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Reed, Lou Rimes / rhymes (bilingue) ISBN 13 : 9782363980045

Rimes / rhymes (bilingue) - Couverture rigide

 
9782363980045: Rimes / rhymes (bilingue)
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Extrait :
On se plaint parfois d'avoir la tête farcie, trop remplie d'idées, de souvenirs, de sensations, de projets, comme un ruban de temps en désordre où passé, présent et futur se tamponnent, se mélangent, se contaminent, dans une explosion sans fin. La mémoire et la pensée ont leur combustion, qui peut atteindre la surchauffe. Mais se représente-t-on bien le cauchemar que serait la situation inverse ? Un individu qui, à chaque instant, serait assailli par toutes les épiphanies du monde environnant, sans pouvoir les relier ni les classer ? Quelqu'un pour qui la réalité serait sans cesse une nouveauté absolue ? Un surgissement d'images et d'impressions dépourvues de liens, jamais identifiées car toujours uniques, et pour cela littéralement épuisantes ?
Vous êtes dans une grande pièce, avec des baies vitrées qui donnent sur une rivière, ou un fleuve, l'Hudson par exemple, avec le New Jersey en face de vous. Ce sont déjà de multiples informations qui à la fois grouillent dans votre tête mais vous permettent de vous localiser, donc vous rassurent. C'est la fin d'après-midi, vers la fin de l'automne, le soleil va bientôt se coucher. L'obscurité est sur le point de s'installer autour de vous. Vous hésitez entre allumer quelques lampes ou regarder le paysage qui progressivement s'enfonce dans la nuit, et éventuellement le photographier dans son chapelet de lumières et de reflets changeants à chaque minute, à chaque seconde presque. C'est un moment agréable, de contemplation un peu mélancolique. Tout va bien, dans le calme du temps qui s'écoule et transforme le paysage, comme chaque jour à cette saison. Mais si vous n'avez aucun souvenir inscrit dans votre tête ? Si vous n'avez aucun concept du jour, de la nuit, du temps qui évolue de l'un vers l'autre et vice versa ? Si vous n'avez aucune habitude du monde ? C'est très probablement un déferlement insupportable de visions et sensations, une exposition traumatique à des changements inquiétants. Une angoisse intenable. Quelque chose de l'ordre de ces journées où tout à coup le ciel se plombe et vous plonge subitement dans la pénombre et la presque-nuit à une heure inaccoutumée : on lève la tête, on cherche des repères, l'ordre naturel des choses est bouleversé.
Je n'aimerais pas être cet individu livré à la nouveauté foisonnante de la réalité à chaque instant. Personne, je pense, n'aimerait l'être. Et nous cherchons tous des techniques pour ne pas nous laisser submerger, voire avaler, par le monde dans ses infinies mutations.
Au fond, l'acte photographique est pris entre ces deux mouvements : saisir l'instant singulier dans sa singularité la plus vive, magique parce que unique, et à l'inverse produire les balises du temps dans la répétition de ses cycles, enregistrer le retour du même ou du semblable. D'une part l'inédit, et de l'autre la régularité, la similitude (le latin simil, «même», a engendré deux mots aux sens très différents, similitude et simulation). Et la vie de l'homme est prise dans ce mouvement de balancier : la nouveauté, la répétition.
Or la répétition est un moteur constitutif de la mémoire : on se rappelle les choses, les visions, les êtres, par ressemblance, par retour (ou inversion) de formes. Il y a une dimension de déjà-vu qui rassure et donne l'illusion de maîtriser le temps et les réalités qui l'habitent. On met des événements ou des images en rapport. Un rapport qui peut être de ressemblance, bien sûr, par association, écho, métaphore, métonymie, liaison, mais tout aussi bien d'inversion, de contraste, d'opposition. Une forme conique de chapiteau peut évoquer un pilier de pont, mais le chaud le plus incandescent peut évoquer ou appeler ou suggérer le froid, la glace. Dans sa tête, et à chaque instant, l'individu établit des liens, il voit revenir des motifs, des couleurs plus ou moins identiques, qu'il regroupe en éclats de mémoire.

(...)
Revue de presse :
La rock star publie, à 70 ans, une compilation de ses oeuvres photographiques. Trois cents images entre grands espaces et fantômes, rencontre et nature exaltée...
Certaines de ses photographies sont assez connues, il les avait présentées au Printemps de Cahors, en 1999, dont il était l'invité d'honneur. So long ! Des rapaces, des ciels exaltés, beaucoup de fantômes. Nouveauté de Rimes Rhymes : une série d'instantanés très surprenants, les rues de Shanghai, des arbres enneigés ou dressés tels des chandeliers, Bilbao et son chien de pacotille, la mer, des manifestations à New York, les dessous d'une bibliothèque, une nature qui murmure l'éternité, le feu, omniprésent...
«Extraire la beauté du monde.» Voilà le but de Lou Reed, et sa sincérité sonne juste, finalement. Il n'a pas l'air de dire «croyez-moi», il grince façon guitare vintage et parodie le jeu des questions-réponses. Pourquoi ? Comment ? Etc. Chacun son destin. Lou Reed a fait danser et chanter la terre entière, la photographie l'escorte à présent, c'est une bonne nouvelle. (Brigitte Ollier - Libération du 22 novembre 2012)

Rockeur, acteur (Brooklyn Boogie), écrivain et poète (Traverser le feu), Lou Reed se présente toujours avec son cortège d'alter ego. Le dernier en date : photographe. Car, à notre insu, "le prince de la nuit et des angoisses" se baladait appareil en poche depuis quatre décennies, mitraillant le Velvet Underground, Andy Warhol et la Factory. Aujourd'hui, il dévoile 300 photos dans un ouvrage émouvant : Rimes/Rhymes, poème visuel sans légendes, ni dates ni lieux. (Paola Genone - L'Express, novembre 2012)

Une photo ne devrait jamais avoir de titre, proposer quelque commentaire que ce soit. Une photo doit être un voyage non accompagné, intime. Il y en a trois cent cinquante ici, dans ce gros volume. Bout à bout, elles forment une sorte d'onde, de flux silencieux, elles racontent une histoire qui ne finit jamais. Merci, Lou. Puis-je vous appeler Lou ? Ça ne fait rien. Je ferais pareil à votre place. Merci, en tout cas. Vous m'avez fait du bien...
Merci de faire appel à notre sensibilité, notre intelligence. Il faut s'asseoir et prendre ce livre sur ses genoux. S'installer dehors avant les premières gelées, s'isoler. Caresser les pages. Plisser les yeux. Remonter son col. Être discrètement ivre. C'est un jeu. Lou, c'est un merveilleux labyrinthe. (Philippe Djian - Le Figaro du 13 décembre 2012)

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  • ÉditeurPHOTOSYNTHESES
  • Date d'édition2012
  • ISBN 10 2363980042
  • ISBN 13 9782363980045
  • ReliureRelié
  • Nombre de pages366

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Reed, Lou
Edité par PHOTOSYNTHESES (2012)
ISBN 10 : 2363980042 ISBN 13 : 9782363980045
Neuf Couverture rigide Quantité disponible : 4
Vendeur :
Gallix
(Gif sur Yvette, France)
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Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782363980045

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