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PHILIPPE DE VILLIERS Le roman de charette ISBN 13 : 9782365471770

Le roman de charette - Couverture souple

 
9782365471770: Le roman de charette
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Extrait :
«Tant que la charrette aura une roue, la charrette roulera !»
Tel fut - paraît-il - le mot prononcé par mon père, en poussant le berceau de mon frère aîné. Il était hanté par l'idée de pérennité. J'ai eu peur, toute ma vie, d'être la «dernière roue de la charrette».
Je sentais que j'étais né dans une famille pauvre et glorieuse. Depuis le Moyen Âge jusqu'à cette fin de siècle, accumulé au fil du temps, notre patrimoine familial, transmis comme une charge et un legs de fidélité, fut un patrimoine moral, composé de champs de bataille dont les noms - Saint-Jean-d'Acre, Gravelines, Zahis, Chisey, Fontenoy - évoquaient, pour notre famille d'officiers de tradition, la trace d'un panache de fumée et de gloire éteinte. Le métier familial, sacrificiel, était de payer l'impôt du sang.
Dans nos pérégrinations au-devant du danger, nous n'avons rien préservé d'autre que les serments et les symboles, avec la même parole millénaire : nous étions en «tenue de service». Dans les registres paroissiaux, revenait l'expression séculaire, au moment de transmettre l'épée ou le sabre d'abordage : «Il est entré au Service en telle année...»
Nous entrions au «Service» et nous nous portions là où on nous appelait, sur les marches incertaines du pré carré français. Notre bonheur tenait à cette provision de courage, de voyage, de poudre et de péril. Nomades de garnison, nous poussions la charrette sur le champ d'honneur. Nous défendions une terre, la terre des autres, que nous foulions sans l'avoir jamais cultivée. Nos semailles étaient celles du sang versé. Nos moissons furent des moissons de souvenirs. Nos seuls titres de propriété furent des titres de gloire. Nous n'avions pas le temps de nous établir car l'urgence, toujours, nous appelait au feu.
La «Maison Charette» était une vieille maison à blason, mais sans adresse, sans domicile.
De cette lignée de soldats, c'est mon père qui fut le premier à vouloir fixer la famille. Sous un modeste toit d'ardoises breton, au coeur de la paroisse de Couffé - qui signifie la couffe, le «panier à provisions» -, nous avons posé le sac, le havresac.

Le hérisson

NOTRE FRATRIE a grandi en lisière du bourg de Couffé ; j'ai vécu une enfance de petit paysan, ramassant les nèfles et chapardant le raisin. Je riais, avec mes frères, d'entendre ma soeur Marie-Anne hurler quand on saignait le cochon. Je rapportais à la maison, pour ma mère, aux fêtes de Toussaint, une jatte de fressure. J'allais au ruisseau écouter la musique fragile des peupliers-trembles. Ma timidité de petit lapin de garenne était maladive. Je ne parlais qu'aux grillons, dans la compagnie desquels je traçais le cercle exclusif de mes bonheurs et de mes audaces de timide ; je levais une armée, une armée de grillons.
En traversant le bourg, j'entendais les artisans derrière moi, le sabotier qui brandissait son rabot et le barbier ses ciseaux :
- Alors, Athanase ?
Je prenais mes jambes à mon cou sans écouter la suite. On m'appelait «le petit hérisson», et ma soeur Marie-Anne «la petite charette». Ces sobriquets, dans nos campagnes, étaient des marques d'affection. J'avais du mal à l'admettre.
La frontière du jardin était l'étranger proche. Je sortais très peu.
J'ai attendu longtemps avant d'accompagner mes frères à la kermesse, aux petits chevaux du préveil ou aux noces.
À la mort de mon père, j'avais douze ans. C'est à ce moment-là qu'a commencé le manège de l'aubergiste.
C'était notre voisin. Il venait à La Contrie - la maison familiale - déposer des bouteilles de muscadet. Avec un mot pour chacun. Il ne manquait pas de s'extasier devant les confitures de cerises du jardin, cuites par notre cuisinière - notre deuxième mère - Julienne Gazeau, qui courait partout dans la maison et qu'on appelait «la gazelle». Il nous parlait de son moût élevé sur lie, des vendanges à venir, du Progrès, du port de Nantes où il allait livrer son vin blanc aux Hollandais, et d'où il rapportait des fûts de Bordeaux. Il dansait d'un pied sur l'autre, l'air massif et l'oeil humide. Un pied dans la vigne, l'autre dans le bourg. Il avait de la rondeur, un petit air de cave, la veste frottée de salpêtre et la lèvre perlante.
«Tiens, voilà le baricaut !» pouffait Marie-Anne quand il frappait à la porte.
Un soir qu'il vint faire ses honnêtetés à ma mère, il s'enquit du futur de nos vignes :
- Combien de boisselées possédez-vous au juste ?
- Cinq, répondit seulement Maman qui avait deviné son dessein secret : il voulait s'agrandir.
En tournant autour de nous, il tournait autour de nos vignes.
Présentation de l'éditeur :
«Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais» : la vie de François-Athanase Charette de la Contrie est à l'image de sa devise. Vendéen comme lui, Philippe de Villiers nourrit depuis longtemps un attachement tout particulier pour ce héros dont le destin fait écho à sa propre histoire familiale. Au point de s'identifier à lui et de ressusciter, sous forme de mémoires imaginaires, la vie aventureuse de cet homme aussi séduisant qu'intrépide, fidèle envers et contre tout à une cause : «la Patrie, la Foi, le Roi.»

