Extrait :
LES CONDITIONS D'OUVERTURE
Lorsqu'un débiteur ne peut faire face à ses dettes exigibles, la plupart des systèmes juridiques prévoient des dispositions légales ou réglementaires afin de permettre un apurement des créances impayées (publiques et privées) au moyen de ses actifs corporels ou incorporels.
Ce mécanisme juridique peut revêtir la forme d'une procédure d'insolvabilité se caractérisant par une discipline collective. Toutefois, l'ouverture d'une telle procédure n'est possible que par la réunion de certaines conditions tenant aux personnes concernées et aux hypothèses d'ouverture.
I. CONDITIONS SUBJECTIVES : LES DÉBITEURS ÉLIGIBLES À UNE PROCÉDURE D'INSOLVABILITÉ
Selon le Guide législatif de la CNUDCI, pour «élaborer une loi sur l'insolvabilité efficace et effective, il faut examiner une série de questions (... et) notamment les suivantes : a) Identification des débiteurs qui peuvent faire l'objet d'une procédure d'insolvabilité, y compris ceux auxquels il peut être nécessaire d'appliquer un régime d'insolvabilité spécial».
De manière schématique, les droits nationaux déterminent les catégories de débiteurs éligibles à une procédure d'insolvabilité. Mais cette appartenance n'est pas toujours suffisante : des conditions subjectives supplémentaires sont parfois requises.
A. - Catégories de débiteurs éligibles à une procédure d'insolvabilité
Tous les systèmes législatifs consultés précisent de manière implicite ou, plus rarement, explicite" que les débiteurs éligibles à une procédure d'insolvabilité doivent disposer de la personnalité juridique.
Une lecture attentive des réponses aux questionnaires invite toutefois à opérer une distinction entre le régime général de l'insolvabilité et les régimes spécifiques qui existent en raison de la nature particulière de certains débiteurs pour mettre en évidence les catégories de débiteurs concernées ou exclues du droit spécial du traitement de l'insolvabilité. Enfin, il convient de réserver l'hypothèse de certaines catégories particulières.
1. Les catégories concernées
Certains droits ne déterminent pas de manière très précise les débiteurs éligibles à une procédure d'insolvabilité (Allemagne, Australie, Burkina Faso, Corée du Sud, Espagne, Nigeria et Pays-Bas). Mais la majorité des systèmes juridiques étudiés privilégie un droit de l'insolvabilité propre aux personnes morales de droit privé ayant une activité commerciale ou aux commerçants (Belgique, Croatie, Finlande, France, Italie, Liban, Luxembourg, Maroc, Mexique, Pologne, République tchèque et Sénégal). Le droit suisse est un exemple topique en ce qu'il permet à tout débiteur inscrit au registre du commerce de bénéficier de facto des dispositions du droit de l'insolvabilité. Toutefois certaines réglementations applicables aux opérateurs du commerce prévoient des seuils (Italie et Mexique) afin que le droit commun de l'insolvabilité puisse leur être applicable.
S'agissant des consommateurs, certains pays prévoient un régime distinct de celui applicable aux professionnels (Angleterre, Belgique, Corée du Sud, République tchèque, Finlande, France, Italie, Luxembourg et les États-Unis). Les consommateurs sont parfois soumis à un régime spécifique commun aux particuliers et aux entrepreneurs individuels (Allemagne) tandis que certaines lois distinguent les règles applicables aux personnes physiques et celles applicables aux personnes morales (Angleterre).
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Présentation de l'éditeur :
Insolvabilité : un terme commun à une centaine de législations nationales et à plusieurs instruments et traités internationaux.
Mais son contenu et sa mise en oeuvre varient. La comparaison des droits nationaux sur l insolvabilité impose donc une double démarche : analyser les différences entre les lois et identifier les tendances communes ou les convergences existantes. Il s agit aussi de penser ces droits en corrélation avec le droit civil et commercial de chaque État et les règles propres aux contrats et aux sûretés... Dans ce paysage juridique bigarré, une orientation commune se détache : la recherche de solutions de redressement et de sauvetage des entreprises et le souci de concilier des intérêts inconciliables (les droits des actionnaires et des fournisseurs, ceux des banques, de l entreprise et de ses salariés).
Cette étude souligne, au-delà des divergences, les préoccupations partagées par les lois nationales, pour une utilisation efficace des procédures judiciaires. Elle aborde les aspects essentiels des lois sur l insolvabilité, depuis les conditions d ouverture des procédures jusqu'à la solution de redressement ou l effacement des dettes, en s interrogeant sur les influences réciproques des droits.
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