qui y est contraint. Le cliché du ténébreux pas totalement méchant, en somme.
Et pendant ce temps là, l'aspect guerre de gangs peine à réellement décoller, les quelques contrats ne suffisant pas à développer la chose, et les quelques interrogations autour du déclin des Grave Diggers et de leur boss étant fort peu mis en avant. Quant à Luke, n'en parlons pas : pour l'heure, il est creux et transparent. Seuls sa naïveté et son bon fond ressortent par-ci par-là de façon sommaire, de même que sa relative crétinerie. Sincèrement, il ne s'est jamais posé de questions en voyant la main scarifiée de son frère alors que celui-ci est censé être sans travail ?
Pour l'heure, Green Blood reste donc assez creux côté histoire, se contentant d'accumuler une tonne de poncifs sans réellement développer grand chose. Il y a une base, que l'on espère voir décoller dès le deuxième tome, notamment grâce au petit rebondissement prévisible des dernières pages.
Dans l'immédiat, c'est donc surtout sur le plan visuel que Green Blood bluffe.
On y retrouve le trait hyper dense et taillé à la serpe de Kakizaki. Les décors sont extrêmement nombreux, les bâtiments sont croqués avec beaucoup de richesse, les traits sont sombres, les nuances de gris/noir sont plutôt impressionnantes, et l'on retrouve aussi les doubles pages figées typiques du mangaka, de celles qui annoncent la couleur en un clin d'oeil.
Quant à la mise en scène, elle s'avère étonnamment assez posée : les passages d'action restent succincts, les effusions sanglantes aussi. L'auteur joue beaucoup plus sur l'ambiance sombre que procure son travail graphique, et il s'appuie également sur un découpage lui aussi très classique : un peu à la manière de ce que fait Ryôji Minagawa sur Peacemaker, l'auteur offre des cases très propres, bien délimitées, où il n'y a jamais de débordement, et il se crée alors un contraste avec l'aspect sombre et dense des dessins, pour un résultat qui accentue une ambiance rétro malsaine.
Toutefois, on peut regretter l'aspect très caricatural des personnages. Les méchants sont tous des sales gueules en puissance (mention spéciale au flic corrompu avec ses deux dents de devant qui dépassent), Luke est très propre et paraît un peu trop naïf jusque dans son physique, et Brad a évidemment tous les clichés du ténébreux qui poursuit un sombre objectif.
Virtuose dans ses graphismes porteurs d'une ambiance immersive, le premier tome de Green Blood souffre toutefois d'un trop grand classicisme, que ce soit dans l'apparition d'un fil rouge qui peine à décoller, dans le développement de personnages tous transparents hormis Brad le bad boy ténébreux, ou dans le développement très artificiel du quartier de Five Points, de sa misère, de ses dangers et de ses rixes entre gangs. C'est plaisant à parcourir, mais on attend plus de la suite.
Côté édition, Ki-oon livre une belle copie, avec papier de qualité, premières pages en couleur, bonne traduction.
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