Extrait :
Naissance
Le 13 avril 1801 un vaisseau de 74 canons, le Duguay-Trouin, quitte la cale de l'arsenal de Rochefort où il a été construit et descend la Charente pour aller terminer son armement sous l'île d'Aix.
Pour en arriver là que de difficultés !
Rochefort
Les premières idées d'un établissement dans la région datent de la fin du XVIIe siècle. Elles s'intègrent dans l'idée qu'il ne faut pas tout installer à Brest, dont le goulet est certes protecteur en terme de défense mais par contre un handicap dès que les vents se mettent à l'ouest - ce qui est quand même fréquent - et rend délicat l'appareillage des escadres.
Le ministre va envoyer un certain nombre d'ingénieurs en repérage des meilleurs sites de la côte ouest en vue d'un établissement qui aurait à développer des activités de constructions navales mais qui pourra aussi abriter la flotte du Ponant en période d'hivernage.
Charles-Jean Colbert de Terron, gouverneur de Brouage, voit passer ces envoyés du roi et commence son travail de recherche. Il va, autour de ce projet d'arsenal qui lui semble très intéressant et digne de ses responsabilités, développer une activité incessante. Il évoque tout d'abord le radoub de quatre vaisseaux dans l'estuaire de la Seudre puis la capacité de cette rivière à la retraite des vaisseaux du duc de Beaufort pendant la mauvaise saison. Puis il se consacre à la recherche sur les capacités de la région à fournir du bois pour la construction des vaisseaux et conclut dans un premier mémoire à la possibilité de créer un atelier à Soubise qui pourrait s'occuper des réparations des bâtiments.
En 1664, non seulement Port-Louis et Le Havre sont éliminés par les visites des experts mais Colbert de Terron signale au ministre que des ateliers existent non seulement à Soubise mais aussi à Tonnay-Charente. Celui-ci sent que le dossier de la région qu'il administre prend une tournure de plus en plus favorable.
Début 1665, à l'issue d'une grande tournée dans la région, il envoie au roi et à Colbert un dossier contenant de nombreuses cartes prenant en compte un certain nombre d'hypothèses, car tout est à faire. On envisage même un bassin artificiel pouvant accueillir soixante vaisseaux.
Tout ce foisonnement d'idées se traduit au niveau de Colbert de Terron par une proposition assez ferme en date du 12 novembre 1665 d'installer un établissement à Rochefort.
Il va continuer à faire avancer ce projet en multipliant les communications vers le ministre sur ce qu'il est en train de faire tout en assurant à chaque fois le roi qu'il acceptera les décisions qui seront prises sur le sujet. Cette obstination est surprenante chez un grand serviteur du roi, parent qui plus est du ministre.
Se pose alors à lui le problème du terrain où il envisage de faire cet établissement.
Présentation de l'éditeur :
Le célèbre corsaire Duguay-Trouin (1673-1736) se serait certainement retourné dans sa tombe s'il avait connu la destinée peu ordinaire du vaisseau de 74 canons qui porta son nom à partir de 1801. Chef-d'oeuvre de la construction navale de la fin du XVIIIe siècle, ce fameux trois-mâts va participer à la désastreuse expédition de Saint-Domingue contre la rébellion, se trouver à Trafalgar en 1805, être pris par les Anglais lors de la sanglante bataille du cap Ortegal, servir la couronne avec brio sous le nom d'Implacable... Devenu navire école, il resta en service pendant plus d'un siècle avant d'être coulé en Manche en 1949, oublié par la France.
Né en 1938, Yves Boyer-Vidal, capitaine de vaisseau (honoraire), est entré dans la Marine en 1957. Membre de l'Association des écrivains combattants, il fait également partie de l'association des Amis du musée de la Marine et de la Société française d'histoire maritime.
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