Extrait :
Le 1er septembre 1932 parut dans le journal portugais O Século l'annonce d'un poste de conservateur-bibliothécaire à pourvoir au musée Condes de Castro Gui-marâes à Cascais, une petite ville côtière située à 90 km de Lisbonne. Le 16 septembre, Fernando Pessoa envoya une lettre de candidature à la municipalité. Le document de six pages est reproduit dans l'ouvrage de Maria José de Lancastre, Fernando Pessoa, uma fotobiografia, coédité en 1981 par l'Imprensa Nacional-Casa da Moeda et le Centro de Estudios Pessoanos, que j'ai acheté pour 500 escudos dans une librairie de Coimbra en novembre 1983. Il n'y en avait qu'un seul exemplaire. Dans les cafés de la ville, les tables comportaient encore sous leur plateau une tablette permettant de poser son chapeau, et je me souviens d'une femme marchant dans la rue, une machine à coudre en équilibre sur la tête. Le texte de la lettre est reproduit en trop petits caractères pour que quelqu'un ne lisant pas couramment le portugais puisse le déchiffrer. Pessoa, fatigué de traduire le courrier commercial de sociétés d'import-export de Lisbonne pour un salaire lui permettant à peine de survivre et de s'enivrer quotidiennement, quoique raisonnablement, avait envie de changer de vie et pourquoi pas de quitter son appartement du 16 de la rue Coelho da Rocha pour une petite ville de la région de Lisbonne. Dans la Fotobiografia, quelques pages avant la lettre, une photo montre Pessoa en train de vider un verre de vin rouge dans la boutique d'Abel Ferreira da Fonseca. Derrière lui des tonnelets de Clairette, Abafado, Moscatel et autre Ginginha. Il s'agit de la photo que Pessoa adressa en septembre 1929 à Ophelia Queiroz, la seule relation sentimentale qu'on lui connaisse, avec pour dédicace «Fernando Pessoa, em flagrante delitro», c'est-à-dire «en flagrant delitre». L'envoi de cette photo renouait des liens interrompus depuis neuf ans, et qui cesseront, cette fois définitivement, six mois plus tard. En tout cas sous leur forme matérielle. Ophélia ne se maria jamais et raconta que, peu de temps avant sa mort, Pessoa, rencontrant son neveu Carlos, lui avait demandé : «Comment va Ophélia ?» et, les yeux pleins de larmes, lui serrant les mains, avait ajouté : «La belle âme ! La belle âme !»
Revue de presse :
Un érudit dit comment il a classé ses milliers d'ouvrages. Dans la lignée de Georges Perec qui, dans «Penser/ Classer», nous dévoila l'art et la manière d'organiser sa bibliothèque...
En définitive, Jacques Bonnet opte pour le «panachage de plusieurs ordres» avec une grande liberté dans les règles que l'on s'est fixées. Jacques Bonnet a gagné son pari : son bréviaire trouve sa place entre Ce vice impuni, la lecture... de Valery Larbaud et Les Mots de Jean-Paul Sartre. Il y a trop d'amour et d'humour dans ces pages pour les laisser en souffrance. (Bernard Morlino - Le Figaro du 18 septembre 2008)
A la fois précis de rangement (où classer les livres traduits du frison ?), traité de jardinage, exercice de gratitude (à l'égard des «maîtres-lecteurs»), enquête policière (mais qui est Jean-Marie Pradès ?), roman d'aventures et autobiographie, ce récit borgésien est une promesse de bonheur. «La bibliothèque est ce qui se rapproche le plus du paradis terrestre.» On opine du Bonnet. (Jérôme Garcin - Le Nouvel Observateur du 22 octobre 2008)
Jacques Bonnet, grand «liseur» devant l'éternel, possesseur de «plusieurs dizaines de milliers de livres», consacre à la passion des bibliomanes (qui se distingue de celle des bibliophiles, plus savants) un très joli petit livre (évidemment...) riche en observations, anecdotes, citations et... listes de livres. Une seule anecdote, bien connue des passionnés : il se dit (mais a-t-on vraiment vérifié ?) que, le 30 mars 1888, un compositeur, Charles- Valentin Alkan, est mort écrasé par sa bibliothèque. Voilà, commente Bonnet, le «saint martyr des fous de bibliothèques». (Bruno Frappat - La Croix du 21 janvier 2009)
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