Extrait :
Extrait de l'avant-propos d'Aymeric Perroy
1962 un tournant dan l'histoire
Comme on est bien... sur un paquebot de la Compagnie de Navigation Mixte. Ces slogans publicitaires, toutes les compagnies maritimes en usent à l'époque. Ils vont pourtant se révéler inadaptés devant le cours de l'histoire, prenant, malgré eux, un parfum d'ironie. Tous les rapatriés qui ont emprunté les paquebots entre l'Algérie et la France durant l'année 1962, n'auront certainement pas le même avis ! Les images qui nous sont parvenues tranchent avec la vision de cette femme accoudée au bastingage qui semble transportée par son voyage. L'exode dévoile plutôt des visages hagards, tendus, des corps en attente, qui ont parfois trois manteaux sur le dos, en plein été, afin de laisser le maximum de place dans les deux valises emportées. Toute une vie !
Mais rien n'y fait, dans les esprits, le paquebot reste associé au voyage d'agrément, entre traversées transatlantiques au sein d'un décor enchanteur, et croisières sur un pont ensoleillé En réalité, il a longtemps été le seul moyen de transport transocéanique et la plupart des passagers étaient contraints de l'emprunter. Ils l'étaient d'autant plus, lorsque ceux-ci cherchaient à fuir la misère ou la guerre, partant vers l'inconnu. Car, on l'oublie trop souvent, les navires ont largement participé aux mouvements migratoires intercontinentaux, devenant les témoins privilégiés des grands déplacements de population : l'émigration massive vers les Amériques (Nord, centrale et Sud), le peuplement européen de l'Australie, l'exode des Arméniens et, plus proche de nous, le rapatriement d'Algérie.
Selon l'urgence et la durée de ces voyages, des emménagements sont plus ou moins réalisés, mais, dans la plupart des cas, ce sont les images de ponts, d'entreponts, de cales surchargées qui surgissent et marquent notre mémoire. Près d'un demi-siècle après l'événement, il est temps d'étudier ces traversées et de les replacer dans notre histoire. Conservant le patrimoine des compagnies maritimes françaises, l'association French Lines était toute désignée pour initier cette étude et réunir des historiens et des témoins de cet exode.
Présentation de l'éditeur :
Entre les accords d'Evian, le 18 mars 1962, et l'indépendance de I'Algérie, le 5 juillet, plusieurs centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont quitté l'Algérie pour la France. La plupart ont emprunté la mer. Les paquebots de la Compagnie générale transatlantique, de la Compagnie de navigation mixte, et bien d'autres, ont participé à cet exode réalisé dans l'urgence. C'est un immense déplacement de population, le dernier que la France ait connu.
Dans ce livre, les auteurs évoquent la traversée maritime vécue comme un moment transitoire, fait de tristesse, d'appréhension, de peur, et aussi comme un moment de répit avant d'entamer une nouvelle vie dans un pays que certains ne connaissent pas encore.
Sous la direction de Christelle Harrir, Jean-Jacques Jordi et Aymeric Perroy, les auteurs de ces mémoires sont des historiens de renom et des membres de l'association French Lines chargée de la mise en valeur du patrimoine des compagnies maritimes françaises. Plusieurs d'entre-eux sont également des témoins de l'époque qui ont vécu, avec leurs familles, le grand bouleversement du retour en France en 1962.
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