De sa brillante carrière dans la Marine royale, qu'il intègre à l'âge de quatorze ans, jusqu'à ce jour de 1793 où, à la tête d'une troupe de paysans du Marais breton, Charette part en résistance contre un régime terroriste qui vient agresser leur liberté de conscience, Philippe de Villiers retrace la flamboyante épopée d'un homme dont l'audace et le courage, la personnalité singulièrement libre et moderne n'ont pas fini de fasciner.

Philippe de Villiers est fier de ses origines vendéennes qu'il revendique avec fougue. Cet énarque, auteur d'une quinzaine d'ouvrages à succès (Les turqueries du Grand Mamamouchi, Les Mosquées de Roissy, Une France qui gagne...), a réalisé ici un époustouflant travail de documentation. Son attachement particulier pour le héros vendéen fait écho à sa propre histoire familiale et à sa vie même. De Villiers le pourfendeur, l'éternel poil à gratter, et Charrette le rebelle, le chouan, qui a fait trembler la jeune République avec une poignée de gueux, devaient se rencontrer un jour.
Voilà qui est fait. Avec panache !

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  • ÉditeurSAINT LEGER EDITIONS
  • Date d'édition2015
  • ISBN 10 2365471773
  • ISBN 13 9782365471770
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages500
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ISBN 10 : 2365471773 ISBN 13 : 9782365471770
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Gallix
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Description du livre Paperback. Etat : NEUF. " Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais " : la vie de François- Athanase Charette de la Contrie est à l'image de sa devise. Vendéen comme lui, Philippe de Villiers nourrit depuis longtemps un attachement tout particulier pour ce héros dont le destin fait écho à sa propre histoire familiale. Au point de s'identifier à lui et de ressusciter, sous forme de mémoires imaginaires, la vie aventureuse de cet homme aussi séduisant qu'intrépide, fidèle envers et contre tout à une cause : " la Foi, le Roi, la Patrie, ".De sa brillante carrière dans la Marine royale, intégrée à l'âge de quatorze ans, à ce jour de 1793 où, à la tête d'une troupe de paysans du Marais breton, Charette part à l'assaut de la République, Philippe de Villiers ressuscite la flamboyante épopée d'un homme dont l'audace et le courage, la personnalité singulièrement libre et moderne, n'ont pas fini de fasciner. - Nombre de page(s) : - Poids : 78g - Genre : Littérature française audio vidéo ou produits TVA 20 A TEMPS ET CONTRETEMPS. N° de réf. du vendeur N9782365471770

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