Créateurs d'utopies: Démocratie, autogestion, économie sociale et solidaire - Couverture souple

Thomé, Pierre

Couverture souple

ISBN 10 : 2364290139 ISBN 13 : 9782364290136

Editeur : YVES MICHEL, 2012

A propos du livre

Extrait :

Introduction générale

«Le passé n'est pas mort, il n'est même pas passé».
William Faulkner

Avec discrétion, l'autogestion a pratiquement disparu du langage politique à partir des années 1980. Deux organisations, à l'origine de l'émergence du concept dans le champ politique français, n'ont pas voulu ou n'ont pas pu le maintenir à flot : la CFDT s'est recentrée (1978) en donnant l'impression de s'être pris les deux pieds dans le tapis du socialisme autogestionnaire, et le PSU, rendu exsangue par le départ de nombreux leaders, s'est dissous (1989).
Le concept d'autogestion avait pourtant vécu une période faste entre 1955 et 1980, c'est-à-dire depuis son apparition officielle et constitutionnelle, d'abord dans l'ancienne République fédérative populaire de Yougoslavie, puis en Algérie en 1962. La Yougoslavie, en particulier, était devenue, durant l'été, le rendez-vous préféré de nombreux militants de la gauche et de l'extrême-gauche européenne.

En France, le socialisme, après avoir traversé une période difficile au moment de la guerre d'Algérie, avait grand besoin de se changer les idées et l'autogestion est arrivée à point, surtout à partir de mai 1968. La CFDT est la première grande organisation à en avoir capté le sens ; le PSU suit de peu et enfin le PS s'en empare en 1974, sous la pression de la deuxième gauche conduite par Michel Rocard. Une fois au pouvoir en 1981, la gauche de gouvernance prend rapidement ses distances avec tout projet d'une société autogestionnaire, et le concept quitte l'avant-scène du théâtre politique avec quelques applaudissements polis mais pas de rappel !

Un jour de 2008, quelques "anciens" de cette époque se sont retrouvés au hasard du web pour se demander si ce mot, à peine encore murmuré, gardait malgré tout quelques survivances dans la société civile. Le socialisme autogestionnaire avait accompagné leur vie militante des années 1970-1980 et bien au-delà. Peut-être encore un peu dans ce rêve éblouissant du "grand soir" ouvrant la porte à une "société festive", celle entrevue en mai 1968, ils ont décidé de convier quelques personnes à venir partager leurs interrogations et à dire ce que l'autogestion leur évoquait aujourd'hui. «Rien du tout !», telle fut la réaction spontanée d'un groupe d'étudiants en master "Politique de la ville", rencontrés fortuitement dans le métro parisien à la sortie des "11e Rencontres de la démocratie locale" organisées par l'ADELS en décembre 2008 ; ils ne plaisantaient pas, mais ce mot ne représentait simplement rien pour eux, alors que l'on aurait pu penser que l'objet même de leurs études pouvait les amener à le découvrir. Voilà qui commençait bien mal !

La stratégie spontanéiste du métro paraissant peu opérationnelle, il nous fallait donc trouver avec qui parler autrement et comment. Une consultation d'experts historiens et sociologues s'imposait ; parmi eux Françoise Têtard, qui s'est beaucoup engagée pour nous conseiller avec justesse et fermeté jusqu'à son brutal décès en septembre 2010.

(...)

Présentation de l'éditeur :

Est-ce que l autogestion est à ranger dans les oubliettes de l histoire ? Pour répondre à cette question, un collectif de militants, coordonné par Pierre Thomé, est parti à la recherche d acteurs de mouvements sociaux (LIP, Larzac, Plogoff, luttes des femmes, luttes dans les quartiers...) qui se sont inspirés peu ou prou de l autogestion dans le sens défini par le philosophe Henri Lefebvre : « Quand un groupe, au sens large du terme, c est-à-dire les travailleurs d une entreprise, mais aussi les gens d un quartier ou d une ville, quand ces gens n acceptent plus passivement les conditions d existence, quand ils ne restent plus passifs devant ces conditions qu on leur impose ; lorsqu ils tentent de les dominer, de les maîtriser, il y a tentative d autogestion ».
Ce concept d autogestion, qui a fait fureur dans les années 1970, bien qu il se soit sérieusement estompé depuis, nous amène cependant avec bonheur sur les chemins de Créateurs d utopies, ces utopies qui proposent une rupture radicale avec un système existant. Et nous rencontrons alors avec grand plaisir de l engagement, de la passion, des émotions et de l humour !
Que peut-il y avoir de commun entre les moutons anglais capitalistes de Thomas More et les moutons ardéchois rebelles d Ardelaine, alors que six siècles les séparent ? Eh bien, tout simplement l économie sociale et solidaire ! Cette alternative au capitalisme financier a le vent en poupe mais les instances politiques ont-elles, en ce moment, vraiment conscience de ce qu elle peut apporter, non seulement sur le plan de l éthique mais aussi sur d autres manières de concevoir la vie économique et sociale ?
Parmi les témoins figurent : Huguette Bouchardeau, Marylise Lebranchu, Michel Rocard, Robert Chapuis, Pierre Bourguignon, Daniel Delaveau, Gabriel Cohn-Bendit, Charles Piaget, Claude Neuschwander, Roland Vittot, Raymond Burgy, Fatima Demougeot, Marie-Paule et Agnès Lambert, Michel Marzin, Élie Gaborit, Pierre Mahey, Lucien Alluy... et quinze entrepreneurs de l économie sociale et solidaire...

À propos de cette édition

• Éditeur: YVES MICHEL
• Date d'édition: 2012
• ISBN 10: 2364290139
• ISBN 13: 9782364290136
• Reliure: Poche
• Nombre de pages: 299